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Projet de loi de finances 2024: Des mesures d’atténuation des risques macroéconomiques

Economie
La survenance des risques macroéconomiques entraînerait un impact économique important, avec un recul de croissance qui varierait de 1,7 point de croissance en 2024 à 1,2 point de  croissance en 2025 et à 1,6 point en 2026 La survenance des risques macroéconomiques entraînerait un impact économique important, avec un recul de croissance qui varierait de 1,7 point de croissance en 2024 à 1,2 point de croissance en 2025 et à 1,6 point en 2026

Gestion rigoureuse des dépenses, diversification des sources de revenus, efficacité des processus budgétaires, réduction des coûts non essentiels et mise en œuvre de mécanismes de contrôle interne solides... La Déclaration des risques budgétaires (Drb) préconise des mesures d’atténuation appropriées face aux risques macroéconomiques qui pèsent sur le budget 2024.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 12 déc. 2023 à 00h01 Durée 4 min.
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Plusieurs facteurs pourraient affecter les prévisions de recettes et de dépenses publiques au cours de l’exercice 2024. La Déclaration des risques budgétaires (Drb, octobre 2023) adossée au projet de loi de finances met en évidence six risques macroéconomiques ayant fait l’objet d’analyse.

Au nombre de ceux-ci, la probabilité d’occurrence du risque lié aux fluctuations des cours du pétrole brut serait modérée en 2024, soit 30 %, mais reste élevée sur le triennal 2024-2026: 65,7 %, indique le document du ministère de l’Economie et des Finances. Des fluctuations des cours du pétrole sont très probables au regard de la non-maîtrise de la durée du conflit russo-ukrainien et d’autres crises d’envergure mondiale dont le dénouement reste incertain au regard des bouleversements géopolitiques qu’elles entrainent. Les hypothèses de prévisions macroéconomiques tablent sur un prix moyen du baril à 80 dollars pour l’année prochaine. Une hausse de 30 % entraînerait une baisse des recettes totales de l’Etat de l’ordre de 3,15 % en 2024 et 3,24 % en cumul sur le triennal 2024-2026. Une hausse plus importante (60 ou 65 %) pourrait entraîner des effets néfastes plus importants sur les finances publiques.

Un mécanisme d’ajustement des prix des produits pétroliers et une caisse de péréquation du transport sont créés depuis 2004 pour atténuer les chocs éventuels induits par les fluctuations défavorables des cours du pétrole. Des mécanismes d’allègement sont également prévus en cas de nécessité.

Influence des devises

Le risque lié à la politique de change du Nigeria, premier partenaire commercial du Bénin, reste prégnant. La probabilité d’occurrence du risque lié aux fluctuations du cours du naira est de 30 % en 2024 et de 65,7 % sur le triennal 2024-2026. Une forte dépréciation du naira se traduirait par une perte de compétitivité des produits d’origine béninoise et un afflux massif des produits nigérians sur le marché béninois. Au-delà de la hausse des importations et des recettes douanières, la conséquence serait une contraction de l’activité portuaire et du revenu des entreprises spécialisées dans la réexportation.

Alors, le Bénin mise sur la transformation structurelle de son économie pour atténuer les incertitudes, notamment dans les secteurs des infrastructures et transports, de l’électricité, du numérique, de l’éducation, de l’agriculture, du tourisme, des arts et cultures, de l’artisanat et des mines et hydrocarbures

Quant au risque lié aux fluctuations du cours du dollar, la probabilité d’occurrence est de 20 % en 2024 et de 48,8 % sur le triennal 2024-2026. Le Bénin pourrait enregistrer une baisse des recettes fiscales en raison de la diminution des revenus des entreprises exportatrices de coton, en cas de baisse du cours du dollar, quoique cela puisse impacter positivement les prix à l’importation des produits pétroliers.

Le Bénin table sur la baisse progressive du poids du dollar dans les échanges commerciaux internationaux afin de réduire son niveau de vulnérabilité face aux fluctuations de cette devise.

Le risque de fluctuation du cours du coton est l’un des risques majeurs sur l’économie béninoise, en ce sens que le coton représente la première culture d’exportation du pays, et génère de l’activité pour plusieurs branches d’activités. La probabilité d’occurrence du risque lié aux fluctuations à la baisse des prix internationaux du coton est estimée à 10 % en 2024 et 27,1 % sur le triennal 2024-2026. Une baisse prononcée des prix internationaux du coton entraînerait une diminution des revenus d’exportation et des réserves en devise du Bénin.

Toutefois, le fait que la commercialisation des dérivés du coton est assurée par les entreprises privées d’égrenage du coton graine, préserve quelque peu l’Etat de certains aléas. Néanmoins, afin de protéger les producteurs qui constituent le maillon essentiel mais vulnérable de la filière, un fonds de réserve est mis en place et est financé par les réserves de l’Association interprofessionnelle du coton (Aic) et les prélèvements opérés auprès des égreneurs. A cela s’ajoutent des mesures significatives visant à transformer la production cotonnière sur place, notamment dans la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé-Zè (Gdiz).

Chaînes d’approvisionnement

La fermeture des frontières avec les pays voisins est aussi en ligne de mire, bien que la probabilité d’occurrence du risque soit faible: 15 % en 2024 et 38,6 % sur le triennal 2024-2026. Mais le cas du Niger suite au coup d’Etat du 26 juillet dernier avec les sanctions économiques et financières qui ont entrainé la fermeture des frontières du pays avec le Bénin et le Nigeria, pèse fortement sur l’économie béninoise. Des efforts diplomatiques sont enclenchés par le Bénin pour consolider les relations avec les voisins, notamment le Nigeria, sachant que la baisse des importations en provenance du Géant Voisin de l’Est entraînerait une hausse de l’inflation. Aux efforts diplomatiques, s’ajoutent les initiatives de renforcement de la résilience économique et visant à tirer profit des potentialités du pays.

Les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales sont également préoccupantes, avec la probabilité d’occurrence de ce risque qui est de 10 % en 2024 et de 27,1 % sur 2024-2026. L’on en veut pour preuves les effets de la crise de la Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne sur le cours du blé, et les finances publiques des pays comme le Bénin. La concrétisation de plusieurs chantiers contribuerait au renforcement de la résilience, en l’occurrence l’identification des populations vulnérables, le renforcement des systèmes d’alerte en matière de surveillance des catastrophes naturelles et sanitaires, le renforcement de l’opérationnalisation des fonds destinés à la réponse et à l’appui aux secteurs spécifiques de l’économie.