La Nation Bénin...
L’état actuel de la couche d’ozone préoccupe aussi bien les gouvernants que les sachants. Yvette Gauthé, épouse Boko, point focal national suppléant ozone au ministère du Cadre de vie et Codjo François Dédji consultant ozone approché, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de préservation de la couche d’ozone le 16 septembre dernier, préopinent sur le sujet et dévoilent des efforts consentis aussi bien au plan national qu’international pour mieux la préserver.
« Aujourd’hui on remarque des trous dans l’ozone qui est une sorte de parapluie qui nous protège contre les rayons ultra-violets du soleil. S’il y a des trous, ça veut dire que ces rayons peuvent traverser et nous atteindre », a expliqué Yvette Gauthé, épouse Boko, point focal national suppléant ozone au ministère du Cadre de vie et du Développement durable. Si ces rayons nous atteignent, poursuit-elle, cela a des conséquences sur notre santé, celle des animaux et sur l’environnement. On peut donc dire que la couche est menacée, apprécie-t-elle.
« Cette menace tire sa source de nos comportements. Il y a certaines substances en l’occurrence les fluides frigorigènes surtout qui détruisent la couche d’ozone », relève le point focal national suppléant ozone. Au nombre de ceux-ci, on compte les chlorofluorocarbones communément appelés CFC. En dehors de ça, il y a aussi les hydro-chlorofluorocarbones (HCFC 22 ou R22). Ces fluides, selon elle, s’utilisent dans la climatisation et pour certaines chambres froides. Il y a aussi des hydrofluorocarbures, informe-t-elle, qui ne détruisent pas la couche d’ozone mais contribuent plutôt au réchauffement climatique.
Les hydrofluorocarbures constituent selon Yvette Gauthé, épouse Boko, une substance nantie d’un pouvoir de réchauffement très élevé. Etant donné que c’est la Convention de Vienne sur l’élimination des substances appauvrissant la couche d’ozone qui a identifié cette substance, le protocole de Kyoto et celui de Montréal veillent à son élimination, explique-t-elle. Les discussions sont, informe-t-elle, en cours et à Kigali au mois d’octobre prochain, il se tient une convention des parties pour décider du sort de cette substance pour réduire son impact sur les changements climatiques.
Eliminer les hydrofluorocarbures
« Le Bénin a ratifié le protocole de Montréal mais au niveau national, nous avons des arrêtés interministériels. Il y a même un décret qui réglemente l’importation des fluides frigorigènes et des équipements contenant ces fluides », révèle Yvette Gauthé Boko. Il y a également, selon elle, la stratégie même d’élimination des différentes substances qui appauvrissent la couche d’ozone. Laquelle stratégie, relève le point focal national suppléant ozone s’inscrit dans un programme global décidé par la communauté internationale. Actuellement, le programme suit son cours et vise l’élimination des substances comme les hydrofluorocarbures. Au niveau national, poursuit-elle, nous disposons du calendrier national d’élimination desdites substances. Ledit calendrier vise la diminution progressive de ces substances. « Nous devons contrôler l’entrée de ces substances sur notre territoire de même que les techniciens qui manipulent ces substances au niveau des équipements de froid et climatisation », insiste-t-elle aussi.
Concrètement sur le terrain, explique Yvette Gauthé Boko, nous contrôlons les fluides frigorigènes et leur qualité au niveau des boutiques de vente. « Nous travaillons avec la douane pour renforcer le cordon douanier par rapport à l’importation de ces fluides. Cette mesure vise la réduction de la vente illicite des fluides frigorigènes. En dehors de ça, nous organisons à l’endroit des frigoristes des sensibilisations pour leur expliquer comment ces équipements qui utilisent les fluides contribuent à la destruction de la couche d’ozone », indique-t-elle poursuivant ses explications. Ainsi, relève-t-elle, il est également organisé des formations pour les exhorter à l’utilisation de nouveaux gaz qui n’ont pas d’impact sur la couche d’ozone.
