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Lutte contre les changements climatiques: Nécessité de financer des actions ambitieuses

Environnement
Le Ccdr explore les pistes, réformes, investissements et instruments de l'action publique pour tirer parti des ressources et des solutions du secteur privé tant pour l'adaptation au changement climatique que pour l’atténuation Le Ccdr explore les pistes, réformes, investissements et instruments de l'action publique pour tirer parti des ressources et des solutions du secteur privé tant pour l'adaptation au changement climatique que pour l’atténuation

Le Rapport national sur le climat et le développement (Ccdr) publié par le groupe de la Banque mondiale et ses partenaires met en exergue la nécessité de financer l’action climatique pour promouvoir une croissance durable et inclusive au Bénin à l’horizon 2030. Les grandes lignes ainsi que les conclusions et recommandations du document ont été présentées aux acteurs locaux et partenaires techniques et financiers du Bénin, ce jeudi 7 décembre à Cotonou.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 08 déc. 2023 à 05h07 Durée 4 min.
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Si le Bénin tient à poursuivre ses efforts de croissance économique, il doit mener des actions fortes pour amortir les chocs climatiques. Le nouveau rapport national sur le climat et le développement (Ccdr), dévoilé ce jeudi, est constant sur cette ligne de conduite que doit adopter le pays.

Le Bénin affiche des taux d’émissions de gaz à effet de serre les plus bas au monde. Cependant, il reste l’un des plus vulnérables au changement climatique, se plaçant 152e sur une liste de 181 pays qui présentent une vulnérabilité extrême au climat. Le diagnostic du rapport est sans ambages. A l’avenir, les périodes humides et sèches deviendront probablement plus extrêmes avec davantage de sécheresse et un risque significatif d’inondation qui posera des défis importants face à l'insuffisance de l'approvisionnement en eau, de l'assainissement, et des systèmes de collecte des déchets. En plus de la déforestation croissante, les 125 kilomètres de littoral du pays souffrent d'une érosion côtière sévère, qui devrait empirer en cas d’inaction. Dans l’ensemble, si rien ne change, 98% du territoire béninois devrait être exposé à des températures extrêmes d’ici à 2070.

« L'enjeu soulevé par le rapport est de trouver comment concilier développement et défis liés au changement climatique afin de protéger les pauvres et les plus vulnérables, » a souligné Nathalie Picarelli, économiste senior à la Banque mondiale et auteure principale du rapport. Ces facteurs de risque auront un impact sur les populations et surtout les personnes vulnérables et sur les secteurs économiques. «Notre rapport estime qu'entre un demi-million et jusqu'à 1 million de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d'ici 2050 si aucune mesure d'adaptation n'est prise», a alerté Nathalie Picarelli. La dépendance de l’économie nationale vis-à-vis de l’agriculture et de l’emploi informel rend le chemin de développement très vulnérable aux changements climatiques.

Néanmoins, l’espoir est permis si le Bénin continue de construire une économie résiliente en concentrant ses investissements et ses politiques sur l’adaptation aux changements climatiques, selon le rapport. «Le Bénin a accompli d'importants progrès dans certaines zones de son littoral pour s'attaquer à l'érosion côtière, mais il reste encore du travail à accomplir, car le pays enregistre l'un des taux d'érosion côtière les plus élevés du golfe de Guinée », a rappelé Manuela Ravina da Silva, spécialiste de l'environnement à la Banque mondiale et co-auteure du rapport. « Il est également nécessaire, affirme-t-elle, d'investir davantage dans les mesures d'atténuation, notamment l'énergie renouvelable, d'étendre l'accès à l'électricité pour la population et de s'attaquer à la déforestation par le biais de systèmes d'occupation des sols durables. Les objectifs de reforestation du pays doivent aussi être atteints d'ici 2030 ».

2,7 milliards de dollars Us

D’après le rapport, la résilience doit cibler tous les secteurs mais il est urgent d’aller plus vite vers les mesures telles que : adapter les approches et les techniques agricoles, restaurer et protéger les forêts, investir dans la gestion des ressources en eau, planifier des villes durables et agir sur les côtes, protéger les infrastructures de réseau afin que les personnes et les machines restent connectées, renforcer la résilience des services de santé et la préparation aux situations d’urgence. En plus de l’adaptation, l’atténuation peut aussi aider le pays à accomplir ses objectifs de développement.

En termes de recommandations, le rapport suggère d’approfondir la transition énergétique en alignement avec le plan directeur du secteur, de saisir les opportunités d’atténuation pour les forêts et l’utilisation des terres en reboisant par exemple les terres dégradées. Aussi, protéger les pauvres et les vulnérables en particulier les femmes est essentiel pour soutenir la transformation.

Tous ces besoins, selon le rapport, coûteraient 2,7 milliards de dollars Us d’ici 2032. Trois possibilités de financement de l’action climatique sont envisagées. Le document suggère en effet d’augmenter les recettes et de rendre les dépenses publiques plus efficaces afin de gérer une marge de manœuvre budgétaire pour l’adaptation, d’exploiter les financements concessionnels/mixtes et le fonctionnement des risques de catastrophe où le Bénin a déjà une expérience avec l’émission de la première obligation Odd en Afrique. Enfin, le rapport souligne que le secteur privé doit être associé au financement d’une grande partie de l’action climatique.

Engagements

Convié à la présentation du document, Hermann O. Takou, directeur de cabinet du ministre d’Etat chargé de l’Economie et des Finances, s’est réjoui du fait que le Ccdr soit venu combler un vide en matière de mise en synergie des actions identifiées au niveau des secteurs vulnérables pour évaluer leur impact sur l’économie. « Le document met en évidence les résultats des simulations macroéconomiques de l’impact des changements climatiques sur l’économie avec des scénarii qui projettent le Bénin jusqu’en 2050. Le rapport souligne les défis et les enjeux pour soutenir la trajectoire de développement que le Bénin s’est donné », retient-il.

La présentation du Ccdr 2023 se déroule dans un contexte où se tient la Cop 28 à Dubaï. A en croire le directeur de cabinet, s’inscrivant dans cette dynamique de la Cop, le Bénin poursuit le renforcement de son cadre programmatique nécessaire pour catalyser les ressources et mieux adresser les réponses aux effets des changements climatiques à travers des instruments comme le Ccdr, l’Evaluation du système de gestion des investissements publics en lien avec les changements climatiques et la Facilité pour la résilience et la durabilité (Frd).