La Nation Bénin...
Les ménages éprouvent toujours des difficultés d’approvisionnement en eau potable dans la commune de Djougou. Face à l’assèchement de la seule retenue d’eau et à l’incapacité de la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB) de raccorder dans les délais les forages construits à prix d’or aux réseaux de stockage et de distribution, les populations s’en remettent aux dieux de la pluie.
Le miracle espéré par les populations de la ville de Djougou au lendemain de la descente du chef de l’Etat, samedi 16 mai dernier, dans leur cité, pour compatir à leurs difficultés d’approvisionnement en eau potable, ne s’est point réalisé. Si dans l’attente de l’achèvement des travaux de renforcement des systèmes d’alimentation en eau potable du centre secondaire de Djougou, le président Boni Yayi a annoncé la fin du calvaire qu’elles vivent pour janvier 2016, force est de constater que les mesures conjoncturelles annoncées à cor et à cri par les autorités de la SONEB, n’en sont rien. Du moins, au regard des constats sur le terrain. Il est toujours difficile pour les ménages de disposer d’eau dans la commune. Puits et barrages asséchés, le calvaire des populations est des plus probants.
Les camions citernes qui devraient acheminer l’eau des forages de Bariénou vers les réseaux de stockage et de distribution de la SONEB, en attendant que les canalisations commandées en Côte d’Ivoire pour le raccordement desdits ouvrages ne soient disponibles, restent introuvables dans la ville. C’est toujours la file d’attente aux différents points d’eau disponibles et point n’est besoin d’ouvrir les robinets des pompes d’eau potable dans la journée. Aucune goutte d’eau n’est disponible dans certains quartiers de la ville. Depuis deux mois le Centre hospitalier départemental de la Donga à Batoulou dans le troisième arrondissement, est sans eau potable et aux témoignages des agents, il est extrêmement difficile de satisfaire aux besoins les plus élémentaires des usagers. Ailleurs, bon nombre de services publics subissent le même supplice. A Taïfa, Bassala, Yalouwa, des quartiers populeux de la ville, c’est le désespoir total. Au point même où les populations se demandent si elles ne sont pas programmées pour mourir de soif. « Dans quel pays sommes-nous où des populations sont condamnées à vivre sans eau potable ? Avec les maladies liées à l’eau qui ont cours, on se fiche pas mal de notre sort », note Latif Agali, tout en courroux.
Implorer la pluie
Les abords asséchés du fait de la rareté des précipitations dans l’Atacora-Donga ces temps-ci et la majeure partie de son étendue couverte d’herbes, la retenue d’eau de la commune de Djougou affiche un spectacle désolant. Pas d’eau. A part ce petit bras d’eau au diamètre insignifiant arc-bouté autour d’un tuyau métallique mis en place pour acheminer l’eau disponible vers la station de traitement d’eau de la SONEB située à une centaine de mètres de là. Un fait symptomatique des difficultés des populations dans l’accès à l’eau potable.
S’emmurant dans un mutisme effarant, les agents en service à la station ont dû prendre la poudre d’escampette pour ne pas se prêter aux questions. Ils s’engouffrent dans les ateliers et se refusent à pointer le bout de leur nez dehors. Difficile donc d’en savoir davantage sur les dispositions prises par la SONEB à la suite de la descente du chef de l’Etat et des promesses quant au raccordement des forages de Bariénou pour soulager les populations. Sauf que les canalisations commandées en Côte d’Ivoire depuis des lustres ne sont toujours pas livrées à Djougou, selon les indiscrétions. Et un mois après l’annonce de leur acheminement en présence du chef de l’Etat, il est opportun de se demander jusqu’à quand les populations vont subir les affres de la pénurie d’eau.
Soulignons que les huit barrages réalisés par la Société nationale des Eaux du Bénin (SONEB) dans l’arrondissement de Bariénou, avec une capacité de production de 40m3/heure pourraient bien apporter une bouffée d’oxygène aux populations s’ils viennent à être raccordés aux différents réseaux comme souhaité. Les besoins en eau de la population de Djougou restant insatisfaits et évalués à 1000 m3/jour soit en moyenne 45m3/heure, les populations ont le regard rivé vers le ciel. Elles s’en remettent aux fortes précipitations pour s’en sortir.