Appel à l'endroit des utilisateurs
Au total, récapitule Yvette Gauthé Boko, il y a la sensibilisation, la formation, le contrôle sur le terrain de la qualité des fluides frigorigènes. « L’appel que je lance va à l’endroit des utilisateurs. Nous qui manipulons les équipements qui utilisent ces substances, nous devons les abandonner au profit des équipements modernes, c’est cher à l’achat mais on gagne en consommation d’énergie parce que ça a une efficacité énergétique très avérée », exhorte-t-elle. Un appel qui est train d’avoir des échos favorables auprès des techniciens et acteurs utilisateurs des fluides frigorigènes. La preuve, c’est la création le 15 septembre dernier, d’une association nationale.
En somme, à en croire François Codjo Dédji, consultant ozone, il s’agit d’un creuset qui va rassembler tous les frigoristes pour élaborer des normes pour le respect des engagements pris. Selon lui, la couche d’ozone était gravement malade entre temps, mais de nos jours, il est appréciable qu’elle commence par se réformer. « Ceci grâce aux médias, aux efforts que déploie le ministère du Cadre de vie, au soutien des Partenaires sociaux et économiques comme le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNE) qui fait beaucoup parce qu’il déploie les moyens pour former nos jeunes frères frigoristes et nous », se réjouit le consultant.
Nous devons prendre les mesures adéquates dès maintenant, s’engage-t-il, pour éliminer les substances comme le R22 réputé pour sa nocivité. « On nous demande d’aller progressivement de sorte que jusqu’ en 2030, le R22 sera définitivement éliminé. Actuellement, on parle de la réduction, et l’importance de nos préoccupations c’est d’expliquer aux techniciens que d’ici peu, le gaz-là sera éliminé d’où il ne faudrait plus importer les appareils qui en contiennent», souligne-t-il?
Prendre des précautions
Aujourd’hui, explique François Codjo Dédji, il existe déjà certains gaz que nous utilisons comme le R410A. «Ce gaz n’est pas nocif à la couche d’ozone mais il réchauffe dangereusement la planète. Son remplacement est également programmé. Bientôt, on va l’éliminer aussi», révèle le consultant. On continue d’abord avec le R22, indique François Codjo Dédji avant de l’éliminer petitement. « Nous disposons déjà des hydrocarbures qui ne réchauffent pas la planète et qui ne détruisent pas non plus la couche d’ozone mais qui sont inflammables », précise le consultant ozone avec des nuances sur les réserves prises à ce sujet. « Il faudra prendre assez de précautions pour pouvoir les utiliser. Il faudra organiser beaucoup de formations pour les artisans. On continuera par les former jusqu’à ce que la mayonnaise prenne », explique le consultant ozone. D’ailleurs, rappelle-t-il, la dernière fois, il y a eu un atelier de formation à Kpondéhou sur les nouveaux hydrocarbures qui doivent être utilisés désormais. « Il y aura bientôt sur le terrain, les équipements de climatisation conçus en hydrocarbure. Il est donc nécessaire de mettre sur pied un creuset qui va obliger tout le monde à suivre des formations qui seront soldées par une certification », indique François Codjo Dédji qui rassure qu’on ne sera plus autorisé à faire n’importe quoi. « Cela y va de l’intérêt de l’individu même qui travaille et de l’économie nationale parce que quand vous ne maitrisez pas ce que vous êtes en train de faire, le danger est là. Vous pouvez être atteints, causez de dégâts et le client qui est avec vous connaitra des pertes.
« C’est pourquoi il est indispensable aujourd’hui que nous ayons une association qui va élaborer des normes que nous devons tous respecter. Nous allons certifier les artisans et tous ceux qui interviennent dans le domaine », insiste le consultant ozone.
La certification, explique François Codjo Dédji ne veut pas dire diplôme. « Vous pouvez être docteur sans être certifié. La certification vise à prouver réellement que vous maitrisez ce que vous faites et désormais avec l’association mise sur pied, plus personne ne pourra exercer cette fonction s'il n’est pas certifié ». Ainsi, selon le consultant ozone, la certification aura des niveaux. Il y a des gens qui n’ont pas beaucoup étudié. Ceux-là seront certifiés compte tenu de leur niveau d’étude. Leurs interventions sur le terrain auront donc de limites. On peut être certifié pour faire l’entretien, le dépannage, la conception?