La Nation Bénin...
Paroliers de référence et médiateurs par-dessus
tout, des griots du Bénin et du Nigéria ont mis leur art au service de la
promotion de la paix et de la prévention de l’extrémisme violent. C’était lors
de la célébration de la Nuit des griots, le 23 novembre à Parakou, par
l’Association paroles d’Afrique, en collaboration avec les communes du Borgou.
« Pour être pérenne, la paix exige de l’effort,
de l’ambition et du dévouement de la part de ceux qui souhaitent laisser un
avenir meilleur aux prochaines générations », disait le premier ministre
canadien, Justin Trudeau. Tidjani Bani, maire de la commune de Kalalé, a fait
sienne cette assertion, lors de la célébration de la Nuit des griots pour la
promotion de la paix et la lutte contre l’extrémisme violent. A travers cette
initiative de l’Association Paroles d’Afrique, il espère la consécration d’une
union sacrée entre les populations locales et leurs frères du Nigéria, pour la
promotion de la paix et la cohésion sociale. Tambours accrochés au bras et
autres instruments traditionnels de musique portés au cou ou en main, seul ou
en duo, la voix des griots a résonné dans le ciel parakois. Les rythmes sont
variés selon les cultures et l’identité des communautés de provenance, mais
chacun se retrouvait dans ce mélange de cultures typiquement africaines, parce
que les peuples ignorent les frontières physiques et la musique unit les cœurs.
Ils sont une vingtaine de griots à émerveiller le public, sous un ciel clément,
en ce mois de décembre où l’harmatan se fait remarquer au nord Bénin.
Les griots Adamou Gnankpé de la commune de
Nikki, Soumaila Gnankpé du Nigéria, Barassounon Iliassou de Sinendé, Yerekou
Gountia de Ouassa Péhunco, Douarou Korokou de Bori, ou Sonkoro Korokou de
Bouanri, Issifou Abdoul Razack de Parakou et Alassane Gnangué de Bembèrèke...
chacun a mis du sien pour passer son message de paix, face à un public
enthousiasmé. A en croire Séïdou Barassounon, président de l’Association
Paroles d’Afrique, les griots sont l’épine dorsale de la communication sociale.
Ce sont des communicateurs culturels, traditionnels, dans les communautés, d’où
leur sollicitation pour la diffusion de messages de paix, dans un contexte où
l’insécurité dans la sous-région prend une proportion inquiétante, et la lutte
contre l’extrémisme violent et la radicalisation, devient une préoccupation de
taille pour les Etats notamment dans le Nord-Bénin où des atteintes à la
tranquillité publique sont de plus en plus fréquentes, plus particulièrement
dans les communes de Kalalé, Nikki, Pèrèrè et Tchaourou. « Les griots en dehors
de leur casquette de médiateur social, de détenteur du patrimoine culturel
immatériel, sont des gestionnaires des confits dans nos communautés. Voilà
pourquoi dans nos cours royales, le griot est à côté du roi, qui l’envoie
parfois dans les couples où il y a des difficultés. C’est pourquoi nous les
avons invités à cet espace de discussion interculturel sur la paix, et la
prévention contre l’extrémisme violent », a expliqué Séïdou Barassounon. Ainsi,
les griots, à travers leur art, ont sensibilisé à la paix, à la cohésion
sociale, au dialogue interculturel, à la tolérance interreligieuse,
interculturelle et inter-ethnique. Selon le maire de la commune de Kalalé, la
participation des griots nigérians à cette nuit des griots à Parakou, contribue
au renforcement des liens entre les peuples du Bénin et du Nigéria.