La Nation Bénin...
A Cotonou, samedi 27 septembre dernier, les participants à la Conférence internationale sur la Nutrition ont lancé un appel fort à l’action, entérinant la Déclaration de Cotonou sur la promotion de la nutrition en Afrique. C’est un texte ambitieux qui place la nutrition au cœur du développement humain et économique du continent.
La Déclaration de Cotonou ne se contente pas d’alerter. Elle fait des propositions concrètes et prend des engagements. Entre allaitement maternel exclusif, production d’aliments diversifiés et programmes d’alimentation scolaire, l’heure est à la convergence des secteurs pour agir sur le double fardeau nutritionnel.
En effet, la conférence a réuni un large éventail d’acteurs tels que des experts en nutrition, des décideurs publics, des partenaires techniques et financiers, des représentants de la société civile, des Ong, des acteurs du secteur privé, des institutions académiques et des leaders communautaires. Tous partagent la même préoccupation notamment la persistance inacceptable de la malnutrition qui continue de ravager l’Afrique, affectant plus de 64,8 millions d’enfants sur le continent, dont plus d’un million au Bénin. Ces chiffres dramatiques traduisent une réalité brutale : des millions d’enfants voient leur potentiel compromis avant même d’avoir atteint l’âge de cinq ans.
Le coût humain est immense, mais les conséquences économiques sont tout aussi alarmantes. La malnutrition maintient l’indice de capital humain de l’Afrique subsaharienne et du Bénin autour de 0,40 ; ce qui signifie qu’un enfant né aujourd’hui n’atteindra que 40 % de son potentiel productif à l’âge adulte.
Un droit et une urgence
Les adhérents à la Déclaration de Cotonou ont affirmé haut et fort que la nutrition est un impératif de justice sociale, de santé publique et de prospérité économique. Ils reconnaissent la nutrition comme un droit fondamental de chaque enfant, un levier stratégique pour améliorer les résultats scolaires, renforcer la productivité économique et consolider la résilience des communautés.
La nutrition est également au cœur des objectifs de développement durable. Elle constitue un socle essentiel pour briser le cycle de la pauvreté intergénérationnelle, notamment en intervenant dès les premiers stades de la vie.
Le texte souligne et salue l’engagement du gouvernement du Bénin, qui fait figure d’exemple à travers sa Vision « Bénin 2060 Alafia – un monde de splendeurs», axée sur une transformation économique et sociale inclusive. Le pays a notamment élaboré le Projet de supplémentation nutritionnelle des 1000 premiers jours et développé l’approche innovante « 1000 jours + », centrée sur la période critique de la petite enfance, où les fondements de la croissance, du développement cérébral et de la santé sont posés.
L’autre point d’alerte majeur de la Déclaration, c’est l’émergence d’un double fardeau nutritionnel. Tandis que la dénutrition infantile persiste, l’Afrique voit progresser rapidement l’obésité et les maladies non transmissibles chez les adultes, conséquence d’une alimentation déséquilibrée et de modes de vie en mutation. Cette évolution appelle à des réponses intégrées, adaptées et multisectorielles, capables de traiter simultanément les carences et les excès.
Appel à l’action
Les adhérents à la Déclaration appellent à une mobilisation sans précédent de tous les acteurs, publics et privés, pour faire de la nutrition une priorité nationale et régionale. Cela implique des politiques intégrées, ancrées dans des financements durables, une coordination intersectorielle entre santé, agriculture, éducation, protection sociale, eau et assainissement et la promotion de l’allaitement maternel exclusif, de la consommation locale d’aliments diversifiés et fortifiés. Cette ambition intègre aussi l’extension des programmes d’alimentation scolaire à l’échelle nationale, un engagement fort des collectivités locales et des leaders communautaires pour une approche de proximité et une mobilisation accrue de la jeunesse, en tant que vecteur de changement et d’innovation.
Le secteur privé est également invité à investir dans la transformation locale, la recherche et l’innovation nutritionnelle, avec un objectif partagé : assurer à chaque enfant un accès durable à une alimentation saine et à des soins essentiels.
La Déclaration insiste sur l’importance cruciale de la période des 1000 premiers jours de vie, de la conception aux deux premières années de l’enfant. Cette fenêtre d’opportunité, où le cerveau et les organes se développent rapidement, est considérée comme déterminante pour l’avenir des générations futures.
C’est pourquoi les participants s’engagent à soutenir la mise en œuvre des interventions de Supplémentation Nutritionnelle des 1000 premiers jours, avec une attention particulière à la nutrition maternelle, à l’éducation des mères, et à la disponibilité des micronutriments essentiels.
Alignée sur l’Agenda 2063
En adoptant cette Déclaration, les pays africains réaffirment leur engagement envers l’Agenda 2063 « The Africa We Want » de l’Union africaine, qui vise à éradiquer la faim et la malnutrition d’ici 2063. Les objectifs fixés sont ambitieux mais réalisables. Il s’agit de réduire le retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans à 10 % et l’insuffisance pondérale à 5 %.
Pour y parvenir, les efforts doivent être intensifiés sur tous les fronts : politiques publiques, financement, coordination multisectorielle, innovations technologiques, et surtout, volonté politique soutenue.
L’appel final lancé depuis
Cotonou est sans équivoque. Il incite à transformer les engagements en actions concrètes et mesurables. Les signataires veulent faire de la nutrition le socle du bien-être, de l’équité et de la prospérité des générations actuelle et futures. « Ensemble, engageons-nous dès aujourd’hui pour une Afrique sans faim ni malnutrition », conclut la Déclaration.
Forte mobilisation contre la malnutrition sur le continent