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Résilience de l’économie béninoise: Les leviers d’une croissance robuste

Economie
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Le Bénin tire son épingle du jeu avec une croissance de 7,4 % au premier trimestre 2025, malgré un contexte global marqué par le ralentissement de l’activité mondiale. La progression observée dans l’ensemble des secteurs témoigne certes de la solidité des fondamentaux économiques du pays, mais soulève aussi des enjeux de soutenabilité et d’inclusivité.

 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 11 juil. 2025 à 13h11 Durée 3 min.
#économie béninoise

Le Bénin a enregistré une croissance de 7,4 % au premier trimestre 2025, contre 6,3 % à la même période en 2024, selon la Note sur les comptes nationaux trimestriels de l’Instad. Cette performance est remarquable au regard du contexte mondial où l’économie ralentit sous l’effet des tensions commerciales entre les grandes puissances. Alors que la croissance mondiale est projetée à 2,8 %, et celle de l’Afrique subsaharienne à 3,8 %, le Bénin s’inscrit dans un peloton de tête, dépassant la moyenne de l’Uemoa attendue à 6,3 %.

Ce rythme soutenu confirme la résilience de l’économie béninoise qui bénéficie d’une combinaison favorable de facteurs internes, notamment les investissements publics dans les infrastructures, la poursuite des réformes structurelles, la modernisation des administrations publiques et la stabilité macroéconomique.

Mieux, la contribution simultanée des trois secteurs à la croissance témoigne d’une transformation structurelle progressive. L’activité dans le secteur primaire a crû de 5,7 %, porté essentiellement par l’agriculture. Cela est le reflet de l’extension des programmes d’appui aux producteurs et de l’amélioration des conditions climatiques, note l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad).

Le secteur secondaire confirme sa montée en puissance, avec une croissance de 8,4 % au premier trimestre, qui traduit à la fois la dynamique des travaux publics et la vitalité de l’agro-industrie. Les bâtiments et travaux publics (Btp) continuent de jouer un rôle moteur, suivant la stratégie de grands chantiers menée par l’Etat.

Avec une croissance de 7,4 % et une contribution majeure à la croissance globale (3,9 points), le secteur tertiaire reste le pilier de l’économie. Sa domination (plus de 53 % du Pib) traduit le rôle structurant du commerce, des transports et des services publics dans l’économie béninoise. La progression continue des administrations publiques (+10,2 %) est aussi le reflet d’un processus de modernisation administrative qui mérite d’être salué.

Une dynamique à consolider

Au niveau du secteur primaire, la faible valeur ajoutée des branches sylviculture et pêche dans la croissance souligne la nécessité d’une diversification plus poussée du tissu productif rural.

Dans le secteur secondaire, la forte hausse observée dans la fabrication de boissons et d’autres produits manufacturiers suggère également une consolidation du tissu industriel, même si ce dernier reste encore très concentré autour de quelques filières.

Quant au secteur tertiaire, sa prépondérance implique également une forte exposition à la conjoncture régionale et aux flux commerciaux extérieurs, en particulier ceux liés au port de Cotonou qui renoue peu à peu avec le trafic.

Par ailleurs, la mobilisation fiscale en progrès reste encore insuffisante. La croissance des impôts et taxes à hauteur de 9,3 % est le signe d’un renforcement de la capacité de mobilisation des ressources internes. Cependant, le niveau atteint (10,6 % du Pib) reste en deçà du seuil de 20 % recommandé par les institutions internationales pour soutenir durablement les politiques publiques. Il conviendra de poursuivre les efforts d’élargissement de l’assiette fiscale, notamment en intégrant davantage le secteur informel, qui demeure encore marginal dans les contributions fiscales malgré son poids économique.