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Bertin Bossou, biologiste, spécialiste en gestion de l’environnement et qualité des eaux: «Le mercure est toxique et écotoxique sous toutes ses formes organiques»

Environnement
Par   Didier Pascal DOGUE, le 18 févr. 2016 à 06h50

Le mercure, métal qui entre dans la fabrication des piles, constitue une menace pour l’environnement. Après la mise en service du laboratoire de surveillance environnementale, ce métal qui fait partie du quotidien de l’homme du fait de l’usage des piles et autres matériels techniques devient une préoccupation.

Dans quels aliments peut-on retrouver le mercure ? Quel est son degré de toxicité ? Existe-t-il un plan pour la surveillance environnementale et comment s’opèrent les prélèvements ? Après avoir répondu à ces préoccupations, Bertin Bossou, biologiste spécialisé en Gestion de l’environnement et Qualité des eaux, chef du service de la Police environnementale et des Pollutions, responsable adjoint du Laboratoire de surveillance environnementale, apaise les inquiétudes.

«Le mercure n’est pas un oligo-élément. Il est toxique et écotoxique sous toutes ses formes organiques et pour tous ses états chimiques», reconnait le chef du service de la Police environnementale et des Pollutions. Son utilisation, enseigne-t-il, est réglementée pour les usages que les gens en faisaient, notamment dans l’Union Européenne depuis les années 2000.
Selon Bertin Bossou, le mercure est un élément chimique de symbole Hg dix et de numéro atomique 80. Il explique, le mercure est un métal argenté, brillant, le seul se présentant sous forme liquide dans les conditions normales de température et de pression, conditions dans lesquelles il se vaporise toutefois assez aisément.
Le mercure est également un puissant neurotoxique et reprotoxique sous toutes ses formes organométalliques (monométhylmercure et diméthylmercure), de sels (calomel, cinabre) et sous sa forme liquide en elle-même.
L’empoisonnement au mercure, explique-t-il est appelé "hydrargisme". On le soupçonne également d’être l’une des causes de la maladie d’Alzheimer, du syndrome de fatigue chronique, de la fibromyalgie et d’autres maladies chroniques, relève le responsable adjoint du Laboratoire de surveillance environnementale.
En 2009, le Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement (Pnue) a décidé d’élaborer un instrument juridiquement contraignant sur le mercure. Le Comité de négociation intergouvernemental chargé d’élaborer cet instrument juridique s’est réuni en janvier 2011 au Japon puis à Nairobi, fin octobre 2011.
La toxicité du mercure dépend notamment, explique Bertin Bossou, de son degré d’oxydation. Au degré 0, il est toxique sous forme de vapeur mais les ions de mercure II sont bien plus toxiques que ceux de mercure I.
L’effet de la toxicité du mercure chez l’homme, selon lui, se dévoilant sous sa forme vapeur et se manifeste par les voies respiratoires, pour se solubiliser dans le plasma, le sang et l’hémoglobine. Transporté par le sang, le mercure attaque ensuite les reins, le cerveau et le système nerveux, poursuit-il.
Malgré sa haute toxicité, ce métal fait l’objet de nombreuses utilisations, révèle Bertin Bossou. Il est utilisé pour produire de nombreux remèdes, simples ou composés.

Le mercure utilisé en homéopathie

Le mercure a été utilisé probablement dès 2700 avant Jésus-Christ pour amalgamer l’or, l’argent ou d’autres métaux, fait remarquer le responsable adjoint du Laboratoire de surveillance environnementale. De plus, retient-il, du fait de la densité élevée de ce métal, Torricelli utilisa du mercure pour la création de son baromètre en 1643.
Par ailleurs, le mercure est utilisé en homéopathie, dans la fabrication de thermostat à basse tension et comme conducteur. La vapeur de mercure, fait savoir le scientifique, est utilisée dans la fabrication de lampes fluorescentes.
La consommation de certaines espèces de poissons prédateurs, indique Bertin Bossou,à l’instar du thon, du marlin, de la moule, de l’espadon et du requin représente une source importante d’exposition et de risque pour l’homme, en particulier pour les femmes enceintes et les enfants.
Les amalgames dentaires à base de mercure sont la première source d’exposition au mercure dans les pays développés.
Aujourd’hui, le plan pour la surveillance environnementale est en cours d’élaboration,car c’est actuellement que le laboratoire est en train d’être installé. Les appareils sont en train d’être installés et l’Agence internationale de l’énergie atomique a souhaité qu’elle puisse être fonctionnelle en 2016.
Par rapport au plan d’échantillonnage, le devis est en cours d’élaboration et sera axé sur les milieux marin, côtier et de sédiments, afin d’apprécier les quantités de mercure qu’ils renferment. Les prélèvements, rassure-t-il, se feront sur la base de méthodes scientifiques en fonction des campagnes(quatre environ par an à raison d’un par trimestre). Cela permettra, estime-t-il, de conduire des travaux en laboratoire. A partir des résultats, une base de données sera disponible pour permettre à l’autorité de prendre les décisions qui s’imposent.
Le Bénin ayant signé la convention sur le mercure qu’on appelle convention de Minamata, il respectera les exigences internationales. Un état des lieux sur l’état du mercure sera élaboré sous peu, dévoile le spécialiste, en vue des besoins et de son utilité?