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Réhabilitation du lac Ahémé et ses chenaux: Priorité aux initiatives de restauration à la base

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Le reboisement des berges lagunaires et le respect des interdits et tabous autour des divinités s'avèrent  incontournables dans la restauration des écosystèmes du lac Le reboisement des berges lagunaires et le respect des interdits et tabous autour des divinités s'avèrent incontournables dans la restauration des écosystèmes du lac

« Quand le lac va, tout va et quand les activités autour du lac sont bloquées, l’économie locale est asphyxiée », fait remarquer Jean-Placide Agbogba, conseiller communal à Kpomassè. Il souligne la nécessité d’adopter des pratiques vertueuses qui garantissent la pérennité des ressources du lac Ahémé. « Le lac peut retrouver ses lettres de noblesse, mais on ne doit plus gérer les ressources par hasard», estime-t-il, suggérant la mise en place de mécanismes et d’organes efficaces de gestion du lac intégrant les communautés. Pour lui, il est question, comme autour du lac Léman en Suisse, de recenser tous les pêcheurs qui auront une autorisation, et les types d’engins qu’ils doivent utiliser et de définir les horaires de pêche, les types de poissons et la quantité que chacun peut attraper.

Le général Félix Tissou Hessou abonde dans le même sens pour déplorer les mauvaises pratiques autour du lac, notamment la pollution des eaux par tous types de déchets, la destruction des forêts galeries, toutes choses qui ont eu pour conséquences la dégradation de l’écosystème du lac et son appauvrissement en ressources halieutiques et par conséquent la baisse des rendements. « Le gouvernement a commencé à abattre un travail colossal et nous devons l’encourager à poursuivre les autres phases », salue-t-il. Il ajoute : « Le reste revient à nous-mêmes : nous les riverains, nous les exploitants du lac. Nous avons l’obligation de respecter le lac pour ne pas retomber dans la même situation que vit le lac aujourd’hui ».

Les instruments de pêche tels que les filets à mailles fines mèdokpokonou, mandovi, Gbagba-Loulou, les barrages à nasses xa, les pièges à poissons faits à base des matériaux végétaux et installés souvent dans les couloirs de migration des poissons, piègent les sédiments vaseux et exacerbent l’envasement du lac, selon le chercheur Ernest Amoussou de l’université de Parakou. En outre, ajoute-t-il, la pollution du lac par les ordures ménagères, les métaux lourds, les huiles et hydrocarbures, les dérivés d’engrais chimiques et de pesticides et la pollution bactériologique par les matières fécales entraînent la disparition des poissons tels que Parachanna obscura (Hotrou en langue locale Pédah ou mina), et Dasyatis magarita (Ozouin) de la lagune côtière et du lac Ahémé.

Plusieurs autres espèces y sont introuvables, à l’instar de Heterotis niloticus (Houâ), Pseudotolithus senegalensis (Djoké), Galeoïdes decadactylus (Tchicoué), Caranx senegalensis (Pampanvi), Pomadasys jubelini (Kokouin), Epinephelus aeneus (Toboko), d’après les études et témoignages recueillis sur le terrain.

Malgré le dispositif réglementaire, les mauvaises pratiques ont encore cours et les contrevenants corrompent des agents de sécurité et des élus locaux pour continuer leur besogne, dénonce Antoine Apétoh Djossou dit « Tout Coule », premier vice-président de l’Union nationale des pêcheurs continentaux et assimilés du Bénin (Unapecab) et trésorier de la Fédération nationale des acteurs de pêche (Fenapêche).


Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 20 févr. 2024 à 06h14 Durée 3 min.