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Programme Gbessoké: Les transferts monétaires concrétisés

Economie
Le social au cœur de l’action publique, Gbessoké redonne espoir aux familles vulnérables Le social au cœur de l’action publique, Gbessoké redonne espoir aux familles vulnérables

Le Bénin vient de franchir une nouvelle étape dans sa politique sociale. Depuis le 18 septembre, les transferts monétaires du Programme Gbessoké ont démarré dans 12 communes pilotes. Destiné à 150 000 ménages pauvres extrêmes à terme, ce dispositif allie aide financière, accompagnement productif et inclusion sociale pour sortir durablement les populations de la pauvreté.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 24 sept. 2025 à 08h49 Durée 3 min.
#aide financière #inclusion sociale

Le Bénin ne baisse pas les bras dans sa lutte contre la pauvreté. Avec le Programme de filets de protection sociale productifs (Pfpsp)- Gbessoké, l’action sociale prend une nouvelle dimension à travers des transferts directs de fonds aux ménages vulnérables. Le jeudi 18 septembre, de nombreux ménages ont vu s’afficher sur leur téléphone portable un message pas comme les autres. Ce n’était ni une publicité, ni une arnaque, mais bien le premier transfert monétaire du Programme Gbessoké, fruit d’une stratégie sociale ambitieuse portée par le gouvernement. L’émotion et la surprise étaient palpables dès le lendemain lorsque les familles en grande majorité dirigées par des femmes, recevaient une aide financière directe destinée à transformer leur quotidien. Cette phase initiale couvre 12 communes pilotes réparties sur les 12 départements du pays. Au total, 20 621 bénéficiaires, dont 85 % de femmes, ont perçu une première enveloppe de 208,27 millions de F Cfa pour ce mois de lancement. Et l’opération se poursuivra chaque mois pendant neuf mois consécutifs. Au-delà de cette allocation mensuelle, le programme prévoit un appui supplémentaire de 50 000 F Cfa au 6ᵉ et au 9ᵉ mois, destiné à soutenir des Activités génératrices de revenus (Agr). À terme, près de 4 milliards de F Cfa seront injectés dans cette phase pilote. C’est un signal fort en faveur de la résilience économique des ménages vulnérables.

Avant ce démarrage, le programme a suivi un processus préparatoire minutieux. La certification des ménages bénéficiaires a été conduite par l’Institut national de la Statistique et de la Démographie (INStaD), en partenariat avec le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance. Cette étape a permis de cibler avec précision les foyers vivant en situation d’extrême pauvreté. Par ailleurs, des cartes Sim sécurisées ont été distribuées gratuitement pour recevoir les transferts par voie électronique, garantissant ainsi transparence et traçabilité. Une liste finale validée a ensuite été établie, accompagnée de la création d’organes communautaires chargés de gérer les plaintes et doléances. Enfin, une vaste campagne de sensibilisation a été menée dans les 12 communes pilotes pour expliquer aux bénéficiaires les enjeux sociaux et environnementaux du programme.

Résilience économique

« Avec Gbessoké, nous passons d’une logique d’assistance à une dynamique de résilience économique. Ces transferts sont un tremplin pour que chaque bénéficiaire devienne acteur de son propre développement », a déclaré Véronique Tognifodé, ministre des Affaires sociales et de la Microfinance, lors d’une descente à Za-Kpota. Cette vision illustre la philosophie du programme qui est que l’argent distribué ne doit pas seulement soulager, mais aussi construire l’avenir. L’appui productif prévu, encourage l’investissement dans les Agr afin que les ménages puissent générer des revenus durables. Malgré une croissance économique dynamique (6,7 % en 2018 et 6,9 % en 2019), le Bénin compte encore 38,5 % de sa population sous le seuil de  la pauvreté, avec une incidence plus marquée en milieu rural (44,2 %). Conscient de ce paradoxe, le gouvernement a placé la protection sociale au cœur de son Programme d’action 2021-2026. Gbessoké constitue ainsi l’un des piliers de cette politique sociale volontariste. À terme, l’initiative vise à accompagner 150 000 ménages pauvres extrêmes, soit près d’un million de personnes à travers des transferts monétaires réguliers, un suivi rapproché et un appui au développement d’activités économiques. Le dispositif comprend aussi la mise en place de Guichets uniques de protection sociale (Gups), appelés à passer de 85 à 120 sur tout le territoire, ainsi qu’un plan de relèvement pour 10 000 ménages victimes d’inondations. L’originalité de Gbessoké réside dans son caractère productif et participatif. Grâce aux relais communautaires et aux Gups, les bénéficiaires sont accompagnés dans la gestion des fonds et orientés vers des investissements utiles. Cette approche réduit le risque de dépendance et transforme l’aide en levier de développement communautaire. En combinant transferts directs, microcrédit, assurance maladie (via le projet Arch) et appuis divers, le Bénin construit progressivement un modèle intégré de gouvernance sociale. Au-delà des 12 communes pilotes, le gouvernement prévoit une extension progressive du programme à l’ensemble des 77 communes du pays, au fur et à mesure que l’INStaD certifiera de nouveaux ménages éligibles. Avec un budget mobilisé déjà conséquent et un accompagnement solide, Gbessoké ambitionne de devenir un instrument national majeur de réduction de la pauvreté.