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Journée mondiale des zones humides:Eclairer les choix qui s’offrent à la communauté

Environnement
Par   Eric TCHOGBO, le 05 févr. 2015 à 06h05

La communauté internationale a célébré, lundi 2 février dernier, la Journée internationale des zones humides. A cette occasion, Christopher Briggs, le secrétaire général de la Convention de Ramsar, s’est adressé au monde entier dans un message intitulé, « Les zones humides pour notre avenir » et dans lequel il réitère l’importance et l’intérêt de cette merveille de la nature et met en lumière la menace qui pèse sur elles de nos jours.

boire, cuisiner et nettoyer ; et ce sont les zones humides qui fournissent cette eau à chacun de nous. Il nous informe également que les zones humides filtrent et éliminent les substances chimiques toxiques et les déchets contenus dans l’eau. Les plantes des zones humides aident à absorber les engrais et pesticides dangereux, ainsi que les métaux lourds et les produits toxiques industriels. En guise d’exemple, il évoque les marais de Nakivubo à Kampala en Ouganda qui filtrent gratuitement toutes les eaux usées domestiques et industrielles. Pourtant, une station d’épuration ferait de même, mais elle coûterait plus de 2 millions d’USD par an.

Christopher Briggs rappelle ensuite que les zones humides nourrissent l’humanité. La preuve en est, selon lui, que les rizières sont des zones humides où pousse le riz, nourriture de base de près de trois milliards de personnes.
En moyenne, selon lui, les habitants de la planète consomment 19?kg de poisson par an. Mais combien d’entre nous savent que c’est dans les marais côtiers et les estuaires que fraient presque tous les poissons commercialisés et c’est là aussi que leurs fretins grandissent ?, interroge-t-il.
À l’échelon mondial, 70% de toute l’eau douce qui est prélevée dans les zones humides sert à l’irrigation des cultures, véritable «carburant» de l’agriculture et de ses plus de 570 millions d’exploitations, assurant l’alimentation de l’humanité.
De plus, informe Christopher Briggs, les zones humides regorgent de biodiversité. Elles abritent plus de 100 000 espèces d’eau douce connues, chiffre qui augmente chaque année. En 10 ans seulement, poursuit-il, 272 nouvelles espèces de poissons d’eau douce ont été découvertes dans l’Amazone.
Pour le secrétaire général de la Convention de Ramsar, les zones humides sont les "amortisseurs" de la nature. La justification en est que dans les bassins fluviaux, elles se comportent comme des éponges naturelles, absorbant les précipitations, créant de vastes mares superficielles qui atténuent les effets des crues des cours d’eau. Cette même capacité de stockage offre une protection contre la sécheresse, fait-il observer par ailleurs.

Les zones humides contre les changements climatiques

Il ne faut pas perdre également de vue que les zones humides aident à lutter contre les changements climatiques, relève-t-il. Les tourbières à elles seules, par exemple, stockent plus de deux fois autant de carbone que toutes les forêts du monde! Face à l’élévation du niveau de la mer, les zones humides côtières réduisent l’impact des typhons et des tsunamis. De plus, renseigne Christopher Briggs, elles consolident les littoraux et résistent à l’érosion de plus en plus agressive.
Les zones humides sont sources de produits et de moyens d’existence durables, renseigne le secrétaire général de la Convention de Ramsar. 61,8 millions de personnes vivent directement de la pêche et des pêcheries. Les zones humides bien gérées donnent du bois de construction, de l’huile végétale, des plantes médicinales, du fourrage pour le bétail, ainsi que des tiges et des feuilles pour la vannerie.
Selon Christopher Briggs, les zones humides font aussi partie de notre histoire émotionnelle. « Qui ne se rappelle avoir été, enfant, en vacances à la plage, avoir appris à pêcher dans une rivière, avoir pêché dans un étang pendant l’été ? J’ai passé ma jeunesse dans les rivières et les étangs, à pêcher des poissons et construire des barrages; je m’amusais ainsi tout l’été, revenant le soir à la maison, les vêtements trempés et les bottes pleines d’eau», se souvient-il. Et de poursuivre que depuis, il a passé sa vie à visiter des zones humides sans jamais se lasser. C’est dans cette optique qu’il prévoit visiter le Centre Ramsar pour l’Afrique de l’Est, de la baie de Letembe.
«Cette année, nous vous invitons à réfléchir à vos propres rencontres avec les zones humides et aux moyens de faire cesser leur disparition tragique», appelle Christopher Briggs, invitant la communauté internationale à visiter le site web.
Le secrétaire général de la Convention a invité la communauté internationale à prendre la résolution d’aider les zones humides et rejoindre des milliers de sympathisants qui, dans le monde entier, veulent aussi inverser la tendance : prendre des douches plus courtes pour économiser l’eau, se munir de sacs réutilisables lorsqu’on va au supermarché ou s’impliquer directement en aidant à organiser le nettoyage d’une zone humide de son voisinage.
«L’éducation des jeunes est vitale. Il faut que la prochaine génération s’implique et sache à quel point les zones humides sont importantes. Plus ils seront nombreux à savoir, plus notre message portera», se convainc-t-il.