Diagnostic de la conflictualité locale au Bénin: Le rapport de la mission présenté aux parties prenantes

Quelle est la typologie des conflits au nord Bénin ? Qui en sont les acteurs? Quels sont les mécanismes de leur gestion ? Quelles perspectives pour prévenir ou gérer au mieux les conflits ? Du 17 mai au 3 juin 2025, le Centre pour le dialogue humanitaire (Hd) a mené une mission de diagnostic de la conflictualité locale au Bénin. L’objectif est d’avoir une vue claire sur la nature et la manifestation des conflits et d’évaluer les voies et moyens d’une éventuelle contribution de Hd aux efforts des autorités béninoises en matière de gestion de la conflictualité locale.

Ce mercredi, le rapport de la mission a été officiellement présenté aux parties prenantes. L’atelier vise une appropriation holistique et intersectorielle des données par les participants et la validation des axes d'intervention que le Centre propose de mettre en œuvre au Bénin en soutien aux efforts de l'État.

« Qu'est-ce qu'une organisation de diplomatie privée comme notre Centre peut offrir (…) ? Anticiper tout d'abord. Anticiper en contribuant à la stabilisation des pays côtiers du golfe de Guinée et à leurs efforts de gestion du phénomène de la conflictualité locale. C'est ce leitmotiv qui a conduit Hd précédemment au Togo, en Côte d'Ivoire et maintenant au Bénin, où l'initiative a rencontré la faveur des autorités », explique Alexandre Liebeskind, directeur Afrique francophone du Centre pour le dialogue humanitaire.

L’évaluation a été menée dans treize communes dont onze frontalières dans les départements de l’Alibori, de l’Atacora, du Borgou et de la Donga. Elle a ainsi permis de jauger la cohésion sociale dans les zones ciblées, d'identifier les principaux types de conflits auxquels les communautés sont confrontées, ainsi que les mécanismes de prise en charge. « Le traitement de l'ensemble des informations collectées a amené Hd à formuler des axes d'intervention potentiels», confirme le directeur Afrique francophone, avec l'espoir que l’atelier ouvrira de belles perspectives en faveur de la paix et de la stabilité au Bénin.

Yafradou Adam Taïrou, représentant le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, adresse la gratitude du gouvernement à Hd et rappelle que la paix et la cohésion sociale constituent les piliers de la stabilité et du développement. Des valeurs, dit-il, autrefois ciment de nos sociétés africaines mais perturbées aujourd’hui en raison de facteurs endogènes et exogènes. Grâce aux efforts conjugués du gouvernement et des communautés, le Bénin a su sauvegarder la concorde sociale et le vivre-ensemble. Malgré cela, le pays enregistre dans certaines de ses localités des conflits intercommunautaires, fonciers, agropastoraux, religieux ou de chefferies dont les conséquences sont multiples et diverses. Pour le Bénin, aucun effort ne sera de trop pour le règlement des conflits communautaires. C’est pourquoi, le gouvernement a saisi la perche tendue par Hd. « Vous aurez ainsi l'occasion de vous imprégner de l'analyse que Hd a pu faire du phénomène conflictuel local et des pistes de contribution que l’organisation se propose de vous apporter. Je vous invite donc à faire preuve d'une attention soutenue tout au long des travaux pour une participation active», indique le représentant du ministre. Il réaffirme la gratitude du gouvernement à Hd et rassure de la disponibilité du ministère à accompagner l’organisation dans l'implémentation du projet au Bénin.

Résultats de la mission

Dans les communes cibles, Hd a procédé à une collecte qualitative de données relatives à la conflictualité locale, laquelle s’est basée sur l’organisation de focus groups dans chacune des communes, impliquant 194 personnes et la tenue d’entretiens individuels avec 302 personnes représentatives des couches socio-économiques, des arrondissements, des catégories sociales minoritaires et de l’équilibre genre.

Selon le document publié, cinq grandes catégories structurent le paysage conflictuel à savoir les conflits fonciers, les conflits agropastoraux, les conflits relatifs aux aires protégées, les conflits de chefferies et les conflits religieux. Les deux premières catégories sont omniprésentes dans l’ensemble des communes. Plusieurs mécanismes existants permettent leur gestion dont, entre autres, les mécanismes traditionnels et communautaires, ceux des autorités communales, le système judiciaire, les mécanismes des organisations de la société civile, des institutions nationales à l’instar de l’Agence nationale de la gestion de la transhumance. Pour finir, Hd a identifié quatre axes potentiels d’appui pour son intervention au Bénin. Ces axes renforcent les mécanismes locaux de prévention et gestion des conflits, le soutien aux cadres de concertation communautaires, l’appui méthodologique aux autorités locales et aux Osc, et l’accompagnement dans les zones frontalières confrontées à des dynamiques transnationales et sécuritaires spécifiques.