La Nation Bénin...
Plus
que trois mois et le Carnaval international de Ouidah (Cio) sera chose
effective. Wilfrid Houndjè, délégué général du Cio, fait, à travers cet
entretien, un point d’étape des préparatifs. Il exprime les attentes et besoins
de l’organisation. Mais surtout, lance un appel à la mobilisation de tous les
Béninois autour de l’évènement.
La
Nation : Du festival Kaléta au carnaval international de Ouidah, pourquoi
cette transition ?
Wilfrid
Houndjè : Nous avons créé et animé pendant 17 ans le festival le plus
populaire de la ville de Ouidah, ainsi que du département de l’Atlantique
qu’est le Festival des masques Kaléta. Toutes ces années nous ont permis
d’accumuler de l’expérience dans plusieurs domaines de l’animation artistique
et culturelle. Donc en créant le Carnaval international de Ouidah (Cio), pour
nous, c’est la facile continuité de ce que nous avons eu à faire lors de nos 17
ans à la tête du festival des masques Kaléta. Sauf qu’au Cio, il y a plus de
défis, parce que nous portons un évènement qui est ouvert sur l’international.
Que
symbolise ce carnaval pour pour Ouidah ?
Le
Carnaval international de Ouidah (Cio) est un évènement qui rallume les flammes
du passé glorieux de Ouidah. Nous étions la ville la plus animée du Bénin, nous
sommes jusqu’à présent la ville la plus visitée du Bénin. Nous avons été la
porte de sortie pour des milliers d’Africains. Aujourd’hui, on se doit d’être
la porte d’entrée. C’est ce qui explique la forte mobilisation des
Afro-descendants autour du Cio. Notre carnaval est un grand symbole de la
reconnexion de Ouidah avec ses enfants se trouvant à l’autre bout de la
terre.
Quel
est le niveau d’implication des grandes familles et collectivités de Ouidah
dans cette initiative culturelle ?
De ma
mémoire de jeune acteur culturel de Ouidah, c’est la première fois que je vois
un projet culturel porté par un privé, qui connait cet engouement au niveau des
différentes couches sociales de la population. Les têtes couronnées, les sages
et notables, les dignitaires de cultes, les chefs de famille et de collectivité
sont très engagés avec nous sur ce projet qui va valoriser et promouvoir les
pratiques culturelles et cultuelles dont ils sont les garants. Cette cible a
pris part à plusieurs de nos réunions préparatoires. Cette couche sera
fortement présente à la cérémonie d’ouverture et sera aussi de la parade
officielle. Nous continuerons la mobilisation. Tout Ouidah sera dans la rue
pour célébrer l’art et la culture.
Pensez-vous
déjà à l'après Cio ?
Nous
avons déjà donné notre preuve sur l’organisation successive de 17 éditions du
festival Kaléta, c’est-à-dire que nos projets s’inscrivent dans la durée. C’est
au fil des éditions qu’un carnaval acquiert de la notoriété. Donc, Ouidah aura
des éditions du carnaval après celle de décembre 2023. Ce pari sera gagné avec
l’implication de tout le monde, notamment les filles et fils de Ouidah qui ont
une obligation morale et spirituelle de faire connaitre Ouidah autrement en
dehors de notre passé lié à l’esclavage. Ceci passe par les grands projets
culturels ambitieux.
Ouidah
92 et Cio 2023. Rupture ou continuité ?
Le
Carnaval international de Ouidah est une deuxième édition d’une version
améliorée du premier Festival des arts et de la culture Vodun connu sur le nom
« Ouidah 92 ». Donc, c’est une continuité du projet et de la volonté
politique des organisateurs de Ouidah 92. Nous sommes aussi en contact avec
ceux qui ont été les organisateurs de ce grand projet pour Ouidah.
Quels
seront les temps forts du Cio 2023?
Le
Carnaval international de Ouidah (Cio) 2023 va s’articuler autour de plusieurs
grandes activités. On peut retenir les cérémonies et spectacles Vodun sur vingt
temples vodun tous les jours, des spectacles artistiques et culturels sur dix
sites de diffusion de produits culturels, des réalisations de graffitis sur 230
mètres linéaires de mur à Ouidah. On aura également le carnaval populaire du
Cio avec plus de 4 000 acteurs de scènes pour une parade inédite qui est
l’activité majeure du Cio, une projection cinématographique de film d’auteur
africain, le colloque scientifique sur le thème « Vodun, Pont entre
les nations ». De même, sont prévus
le marché des arts pour présenter le travail des artisans de Ouidah, le Fashion
show (défilé de mode pour promouvoir les tissus Indigo et tissés de Ouidah), la
fête de la gastronomie de Ouidah et de la diaspora noire, des visites
touristiques dans Ouidah et dans tout le Bénin.
Une
telle programmation n’appelle-t-elle pas des partenariats importants ?
C’est
déjà la ville de Ouidah, le premier partenaire. Le ministère du Tourisme, de la
Culture et des Arts, quelques ambassades accréditées au Bénin, des annonceurs
privés, les médias béninois et étrangers, etc. D’autres sont en discussion avec
nous pour finaliser le partenariat. Il faut dire que les sponsors s’engagent
vraiment quand on est proche de la date de la tenue de l’évènement. Mais pour
une bonne opération, l’idéal aurait été qu’ils se manifestent au plus vite pour
nous permettre de mieux nous planifier.
Quel
sera alors votre appel ?
Je
voudrais demander aux cadres et personnalités de Ouidah de s’impliquer dans
l’organisation de ce projet qui se veut être la deuxième édition de ‘’Ouidah
92’’ organisé depuis 31 ans pour notre ville. J’invite particulièrement le
président de la République en sa qualité de digne fils de Ouidah à nous
soutenir. Le Cio est une réponse à sa volonté politique de développer Ouidah à
partir du tourisme. Je voudrais aussi
inviter les autres délégations de carnaval à se joindre à nous pour la
célébration de la culture en partage. Nous avons à la date d’aujourd’hui 23
pays participants, ça va évoluer avant décembre. J’invite les
« Ouidaniers » qui sont au Bénin à venir arranger un peu leurs
maisons qu’on peut solliciter quand les hôtels seront en dépassement de
clients. Je demande aux bonnes volontés, de donner un peu de soutien au projet
puisque c’est de notre Ouidah qu’il s’agit. Enfin, j’invite tout le monde à
acheter le tee-shirt du Cio à porter le jour du carnaval populaire, le samedi
30 décembre 2023.
Un
message particulier pour l’Etat ?
Je ne
finirai pas sans prier l’Etat de jouer toute sa partition dans l’organisation
de cet ambitieux projet qui veut faire venir des milliers de touristes à
Ouidah. La question de la sécurité, celle du secours d’urgence, la fourniture à
plein temps d’électricité et d’eau, le renforcement de la qualité de l’Internet
pour permettre aux journalistes du monde de faire des directs, la question
d’hygiène dans la ville en cette période. Le monde nous attend sur ces défis.
Nous avons donc l’obligation de nous mettre ensemble pour réussir cet
évènement, car c’est le Bénin qui va gagner à travers la bonne organisation du
Cio 2023.