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Secteur de l’éducation: Mécanismes et problèmes de fonctionnement de l’aide internationale

Education
Par   Site par défaut, le 30 nov. 2016 à 04h57

Le financement du secteur éducatif dans le monde a plusieurs sources dont l’aide internationale à côté des ressources nationales. Dans le Cadre de Dakar, il est affirmé qu’«aucun pays sérieusement engagé en faveur de l’Education pour tous ne sera freiné dans la réalisation de cet objectif par un manque de ressources». Mais la mise en œuvre de cet engagement des pays donateurs a connu quelques dysfonctionnements liés au mécanisme même des systèmes de décaissement de l’aide financière.

La part de l’aide internationale destinée aux secteurs sociaux en général est passée de 31% en 1996 à 45% après l’an 2000 et plus précisément en 2005. Toutefois, l’aide accordée à l’éducation est restée inchangée avant et après Dakar avec quelques nuances selon le niveau de l’enseignement.

En effet, l’enseignement de base, explique le Rapport mondial sur le suivi de l’éducation 2015, a bénéficié de l’appui des bailleurs de fonds du fait qu’il est directement lié à la réduction de la pauvreté. Mieux, il est naturellement lié aux Objectifs du Millénaire pour le développement en matière d’éducation. Ces raisons expliquent pourquoi les aides sont prioritairement concentrées sur l’enseignement primaire. La part moyenne destinée à ce sous-secteur de l’éducation s’est accrue de 6% par an. Au même moment la part totale des aides accordées à l’éducation de façon générale a stagné après le Cadre de Dakar. Ainsi, note le Rapport, elles ne dépassent jamais la barre des 10% comparativement au secteur de la santé qui a bénéficié d’un appui passant de 9 à 14% dans la même période. Mais cela n’empêche pas de reconnaître une période d’embellie dans la galaxie de l’aide globale à l’éducation entre Dakar et l’année 2010 où elle a augmenté régulièrement avant de s’enfoncer dans la tendance baissière depuis lors. «Le total des aides décaissées au profit de l’éducation ont diminué de 10% entre 2010 et 2012, soit une baisse de 1,3 milliard de dollars EU», relèvent les rédacteurs du Rapport. Plus grave, l’aide au profit du sous-secteur enseignement de base a atteint son apogée entre 2009 et 2010 et entre 2010 et 2012, les décaissements ont diminué de 15%, soit une baisse de 921 millions de dollars EU.
Quant au niveau secondaire, il a beaucoup moins bénéficié de l’augmentation de l’aide internationale. Selon les rédacteurs du rapport, cette situation aura prévalu « en dépit d’un plus grand nombre d’enfants passés dans le secondaire ». Seuls quelques pays donateurs dont l’Allemagne et le Japon ainsi que la Banque asiatique de développement ont pu, dans leurs programmes d’aide, donner priorité au second cycle de l’enseignement secondaire, souligne le Rapport.

Les raisons de la baisse de l’aide globale à l’éducation

Il est noté, en guise d’explication à cette situation peu reluisante en matière d’aide à l’éducation, que les cibles OMD assignées à l’éducation sont en deçà de celles du secteur santé. Si le secteur de la santé affiche plus d’ambition, les cibles OMD de l’éducation manquent d’ambition. Ce manque d’ambition explique largement pourquoi l’éducation n’a pas attiré une plus grande mobilisation de l’aide au cours la dernière décennie.
On note, par ailleurs, la défaillance des donateurs face à leur promesse. Le non-respect de l’engagement de certains donateurs d’offrir une aide en faveur d’une éducation plus efficace explique également cette situation. Sur les 13 cibles d’efficacité de l’aide, les donateurs n’ont pu respecter en 2010 que celle de l’alignement et de la coordination de l’aide technique. Toutes choses qui rendent compte de la difficulté à modifier le comportement des donateurs.
La baisse s’explique, par ailleurs, par l’absence d’une architecture mondiale de l’aide. Cela constitue un obstacle à une coordination efficace des donateurs, relève le rapport avant de soutenir que la coordination mondiale de l’aide est nécessaire. La raison, indique-t-on, c’est qu’elle permettrait aux donateurs d’allouer l’aide de façon stratégique pour un impact maximum là où le besoin se fait le plus sentir. De même, cela contribuerait à rendre moins complexes les méthodes des gouvernements donateurs, des agences de l’aide, sans oublier les pays bénéficiaires. L’autre avantage de la coordination mondiale de l’aide, c’est qu’elle permettra de confirmer que l’objectif premier est d’accélérer le développement de l’éducation plutôt que les intérêts nationaux stratégiques. « Mais les mécanismes actuels aux niveaux mondial et du pays ne semblent pas avoir été d’une grande aide», rapportent les rédacteurs. Ce dysfonctionnement traduit par une coordination nationale et mondiale inefficace signifie que les pays qui ont le plus besoin de ressources en manquent.
Toutefois, les actions de plaidoyer en faveur de la coordination mondiale n’ont pas manqué. En effet, elles se sont multipliées pendant cette dernière décennie. A ce sujet, on pourra retenir le Code de conduite de 2007 initié par l’Union européenne sur la complémentarité et la division du travail. Ce code devrait favoriser une politique de développement cohérente grâce à une meilleure coordination et harmonisation à travers le regroupement des ressources. On pourra aussi mentionner le nouvel accord pour l’engagement dans les Etats fragiles. Cette action initiée en 2011 visait une meilleure coordination des ressources et à limiter les doublons, la fragmentation, voire la prolifération des programmes afin d’assurer un décaissement efficace des ressources internationales.

Le Partenariat mondial pour l’éducation (PME) mérite soutien

Le Partenariat mondial pour l’éducation (PME) créé en 2002 est appelé Initiative de la voie rapide. A son avènement, il a comblé un vide en matière de leadership mondial dans le domaine éducatif. Le Rapport indique qu’il «pourrait jouer un rôle essentiel dans la coordination mondiale des ressources d’éducation à travers l’aide internationale. Mais faute de soutien financier, il n’arrive pas à assumer ce rôle de façon efficace. «En revanche, sa force et son potentiel résident sa capacité à cibler les pays ayant des besoins», vante le Rapport. La preuve en est qu’il est devenu une source importante de financement extérieur pour l’éducation de base dans des pays à revenu moyen inférieur et revenu inférieur. Deux ans seulement après sa mise en place, soit en 2004, il occupait le 22e rang dans le concert des pourvoyeurs d’aide au profit de l’éducation de base des pays à faible revenu et des pays à revenu moyen inférieur. Et au fil des années, le PME ne fait qu’améliorer ses performances en la matière. Ainsi, en 2017, ses efforts lui ont valu le 9e rang alors qu’en 2011 et 2012, il a pu se hisser à la quatrième place après l’Allemagne, les Etats-Unis et la Banque mondiale. Au-delà des pays à besoins qu’il identifie, le PME a aussi la capacité d’exiger des pays demandant de soutien de fournir des indicateurs de l’éducation pour les groupes défavorisés. Ce qui lui permet d’identifier et de cibler les enfants les plus pauvres. Depuis 2014, mentionne le Rapport, 30 subventions du PME intègrent les composantes relatives au soutien des enfants souffrant de handicaps.