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Rapport du PAM/ Repas scolaires: Le Bénin en tête des réussites africaines

Education

En Afrique subsaharienne, vingt millions d’enfants supplémentaires bénéficient de repas scolaires par rapport à 2022, selon le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (Pam). Le Bénin figure parmi les pays phares où les programmes sont financés par le budget national, avec des retombées économiques notables.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 18 sept. 2025 à 12h15 Durée 3 min.
#Rapport du PAM

Le Programme alimentaire mondial (Pam) vient de publier l’édition 2024 de son rapport biennal sur l’état de l’alimentation scolaire dans le monde. Le constat est sans appel : l’Afrique subsaharienne est la région qui a enregistré la plus forte progression en matière de repas scolaires. De 66 millions d’enfants servis en 2022, le chiffre est passé à 87 millions en 2024, soit une augmentation de plus de 30 %. Le Bénin, aux côtés du Botswana, du Burkina Faso, de l’Eswatini, du Lesotho, de la Namibie, du Rwanda et de la Zambie, fait partie du cercle restreint des pays qui financent principalement leurs programmes à partir de leurs budgets nationaux. Une orientation politique qui traduit cette volonté de faire de l’alimentation scolaire un investissement stratégique pour l’éducation, la santé des enfants et le développement économique.

Au Bénin, les repas scolaires sont désormais un pilier de la politique sociale et éducative. Loin de se limiter à une action caritative, ils s’intègrent dans une stratégie nationale qui allie inclusion sociale et dynamisme économique. En 2024, les achats d’aliments locaux destinés à l’alimentation scolaire ont injecté plus de 23 millions de dollars dans l’économie nationale. Particularité notable, selon le rapport du Pam: les achats directs auprès des petits exploitants agricoles ont bondi de 800 % en deux ans, bénéficiant à plus de 23 000 producteurs, majoritairement des familles rurales. Une avancée qui illustre le rôle de catalyseur des repas scolaires pour stimuler la production locale, renforcer la sécurité alimentaire et soutenir l’emploi agricole.

« Un repas à l’école, c’est plus que simplement nourrir un enfant. C’est aussi un investissement dans la famille, la communauté et, en fin de compte, l’avenir du pays », a souligné Eric Perdison, directeur régional du Pam pour l’Afrique orientale et australe.

L’alimentation scolaire au Bénin ne profite pas seulement aux élèves. Elle soutient aussi tout un écosystème. Les petits producteurs trouvent des débouchés stables pour écouler leurs récoltes, ce qui encourage l’agriculture familiale et réduit la dépendance aux importations.

Une politique sociale

Les coopératives agricoles voient leurs revenus renforcés, et les marchés locaux gagnent en dynamisme. En retour, les enfants bénéficient de repas nutritifs, variés et culturellement adaptés, favorisant l’assiduité scolaire et améliorant les résultats académiques. Les familles, soulagées d’une partie du poids alimentaire quotidien, investissent davantage dans la scolarisation et la santé de leurs enfants.

Cette dynamique contribue à consolider les acquis en matière d’éducation, un secteur que le gouvernement béninois considère comme le socle de tout développement durable.

L’Afrique en marche

L’expérience béninoise résonne dans une tendance continentale plus large. Selon le Pam, des pays comme le Tchad, l’Éthiopie, Madagascar et le Rwanda ont multiplié par six le nombre d’élèves recevant des repas scolaires depuis 2022. Au Burundi, l’approvisionnement local a permis d’augmenter de 50 % les revenus des agriculteurs et de créer des emplois dans 67 coopératives. Au Malawi, chaque dollar investi dans les repas scolaires génère huit dollars de bénéfices économiques, renseigne le dernier rapport du Programme alimentaire mondial. Ces chiffres illustrent un tournant majeur à savoir qu’en Afrique subsaharienne, les repas scolaires ne sont plus vus comme une simple aide humanitaire, mais comme un investissement public stratégique. Les gouvernements africains prennent le relais des donateurs traditionnels, démontrant que l’alimentation scolaire est devenue une composante essentielle de leurs politiques nationales.

Toutefois, des disparités subsistent et induisent donc des défis persistants. Dans des pays fragiles comme la République démocratique du Congo, la Somalie ou le Soudan du Sud, des millions d’enfants restent encore sans accès à un repas scolaire quotidien. Le manque de financement national et la baisse de l’aide extérieure freinent la mise en place de programmes pérennes. Le Pam a réaffirmé son engagement à continuer de soutenir ces contextes fragiles, tout en appelant à une mobilisation accrue des gouvernements et des partenaires internationaux.

La publication du rapport intervient à quelques jours du deuxième sommet mondial de la Coalition pour les repas scolaires, prévu au Brésil les 18 et 19 septembre 2025. Cette rencontre réunira des dirigeants du monde entier pour évaluer les progrès réalisés et mobiliser de nouvelles actions. Le Bénin, grâce à ses résultats remarquables en matière de financement national, d’approvisionnement local et de retombées économiques, devrait y figurer en bonne place comme un modèle de réussite.