Stratégie nationale d’inclusion financière: Véritable instrument de lutte contre la pauvreté

L’inclusion financière est devenue une priorité stratégique de développement et le Bénin n’est pas en reste. Dans le sillage de la Stratégie régionale initiée par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), le Bénin a adopté sa propre Stratégie nationale d’inclusion financière (Snif) conduite par un secrétariat permanent. Ce document de référence, né d’un diagnostic approfondi des défis et enjeux du secteur, ambitionne qu’à l’horizon 2027, l’ensemble de la population ait accès à une éducation financière et à des produits adaptés, dans un cadre réglementaire sécurisé. Cette vision s’articule autour de trois programmes clés qui constituent le socle de la mise en œuvre. Leur opérationnalisation doit permettre de développer des activités sur l’ensemble du territoire, afin d’ouvrir une nouvelle ère pour l’accès aux services financiers, notamment au profit des populations vulnérables, des femmes et des jeunes. Ainsi, le programme d’amélioration de la gouvernance de l’écosystème financier se présente comme une réponse aux limites réglementaires actuelles. De nombreux produits et services financiers, pourtant innovants, peinent à être diffusés, car ils n’ont pas encore reçu l’aval de la Bceao. Ce frein touche particulièrement les acteurs émergents comme les fintechs, qui jouent pourtant un rôle central dans la digitalisation et l’élargissement de l’accès aux services. L’objectif est de mettre en place un cadre réglementaire plus inclusif, capable d’intégrer ces innovations tout en protégeant les consommateurs. Ce programme devrait ainsi réduire les zones d’ombre qui freinent l’expansion de solutions financières adaptées, tout en renforçant la confiance des usagers. Il y a un deuxième programme pour développer l’offre adaptée aux besoins réels. Il s’agit du programme de développement de l’offre des produits et services financiers qui vise à rompre avec la logique des offres standardisées qui dominent actuellement le marché. Trop souvent, les banques, institutions de microfinance, assureurs ou émetteurs de monnaie électronique proposent des produits quasi identiques, sans tenir compte des besoins spécifiques des clients. Cette approche entraîne une faible appropriation des services financiers et parfois des problèmes de recouvrement ou d’impayés. À travers ce programme, l’accent est mis sur l’innovation et l’adaptation : écouter davantage les clients, concevoir des produits personnalisés et tirer parti de la digitalisation pour atteindre des zones reculées. L’ambition est de rendre les services financiers plus proches, plus utiles et plus accessibles pour tous.

Portée

Enfin, le programme national d’éducation financière et numérique avec protection du consommateur constitue le socle culturel et social de la stratégie. Car, malgré la multiplication des offres, beaucoup de citoyens, qu’ils soient instruits ou non, demeurent peu familiers avec les mécanismes financiers. Cette insuffisance se traduit par des difficultés d’utilisation, une méfiance vis-à-vis des institutions et, parfois, des choix inadaptés. Ce programme entend donc renforcer les connaissances de toutes les couches sociales, avec une attention particulière pour les populations vulnérables. Il est élaboré en tenant compte des réalités socio-culturelles propres à chaque région du pays. Des campagnes locales, conçues par des acteurs nationaux, permettent d’adapter les messages aux contextes spécifiques. L’objectif est d’accroître la culture financière et numérique, et renforcer la protection des consommateurs dans leurs transactions.

La mise en place de cette stratégie nationale intervient dans un contexte marqué par deux chocs majeurs. La fermeture de la frontière nigériane et la pandémie de Covid-19.

Malgré ces crises, le Bénin a su maintenir une dynamique économique avec une croissance passée de 3,8 % en 2020 à 6,4 % en 2023, et des perspectives encourageantes de 6,5 à 6,6 % en 2024. Le gouvernement a clairement affiché sa volonté d’ancrer l’inclusion financière dans le Programme d’action du gouvernement (Pag 2), en ciblant particulièrement les jeunes et les femmes. Ces groupes constituent non seulement des bénéficiaires prioritaires mais aussi des moteurs de création de richesse et d’emplois. Les trois programmes de la Stratégie nationale d’inclusion financière du Bénin ouvrent une nouvelle étape. Gouvernance, innovation dans l’offre et éducation financière forment un triptyque dont la mise en œuvre efficacement pourrait transformer durablement l’accès aux services financiers et favoriser une croissance inclusive. Plus qu’une ambition technique, il s’agit d’un projet de société où chaque citoyen, quel que soit son milieu, doit pouvoir participer à la dynamique économique grâce à des outils financiers sûrs, adaptés et accessibles.