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Lutte contre la désertification et la sécheresse : des systèmes alimentaires durables pour des écosystèmes soutenus par la recherche

Environnement
Par   Didier Pascal DOGUE, le 18 juin 2015 à 01h13

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse célébrée hier mercredi 17 juin, Irina Bokova, directrice générale de l’Organisation des Nations Unies, l’Education, la Science et la Culture (UNESCO), a délivré un message. Elle y relève que la sécurité alimentaire est tributaire des systèmes alimentaires durables qui dépendent d’une gestion durable des écosystèmes soutenus par la recherche, l’éducation et la mise en œuvre de technologies adaptées.

«L'objectif d'une sécurité alimentaire pour tous à travers des systèmes alimentaires durables». Le thème de la Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse 2015 rappelle, selon Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, la fragilité des zones arides de la planète et des populations dont elles assurent la subsistance.

Depuis 2000, poursuit-elle, d’importants progrès ont été notés dans l’élimination de la pauvreté et de la faim. Ces problèmes restent sérieux et persistants dans les zones arides des pays en développement qui souffrent d’une faible rétention de l’eau en raison de phénomènes naturels et d’activités humaines, a-t-elle, fait remarquer.
« La sécurité alimentaire n’est pas qu’une affaire de production et de distribution de la nourriture. Elle nécessite des systèmes alimentaires durables, qui eux-mêmes dépendent d’une gestion durable des écosystèmes, soutenue par la recherche, l’éducation et la mise en œuvre de technologies adaptées», a déclaré Irina Bokova. La recherche de solutions pérennes est donc un enjeu majeur pour la réussite du nouveau programme mondial de développement durable. Toutes ces questions sont au cœur de la 21e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP-21), qui se tiendra à Paris en décembre prochain.
L’UNESCO, selon elle, aide les gouvernements à renforcer leur résilience dans tous les domaines face aux effets de la désertification. « Depuis 40 ans, nous avons contribué aux efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre la désertification par des programmes scientifiques comme notre Programme sur l’Homme et la biosphère et le Programme hydrologique international. Cette action s’est traduite par des études à long terme, des travaux de suivi et des activités sur site», justifie Irina Bokova.
Partout dans le monde, les Chaires universitaires de l’UNESCO dans le domaine de la désertification coopèrent pour faire avancer les études sur les terres arides et la formation aux innovations technologiques, afin d’améliorer la gestion et l’utilisation durable des ressources des terres arides, a informé, par ailleurs, la directrice générale de l’UNESCO. L’institution spécialisée des Nations Unies a dirigé une récente initiative dans le bassin du lac Tchad en vue de promouvoir une gestion intégrée des ressources naturelles et la restauration des écosystèmes.

La dégradation des sols, une menace

Plus de 50 réserves de biosphère de l’UNESCO dans 19 pays du monde abritent, selon Irina Bokova, des écosystèmes de terres arides. Certaines d’entre elles, comme l’Oasis du sud du Maroc, la réserve de biosphère des Terres sableuses du Hunshandake-Xilin Gol en Chine et la réserve de biosphère de Dana en Jordanie, ont accumulé une expérience riche et solide de la lutte contre la désertification et de la promotion de nouvelles économies agricoles fondées sur les communautés dans les terres arides, apprécie-t-elle.
«La désertification et la dégradation des sols constituent une menace pour la sécurité alimentaire, la stabilité et la paix. Pour y répondre, nous devons agir vite, résolument et sur plusieurs fronts. Cela concerne les populations directement touchées, mais c’est important pour nous tous, partout dans le monde », consent, Irina Bokova.
A travers le slogan "On n'a rien sans rien, investissons dans des sols vivants", le thème de 2015 appelle selon elle, notamment à : changer l’usage que nous avons de nos terres à travers une agriculture intelligente et adaptée au changement climatique, particulièrement dans des régions du monde fragilisées par la sécheresse où les pénuries alimentaires deviennent de plus en plus graves, améliorer l’accès aux technologies et aux droits fonciers pour les petits exploitants agricoles qui contribuent à la protection de l’environnement tout en permettant de nourrir des millions de foyers, surtout parmi les ménages les plus modestes et trouver un équilibre entre écologie et consommation dans l’utilisation des terres, en encourageant les pratiques exemplaires.
Cela appelle également à investir davantage dans une utilisation durable des terres afin que les systèmes alimentaires durables deviennent la norme et à améliorer la lutte contre la désertification dont les impacts sur la sécurité, la paix et la stabilité sont certes invisibles, mais non moins réels pour les pays touchés, en raison notamment des pénuries de nourriture et d’eau ainsi que des migrations forcées pour des raisons environnementales.
La célébration de cette journée du 17 juin 2015 se tient, précise-t-elle à l’Exposition universelle de Milan 2015 (du 1er mai au 31 octobre). Le Secrétariat et le Mécanisme mondial de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, en coopération avec le gouvernement italien et d’autres partenaires potentiels, organisent cet événement.
Le thème de cette Expo est «Nourrir la planète, Énergie pour la vie», un thème directement relié à celui de cette journée 2015.
Près de 805 millions d’individus à travers le monde n’ont pas eu accès à des aliments suffisamment nutritifs entre 2012 et 2014, selon l’édition 2014 de l’Etat de l’insécurité alimentaire dans le monde (Programme alimentaire mondial). Cela représente environ une personne sur huit, dont la plupart vivent dans des pays en développement. Bien que des progrès significatifs aient été accomplis vers l’objectif de réduction de la faim des OMD, ceux-ci restent inégaux selon les régions.

La gestion des catastrophes naturelles

«Lutter contre la faim suppose une approche multi-facettes, du développement économique à l’apport nutritionnel en passant par la gestion des catastrophes naturelles. Mais il reste primordial de se concentrer sur les terres. Plus de 99,7% de nos calories alimentaires proviennent de la terre», retient Irina Bokova. Entre la course à la productivité des terrains et l’augmentation de la population mondiale, les terres de productions agricoles vont se raréfier, a-t-elle prévu. C’est pourquoi se résout-elle, «Nous devons remettre en état les terres dégradées afin d’assurer la sécurité alimentaire».
La faim est plus présente dans les régions asséchées des pays en développement, où la rétention d’eau est faible et les terres très vulnérables aux destructions naturelles et humaines, fait-elle remarquer.
L’Afrique subsaharienne a enregistré selon la directrice générale de l'UNESCO quelques progrès dans l’éradication de la faim, mais elle possède toujours la plus grande prévalence en matière de sous-alimentation.
Selon le programme de développement pour l’après-2015, pour lequel le Groupe de haut niveau a mis en avant le slogan « N’oublions personne », l’un des moyens pour réduire la pauvreté et la faim dans le monde reste, a indiqué Irina Bokova, la neutralité en matière de dégradation des terres.
Rappelons que c’est en 1994 que l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré le 17 juin Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse pour sensibiliser l’opinion publique à ce problème et mettre en application la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification dans les pays éprouvés par de sérieuses sécheresses et/ou par la désertification, particulièrement en Afrique.