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Symposium des banques centrales: Les défis de la politique monétaire passés au peigne fin

Economie
Symposium des banques centrales à Port-Louis à Maurice Symposium des banques centrales à Port-Louis à Maurice

Le Symposium des banques centrales africaines (Abca) s’est tenu, le 3 septembre dernier, à Port-Louis à Maurice. Lors de cette première session plénière, les gouverneurs ont abordé le rôle des banques centrales africaines dans la lutte contre l'inflation et les défis liés à la stabilité financière.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 09 sept. 2024 à 03h01 Durée 2 min.
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Le Symposium des banques centrales africaines (Abca) a réuni à Maurice, les gouverneurs des principales institutions financières africaines pour échanger sur les enjeux économiques actuels, notamment les politiques monétaires en Afrique face à la montée de l'inflation. C’est lors d’une session plénière placée sous le thème : « Relever les taux directeurs pour lutter contre l’inflation : Est-ce suffisant pour les banques centrales africaines ? Quelles sont les implications pour la stabilité financière ? ».

Dans son intervention, Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), fait observer que le relèvement des taux directeurs, bien qu’étant une réponse essentielle aux pressions inflationnistes, ne suffit pas à stabiliser l'inflation en Afrique. Il a expliqué que les banques centrales africaines doivent également tenir compte de facteurs externes, tels que les perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales, les crises sécuritaires régionales et les hausses des prix des matières premières, qui rendent le combat contre l’inflation plus complexe. « En Afrique, l'inflation ne provient pas seulement d’une demande excessive, mais aussi de chocs d’ordre externe qui pèsent sur nos économies », a-t-il affirmé. En prenant l'exemple de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le gouverneur a insisté sur la coordination nécessaire entre les politiques monétaires et budgétaires pour contenir les pressions inflationnistes. Il fait savoir que la Bceao a mis en place une série de mesures pour stabiliser le marché financier régional, notamment en intervenant sur le marché secondaire des titres publics pour prévenir le risque de défaut des États membres. La stabilité financière a également été un sujet central de son intervention. Jean-Claude Kassi Brou a mis en lumière les tensions de liquidité auxquelles sont confrontés les marchés domestiques des États membres de l'Uemoa, suite aux augmentations des taux directeurs. Ces hausses, bien que nécessaires pour lutter contre l'inflation, peuvent en effet rendre plus difficile l'accès au financement pour les États et les entreprises. « La stabilité financière reste un impératif que nous devons protéger tout en menant nos politiques monétaires restrictives », a-t-il précisé. Jean-Claude Kassi Brou a encouragé la mise en place de solutions structurelles à long terme pour atténuer les effets des chocs économiques. Parmi ces solutions, il mentionne l’amélioration de la productivité agricole et la réduction de la dépendance aux importations alimentaires. En outre, le gouverneur a souligné l'importance de l'innovation dans le secteur financier, en évoquant les initiatives de la Bceao en matière d'intelligence artificielle et de Big data pour améliorer la supervision bancaire et l'efficacité de la politique monétaire■

L’intervention de Jean-Claude Kassi Brou reflète une approche holistique des défis économiques auxquels sont confrontées les banques centrales africaines. Le simple relèvement des taux directeurs ne suffira pas à lui seul à endiguer l'inflation, d'autant plus que celle-ci est souvent alimentée par des facteurs exogènes. La nécessité de renforcer les secteurs productifs, en particulier l’agriculture, et d’investir dans des technologies innovantes pour améliorer la gestion de la politique monétaire semble être une voie prometteuse pour l'avenir. L’intervention de la Bceao sur les marchés financiers régionaux démontre également son engagement à préserver la stabilité économique dans un contexte de crises multiples. B. A.