La Nation Bénin...
Gestion rigoureuse des dépenses,
diversification des sources de revenus, efficacité des processus budgétaires,
réduction des coûts non essentiels et mise en œuvre de mécanismes de contrôle
interne solides... La Déclaration des risques budgétaires (Drb) préconise des
mesures d’atténuation appropriées face aux risques macroéconomiques qui pèsent
sur le budget 2024.
Plusieurs facteurs pourraient affecter les
prévisions de recettes et de dépenses publiques au cours de l’exercice 2024. La
Déclaration des risques budgétaires (Drb, octobre 2023) adossée au projet de
loi de finances met en évidence six risques macroéconomiques ayant fait l’objet
d’analyse.
Au nombre de ceux-ci, la probabilité
d’occurrence du risque lié aux fluctuations des cours du pétrole brut serait
modérée en 2024, soit 30 %, mais reste élevée sur le triennal 2024-2026: 65,7
%, indique le document du ministère de l’Economie et des Finances. Des
fluctuations des cours du pétrole sont très probables au regard de la
non-maîtrise de la durée du conflit russo-ukrainien et d’autres crises
d’envergure mondiale dont le dénouement reste incertain au regard des
bouleversements géopolitiques qu’elles entrainent. Les hypothèses de prévisions
macroéconomiques tablent sur un prix moyen du baril à 80 dollars pour l’année
prochaine. Une hausse de 30 % entraînerait une baisse des recettes totales de
l’Etat de l’ordre de 3,15 % en 2024 et 3,24 % en cumul sur le triennal
2024-2026. Une hausse plus importante (60 ou 65 %) pourrait entraîner des
effets néfastes plus importants sur les finances publiques.
Un mécanisme d’ajustement des prix des produits
pétroliers et une caisse de péréquation du transport sont créés depuis 2004
pour atténuer les chocs éventuels induits par les fluctuations défavorables des
cours du pétrole. Des mécanismes d’allègement sont également prévus en cas de
nécessité.
Influence des devises
Le risque lié à la politique de change du
Nigeria, premier partenaire commercial du Bénin, reste prégnant. La probabilité
d’occurrence du risque lié aux fluctuations du cours du naira est de 30 % en
2024 et de 65,7 % sur le triennal 2024-2026. Une forte dépréciation du naira se
traduirait par une perte de compétitivité des produits d’origine béninoise et
un afflux massif des produits nigérians sur le marché béninois. Au-delà de la
hausse des importations et des recettes douanières, la conséquence serait une
contraction de l’activité portuaire et du revenu des entreprises spécialisées
dans la réexportation.
Alors, le Bénin mise sur la transformation
structurelle de son économie pour atténuer les incertitudes, notamment dans les
secteurs des infrastructures et transports, de l’électricité, du numérique, de
l’éducation, de l’agriculture, du tourisme, des arts et cultures, de
l’artisanat et des mines et hydrocarbures
Quant au risque lié aux fluctuations du cours
du dollar, la probabilité d’occurrence est de 20 % en 2024 et de 48,8 % sur le
triennal 2024-2026. Le Bénin pourrait enregistrer une baisse des recettes
fiscales en raison de la diminution des revenus des entreprises exportatrices
de coton, en cas de baisse du cours du dollar, quoique cela puisse impacter
positivement les prix à l’importation des produits pétroliers.
Le Bénin table sur la baisse progressive du
poids du dollar dans les échanges commerciaux internationaux afin de réduire
son niveau de vulnérabilité face aux fluctuations de cette devise.
Le risque de fluctuation du cours du coton est
l’un des risques majeurs sur l’économie béninoise, en ce sens que le coton
représente la première culture d’exportation du pays, et génère de l’activité
pour plusieurs branches d’activités. La probabilité d’occurrence du risque lié
aux fluctuations à la baisse des prix internationaux du coton est estimée à 10
% en 2024 et 27,1 % sur le triennal 2024-2026. Une baisse prononcée des prix
internationaux du coton entraînerait une diminution des revenus d’exportation
et des réserves en devise du Bénin.
Toutefois, le fait que la commercialisation des
dérivés du coton est assurée par les entreprises privées d’égrenage du coton
graine, préserve quelque peu l’Etat de certains aléas. Néanmoins, afin de
protéger les producteurs qui constituent le maillon essentiel mais vulnérable
de la filière, un fonds de réserve est mis en place et est financé par les
réserves de l’Association interprofessionnelle du coton (Aic) et les
prélèvements opérés auprès des égreneurs. A cela s’ajoutent des mesures
significatives visant à transformer la production cotonnière sur place,
notamment dans la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé-Zè (Gdiz).
Chaînes d’approvisionnement
La fermeture des frontières avec les pays
voisins est aussi en ligne de mire, bien que la probabilité d’occurrence du
risque soit faible: 15 % en 2024 et 38,6 % sur le triennal 2024-2026. Mais le
cas du Niger suite au coup d’Etat du 26 juillet dernier avec les sanctions
économiques et financières qui ont entrainé la fermeture des frontières du pays
avec le Bénin et le Nigeria, pèse fortement sur l’économie béninoise. Des
efforts diplomatiques sont enclenchés par le Bénin pour consolider les
relations avec les voisins, notamment le Nigeria, sachant que la baisse des
importations en provenance du Géant Voisin de l’Est entraînerait une hausse de
l’inflation. Aux efforts diplomatiques, s’ajoutent les initiatives de
renforcement de la résilience économique et visant à tirer profit des
potentialités du pays.