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Erosion côtière: Grand-Popo, toujours vulnérable

Environnement
Par   Alexis METON  A/R Atacora-Donga, le 06 août 2018 à 08h19
[caption id="attachment_30232" align="alignnone" width="1024"]La mer nez-à-nez avec les habitations à Grand-Popo[/caption]

La commune de Grand-Popo vit sous l’emprise de l’érosion côtière. Après plusieurs dégâts causés par ce phénomène dans cette ville du Sud-ouest du département du Mono, il y a lieu d’envisager des mesures pour préserver certaines zones qui se trouvent aujourd’hui menacées de disparition.

L’érosion côtière avance à grands pas dans la commune de Grand-Popo. La situation inquiète malgré les mesures du gouvernement pour protéger certaines zones sous l’emprise de la mer et du fleuve Mono. Le constat du phénomène de l’érosion côtière dans cette localité frontalière au Togo, jeudi 2 août dernier, laisse perplexe. L’avancée de la mer est devenue un casse-tête pour les habitants. Des maisons sont détruites par les eaux. Celles-ci se trouvent aussi très rapprochées de la mer dont les vagues remontent inexorablement sans obstacle, menaçant toutes les habitations du Littoral. 

Il est à noter que la commune de Grand-Popo est toujours vulnérable au phénomène d’érosion côtière qui concerne aussi bien les communautés balnéaires que les zones côtières.
Urbain Tohouénou, hydro-géomorphologue et natif de la localité, raconte que le phénomène d’érosion côtière a encore repris à Grand-Popo à cause de certains facteurs. En plus du prélèvement du sable très accru jusqu’à l’interdiction de cette activité par le gouvernement, le phénomène se produit aussi du fait des barques qui envoient des vaguelettes sur la berge qui viennent creuser la rive. Désormais, il n’y aura plus d’extraction de sable sur huit kilomètres en amont et sur trois kilomètres en aval selon la mesure du gouvernement pour préserver les côtes de Grand-Popo.
A la place du 10 janvier encore appelée Agbavié-Agbanhoué qui a connu déjà par le passé beaucoup d’érosions dont celle de 1963, le risque est latent. L’érosion a détruit une grande partie de ce site et a fait disparaître le village d’Agbéchiko, situé entre Gbèkon et Gbeffa, de la carte du Bénin. Il y a lieu de faire quelque chose, pour empêcher la disparition prochaine d’autres villages. « Si rien n’est fait, tout ce qui reste sur ce site va partir. Il faut nécessairement protéger ce cordon pour éviter que d’autres embouchures s’ouvrent ici comme l’embouchure de 1963 et celles qui sont venues avant et qui avaient même amené beaucoup d’habitants à quitter le territoire pour aller se réfugier dans d’autres localités un peu partout », a expliqué Urbain Tohouénou. La distance qui sépare la mer du fleuve Mono à la place de 10 janvier, traversée par une piste rurale très praticable est de 90 mètres en période de haute marée, selon le constat de Urbain Tohouénou.

Solutions urgentes

Si le gouvernement reconstruit ce tronçon, ça va protéger les villages qui sont dans les environs. Selon les explications du chef du village Hounsoukoé, Pascal Gbedey, le gouvernement a envisagé le rechargement de cette piste qui relie plusieurs villages. Les travaux démarrés, il y a moins d’un mois, sont presqu’arrivés à terme. Il est prévu d’autres actions pour sécuriser le tronçon de façon plus durable, détaille-t-il. Il n’a pas tari de mots pour remercier le chef de l’Etat et son gouvernement, les invitant à intensifier les travaux afin de protéger cette partie contre la puissance ravageuse de la mer qui pourrait rejoindre le fleuve. C’est la seule condition pour empêcher une nouvelle embouchure comme celle de 1963 qui a ravagé tout le village de Gbèkon et qui a fait perdre à Grand-Popo un important pôle d’attraction touristique.
Le constat d’érosion côtière est le même aussi bien à Grand-Popo qu’à Hillacondji où déjà plusieurs maisons sont emportées par la mer. Une situation qu’Urbain Touhouénou lie à la variabilité climatique. Depuis la construction du pont de Lomè, fait-il constater, il y a une érosion prolongée de l’autre côté de Hillacondji, la frontière Bénin-Togo. Chaque année, 1 500 000 m3 de sédiments marins sont drainés jusqu’à Ouidah, ce qui fait qu’à un moment donné, Hillacondji a commencé par être détruit, a-t-il expliqué. « Ce phénomène menace toujours Grand-Popo dépourvue de tout phanérophyte,  notamment le Cocos nucifera », se désole l’hydro-géomorphologue.
Le développement de la commune de Grand-Popo ne peut pas se faire sans la lutte contre l’érosion côtière, soutient Anselme Parfait Bidi, président d’honneur du mouvement Jeunesse engagée pour le développement. Selon lui, la commune de Grand-Popo est vraiment menacée par l’érosion maritime et l’érosion fluviatile dont les effets pervers créent la hantise au sein des habitants. Ceux-ci vivant dans une précarité qui ne dit pas son nom dorment la peur au ventre, se demandant au coucher s’ils ne vont pas se réveiller submergés par la mer, rapporte Anselme Parfait Bidi. C’est pour aider les populations, soutient-il, que son mouvement fait ce qui est de son ressort aux côtés des pouvoirs publics. Il faut dire que les localités d’Agoué, Gbéhoué, Zogbédji, Avlo… sont menacées, entre autres, de disparition si rien n’est fait. Car, cinq mètres environ de berge sont engloutis chaque année par l’eau qui évolue vers les habitations.