Département d’histoire à l’Uac : Pascal Zantou entre désormais dans le cercle des docteurs
Education
Par
Arnaud DOUMANHOUN, le 01 avr. 2022
à
14h25
Pascal Zantou est élevé au grade de Docteur au département d’histoire de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Devant un jury international présidé par Prof Romuald Tchibozo, il a soutenu sa thèse intitulée : « L’aide publique au développement à l’épreuve des stratégies des acteurs au Dahomey/Bénin : cas du Pnud (1974-2015) » par visioconférence et en présentiel, ce mercredi 30 mars à l’Uac.
L’aide publique au développement (Apd) doit être repensée. Dr Pascal Assogba Zantou est arrivé à cette conclusion au terme de ses travaux de thèse sur le thème : « L’aide publique au développement à l’épreuve des stratégies des acteurs au Dahomey/Bénin : cas du Pnud (1974-2015) ».
Sous la direction des professeurs Sébastien Sotindjo et Didier Houénoudé, il fait savoir dans un document de 352 pages, scindé en trois parties et huit chapitres que les orientations idéologiques, politiques et économiques influencent l’évolution de l’Apd au Bénin, que les stratégies des acteurs hypothèquent la pérennisation des acquis des projets, et que l’inefficacité des projets ainsi que d’autres facteurs plongent le pays dans des difficultés socioéconomiques.
En se référant à l’année 1974, l’impétrant rappelle l’Accord-cadre intervenu entre le Pnud et le Dahomey, donc au lendemain de 1972 où le pays a fait l’option du marxisme-léninisme. Et également 2015 qui marque la fin des Objectifs du millénaire pour le développement, des Nations Unies, dont le Pnud a été une grande contribution. Mais, ces initiatives d'Apd n’ont pas permis au Bénin de sortir des sentiers battus. Globalement, selon l’impétrant, l’Aide n’a pas apporté le développement attendu, et la pauvreté est plutôt montée en flèche. Il relève à juste titre les stratégies des acteurs à savoir l’Etat, les collectivités décentralisées et la société civile, qui impactent négativement la conception, la mise en œuvre et les résultats de l’Apd.
La solution de l’aide budgétaire
Parlant des stratégies des acteurs intervenant dans l’Apd, l’impétrant fait observer que l’Etat fait recours à de la subversion pour contraindre le Pnud à ajuster ses stratégies et rester au cœur de l’action, pendant que les collectivités décentralisées font office de bons élèves auprès de l’institution onusienne pour faire face à la modicité de leurs ressources. La société civile choisit l’ancrage en vue de capter les ressources nécessaires à son fonctionnement.
Le Pnud développe plusieurs stratégies en tant qu’acteur dominant, mais la stratégie la plus utilisée est la conservation. Nonobstant les cas de détournement de l’aide, l’Etat maintient sa tutelle vis-à-vis des acteurs de la société civile et des collectivités décentralisées pour voir transiter les ressources des partenaires par ses services. Et dans le cas d’espèce, le Pnud met en place une contre stratégie, installe ses propres services pour suivre de bout en bout les projets conçus pour les communautés mais qui ne sont pas forcément arrimés aux priorités nationales.
Au finish, le coût de ces prestations se révèle plus onéreux, a relevé l’impétrant en soulignant que 30 % de l’aide au projet est attribué à l’assistance technique, dont 15 millions à l’expertise importée et 1 million aux experts nationaux. « La conséquence de ces stratégies, les projets mis en œuvre par le Pnud et les autres partenaires techniques ont été peu arrimés à l’arsenal de développement, et se sont montrés inefficaces à la fin. Nous avons également observé que les acquis desdits projets mis en œuvre sont peu ou non durables et les changements socio-économiques induits n’ont pas été structurels, ou l’ont été rarement. Ce qui ne règle donc pas les problèmes en profondeur… », a soutenu Dr Zantou.
Face à un tel tableau, un État comme le Bénin devrait-il se passer de l’aide publique au développement. L’impétrant répond par la négative et indique que l’Apd doit être repensée, et ne doit surtout pas être un théâtre de démonstration de générosité. « Aucun pays au monde ne peut se passer de l’aide, mais sous sa forme actuelle qui consiste en ce que les partenaires viennent avec des projets prêts-à-porter, cela pose problème. Le projet, par nature, est une idée portée par des acteurs étrangers à une communauté, dans la perspective d’introduire des innovations dans cette communauté, afin de changer des modes de vie, des pensées… », a-t-il expliqué en plaidant pour l’aide budgétaire à travers laquelle le partenaire affecte les ressources au budget de l’Etat qui en use selon les priorités de l’année, quitte à faire plus tard une reddition de comptes.
Le jury présidé par le professeur Romuald Tchibozo, a approuvé les fruits de recherches de Pascal Assogba Zantou, élevé ainsi au grade de docteur.