La Nation Bénin...
La mairie de Lokossa a mis à exécution, et ce pour la
première fois, la répression pour défaut de permis de construire. Cette action
inédite traduite par la pose, sur plusieurs chantiers, des banderoles d’avis de
suspension des travaux, fait grincer des dents dans les rangs des citoyens. En
face, la mairie et le conseil communal apaisent mais n’entendent pas faire
machine arrière.
Des banderoles d’avis de suspension des travaux sont apposées depuis quelques jours à Lokossa sur plusieurs chantiers de construction de bâtiments à usage d’habitation. L’acte est signé de l’hôtel de ville pour réprimer le défaut de permis de construire. « Vous démarrez votre construction, on se lève du jour au lendemain, on vient poser une banderole soi-disant que vous n'avez pas le permis de construire. Sincèrement, ce n’est pas bon. Si on doit faire quelque chose du genre, il faut au préalable sensibiliser la population et à maintes reprises », s’indigne Ghislain Aïnassè, instituteur de profession. Il n’est pas le seul à être surpris par cette action de la mairie. De nombreux autres citoyens sont allés exprimer leur mécontentement à l’Association de développement de l’arrondissement de Lokossa (Adal) en vue de susciter son intervention auprès des autorités locales. Les griefs formulés à l’encontre de la mairie se résument à l’absence d’une large campagne de sensibilisation préalable. Rémy Sossou, président de l’Adal, confie que sous la pression des concernés, il a dû se rendre à la mairie pour en discuter et inviter à revoir la démarche. La mesure relative au permis de construire, reconnaît-il, existe depuis plusieurs années, bien avant l’avènement du conseil communal de la quatrième mandature en cours.
Un vide à combler
En prenant la décision de faire appliquer la mesure, explique Norbert Gangbédji, premier adjoint au maire de Lokossa, le conseil communal veut amener la commune à réduire son retard en ce qui concerne les lois régissant le secteur de la construction au Bénin. « Nous avons remarqué au niveau de la 4e mandature que c'est un vide qu'il faille corriger », appuie-t-il. Pour lui, Lokossa, en passant de ville secondaire à ville à statut intermédiaire, doit intégrer certaines bonnes habitudes. « Il faut que nous commencions par mettre les choses aux normes », insiste Norbert Gangbédji. Mais c’est sans nier le déficit de sensibilisation avant la phase répressive qui fait grincer des dents. Le premier adjoint au maire indique que tout en poursuivant l’opération de répression, il sera organisé des séances de sensibilisation avec des négociations de moratoires pour le paiement des redevances dues. Lesquelles séances aborderont également la sensibilisation sur le permis de démolir. « Nous avons, à la fois, acté le permis de construire et le permis de démolir au cas où l'infrastructure ne correspondrait pas aux normes, à l'expertise technique», prévient le conseiller communal. Ghislain Innocent Kodo, directeur des Affaires domaniales et environnementales de la mairie de Lokossa, souligne que le permis de construire est un acte administratif par lequel le maire délivre une autorisation pour des opérations immobilières suivant des prescriptions techniques, législatives et réglementaires en matière d'urbanisme. Cette mesure est portée par le décret 2020-56 du 6 février 2020 portant réglementation du permis de construire et du permis de démolir en République du Bénin. La mise en œuvre de ce décret à Lokossa, fait-il valoir, est une volonté manifeste du Conseil communal, quatrième mandature. A l’en croire, la pose des banderoles d’avis de suspension a permis de ramener les personnes concernées dans les locaux de la mairie pour les renseigner sur les pièces requises et leur faire comprendre l'enjeu. « Nous leur expliquons le bien-fondé du permis de construire et l'ambition de Lokossa de passer de la catégorie intermédiaire à une ville à statut particulier ». Des messages qui, à l’en croire, sont bien accueillis. Il en veut pour preuve, l’accélération des procédures de régulation au niveau des chantiers épinglés. « Certains ont déjà envoyé leurs dossiers à la Commission communale d'urbanisme qui va les traiter », confirme Ghislain Innocent Kodo.