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Journée internationale de la langue maternelle:De la renaissance africaine par une réappropriation de ses richesses

Education
Par   Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori, le 24 févr. 2015 à 04h59

L’Institut international de recherche et de formation (INIREF) a commémoré, comme elle a pris l’habitude de le faire chaque année, la Journée internationale de la langue maternelle. Il a organisé un point de presse à cette occasion, samedi 21 février dernier à Cotonou.

L’UNESCO a décidé de consacrer le 21 février de chaque année à la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle. En effet, depuis 1999, elle a, face à la disparition effrénée des langues naturelles, décidé d’œuvrer à la promotion de toutes les langues naturelles, puisque la disparition d’une langue constitue une perte de la richesse pour l’humanité entière. Les langues qui finissent par disparaître aujourd’hui sont généralement celles dominées par celles des puissances économiques. Si ce phénomène s’observe à l’intérieur d’un même pays, son ampleur est plus grande par la domination des langues des puissances étrangères.
C’est sous le thème «Réapproprions-nous les richesses de nos cultures ainsi que l’ardent patriotisme de nos héros pour la renaissance véritable de l’Afrique», que l’INIREF a placé l’édition 2015 de sa commémoration, samedi 21 février dernier à Cotonou.
Pour le 1er vice-président de l’INIREF, Jean Kokou Zounon et son secrétaire général, Moïse Sèdjro, leur rencontre du samedi dernier vise surtout à rappeler le nécessaire combat que le Bénin doit mener afin que toutes ses langues deviennent des supports de la science, de l’instruction et de l’administration sur toute l’étendue de son territoire. Il s’agira, ont-il indiqué, de faire en sorte que ce soit l’heure de l’émancipation de l’Afrique, de ses langues et cultures de la domination étrangère. Selon eux, il est inconcevable pour un pays qu’une telle journée soit célébrée dans l’anonymat et l’indifférence totale.
«Sans faire de nos langues des langues d’instruction, d’administration, cela relève du mensonge et de la démagogie. Un pouvoir doit prendre des mesures pour que les langues nationales, les langues maternelles soient des langues d’instruction, d’administration, de justice sur leur terroir. Un pouvoir digne doit envisager la création d’une chambre au Parlement pour les détenteurs des cultures, une chambre des dignitaires traditionnels chargée d’examiner la conformité des lois votées par les députés avec les valeurs positives de nos cultures nationales, comme cela se fait dans tout pays civilisé et émancipé », ont expliqué les différents intervenants. L’INIREF, ont-ils déploré, a déposé à cet effet depuis décembre 2013 une avant- proposition de loi au Parlement que les députés n’ont jamais daigné examiner.
L’Afrique, faut-il le préciser, abrite le tiers des langues parlées sur la planète. Mais contrairement à tous les autres continents, presqu’aucune de ses langues n’est utilisée pour l’instruction, dans l’administration, la justice. Ce sont toujours les langues du colonisateur qui sont utilisées dans tous ces domaines. Les peuples africains vivent ainsi la négation de leur être, l’esclavage linguistique sur leur propre terre.