La Nation Bénin...
Au
troisième jour du procès Dangnivo, ce jeudi 13 mars, l’accusé principal Codjo
Alofa s’est rétracté et a avoué que Donatien Amoussou, ancien militaire, Jérôme
Tchiakpè, dignitaire Thron et Prisca Lègba, présentée comme une ex-compagne du
défunt, ne sont pas mêlés à l’affaire.
Des variations dans la déposition du principal accusé Codjo Alofa, et des déclarations confuses du colonel Sévérin Koumassegbo à la barre. Ce sont deux faits majeurs qui ont retenu l’attention au troisième jour du procès Dangnivo.
En effet, Codjo Alofa laisse entendre que Donatien Amoussou, ancien militaire, Jérôme Tchiakpè, dignitaire Thron libéré de prison en 2015 et Prisca Lègba présentée comme une ex-compagne du défunt, n’en sont pour rien dans cette affaire. Pourtant, il les avait nommément impliqués au début. Le ministère public ne sait plus quelle déclaration de l’accusé fait foi.
« Avant ce procès, vous nous aviez confirmé que c'était vous qui aviez tué Dangnivo. Ensuite, vous vous êtes rétracté. Quel propos de vous devons-nous croire ? », demande le ministère public. « Ce sont l’adjudant-chef Lucien Dègbo et le Colonel Koumassegbo qui me disaient quoi dire et qui je devais citer, et moi j'exécutais », répond Codjo Alofa. Le ministère public cherche alors à savoir s’il confirme que Donatien Amoussou, Jérôme Tchiakpè et Prisca Lègba sont innocents. « Oui, je le confirme », lance-t-il sans ambages.
Le
deuxième fait majeur de l’audience de ce jeudi est l’audition du Colonel de
gendarmerie à la retraite Sévérin Koumassegbo, ancien patron de la sécurité
rapprochée de l’ex-président de la République Boni Yayi. L’ancien gendarme a
été longuement cité par les accusés et un témoin. A en croire les mis en cause,
il est au cœur de l’affaire. Son audition a duré environ trois heures de temps.
« Colonel Koumassegbo, connaissez-vous M. Amoussou ? », lui demande le président de céans. « Je connais Donatien Amoussou. Il était avec trois personnes dans mon bureau… », répond l’ancien patron de la sécurité rapprochée de Boni Yayi. A la barre, il donne sa version des faits, notamment comment le fameux téléphone Zékédé et le livret de bord d’un véhicule qui appartiendraient à Dangnivo ont été retrouvés dans un motel. En confrontation, Donatien Amoussou conteste la version des faits telle que narrée par le colonel. Les deux ne s’accordent pas sur l’origine et les différentes destinations du téléphone avant qu’il ne soit finalement déposé à Océan Fm à titre d’objet retrouvé.
Dans
sa déclaration, le colonel affirme que deux commissions d’enquête avaient été
mises sur pied pour faire la lumière sur cette affaire : une commission
judiciaire et une autre administrative. « Vous avez parlé de deux commissions
d'enquête. Pourquoi vous avez préféré la justice au lieu de rendre compte à
votre hiérarchie ? », questionne le ministère public. « J’ai préféré la
commission judiciaire pour ne pas réveiller les humeurs du chef de l’Etat, pour
que l’administration n’en fasse pas ses choux gras », répond l’intéressé.
Imbroglio
Le juge, le ministère public, la défense et même la partie civile ont relevé plusieurs ambiguïtés dans les déclarations du colonel. Il est alors accablé de questions. Le ministère public lui demande s’il a quelque chose à voir avec la disparition et l'assassinat éventuel de Dangnivo. « Je n'ai rien à y voir », clame le témoin. « Je rends grâce d'avoir aidé à remonter la piste. Au moins le Seigneur m'a permis de faire ça. C'est une grâce », poursuit-il. D’autres questions s’ensuivent mais les avocats pensent que les réponses du colonel ne concordent pas avec ses déclarations lors des audiences précédentes. En outre, il avance que le président de la République, alors qu’il se rendait un jour à Parakou, lui aurait remis la somme d’un million F Cfa pour qu’il s’occupe de la commission. Une affirmation qui a provoqué un air d’étonnement dans le rang des avocats.
Notons
qu’au début de l’audience, Cédric Bigot, médecin légiste, a expliqué comment il
a effectué les prélèvements qui ont ensuite été envoyés à l’étranger pour des
tests génétiques.
Jérôme
Tchiakpè, un ex-détenu, a aussi raconté comment il a passé cinq ans en
détention après que Codjo Alofa l’a désigné comme étant le commanditaire de
l'assassinat de Dangnivo.
L’audience est renvoyée à mercredi prochain. Le président de céans a sollicité la vérification de certains faits et propos rapportés au cours de la présente audience. Il a convoqué l’ex-directeur général de l’Ortb, Julien Pierre Akpaki, en qualité de témoin puis demandé que les feuilles de notes d'audience à l'époque soient reversées à la cour pour examen.