La Nation Bénin...
Si le dragage pilote au carrefour critique Djondji-Houncloun est un succès sur le plan technique, son déroulement laisse quelque peu un goût amer à une partie de la population dont les doléances à l’endroit des autorités sont restées lettre morte. « La population de Djondji est fâchée parce qu’elle n’a pas été associée aux travaux comme cela se doit ; elle n’est pas écoutée », fustige Théophile Obénakou, membre de l’association de développement local : l’Union pour le développement de Dondji (Uded-Miadjrado). « Le Comité de suivi mis en place par l’Union pour suivre les travaux et dont je suis le secrétaire général, a fait des suggestions qui n’ont pas été prises en compte », regrette-t-il. Il évoque, par exemple, l’emplacement de l’embarcadère - débarcadère installé non pas au lieu souhaité par les populations, mais plutôt sur la base de l’entreprise chinoise en charge des travaux.
« Ainsi, l’ouvrage construit à grands frais est un gâchis, puisqu’il n’est pas utilisé par les habitants du village », souligne Valère Aïmontché, membre de l’Uded.
Des membres de l'association pour le développement de Djondji plaident pour le dédommagement, suite aux désagréments causés par le dragage
La population riveraine a également souhaité, mais en vain, la construction de la clôture et la réfection de la toiture de l’école primaire publique, la construction de latrines et l’aménagement des pistes, le dédommagement des personnes affectées. « On ne nous a rien fait de tout cela. Nos parcelles sont occupées, les trous à poissons et les cocoteraies qui nous servaient de sources de revenus, sont détruits sans aucune compensation, entraînant le chômage de bon nombre de personnes », fustige Marc Akouété, organisateur de l’Uded-Miadjrado. « Pis, les tombeaux de nos parents et grands-parents sont piétinés sans égard », ajoute-t-il, tout furieux contre ce qu’il estime être une profanation.
« C’est bien de draguer la lagune, mais cela nous a créé peines, désolation et pleurs », se lamente Rita Ayaba Akouété, native de Djondji. Elle enchaîne : « Toutes nos activités sont bloquées. Nous sommes tous des citoyens de ce pays et nous avons des droits. Le minimum, c’était de faire quelque chose en direction des populations impactées par les travaux ».
Comme à Djondji, les cris de cœur s’élèvent à Houncloun et au-delà où sont entreposés des milliers de tonnes de sable à des endroits où se déroulaient les activités génératrices de revenus d'une frange de la population. « Malgré l’ensablement, il y a quelques activités qui se déroulaient mais qui sont hypothéquées avec les travaux de dragage », fait remarquer Théophile Agbofoun, natif de Dohi. « Si l’environnement qui doit permettre au riverain de faire son activité principale qu’est la pêche, est occupé par des travaux d’intérêt public, il faudrait en compensation, qu’on lui donne quelque chose pour sa survie pendant la période », insiste-t-il.
« Le drame, c’est qu’il n’y a pas eu assez de communication ou d’animation publique pour expliquer le bien-fondé de l’opération ; il n’y a pas eu d’information à large spectre pour permettre aux riverains concernés de savoir de quoi il est question», se désole Anselme Parfait Bidi, directeur exécutif de l’Ong Jeunesse engagée pour le développement de Grand-Popo (Jedgp).