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Bien-être des populations de Banikoara: Relais et agents de santé communautaires qualifiés, maîtres du terrain

Société
Ces relais communautaires sont des actrices essentielles de la promotion de la santé et de la prévention des maladies au  niveau communautaire Ces relais communautaires sont des actrices essentielles de la promotion de la santé et de la prévention des maladies au niveau communautaire

A Sompérékou, commune de Banikoara, les relais communautaires et agents de santé communautaires qualifiés (Ascq) parient sur les aspects préventifs et curatifs des soins de santé à la base. Ils marquent positivement leur terrain à la lumière des résultats obtenus pour le bien-être des communautés. Leur mobilisation contribue aux efforts conjugués du gouvernement à travers la ligne ’Fadec santé communautaire’’, de l’Unicef, du Fonds Muskoka, de Gavi, et d’autres partenaires, tels que Kfw, l’Usaid, le Fonds mondial, l’Uf…

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 08 avr. 2025 à 08h16 Durée 3 min.
#santé communautaires

L’arrondissement de Sompérékou, commune de Banikoara, pète la forme. Quelques années plus tôt, avant l’avènement de la politique ‘’One health (une seule santé)’’, il était presque livré à lui-même en ce qui concerne les connaissances basiques sur la gestion durable d’une vie saine et le bien-être.

Dans la localité, les messages de sensibilisation, les visites à domicile, les suivis rigoureux des populations en matière de soins de santé, donnent du sens au travail des relais communautaires et des agents de santé communautaire qualifiés (Ascq). Le tandem se déploie au quotidien pour relever le niveau de connaissances des populations sur les questions de soins de santé.

« Le rôle des relais communautaires et des Ascq, c’est de contribuer à promouvoir toutes les thématiques relevant du domaine des enfants et du bien-être communautaire », soutient Noélie Guézo, chargée de la santé communautaire à l’Unicef.

Expérimentés dans leurs domaines respectifs, chaque acteur respecte son couloir d’intervention afin d’atteindre les objectifs qui lui sont fixés. Les premiers se positionnent comme les répondants directs des communautés en ce qui concerne le volet prévention tandis que les seconds viennent à la rescousse sur le volet curatif à domicile.

Issifou Moumouni, relais communautaire maîtrise son terrain. Sa mission, visiter différents ménages pour s’assurer de l’état de santé de tous. Il communique facilement avec les communautés sur tous les aspects de l’hygiène et de la santé. Le cœur de sa cible, les enfants.

A Sompérékou, comme dans d’autres arrondissements de Banikoara, les relais communautaires sont présents sur différents fronts pour soutenir l’approche ‘’une seule santé’’, projet du gouvernement, appuyé par l’Unicef et plusieurs partenaires.

Cette approche se positionne comme une réponse diligente aux affections courantes. Les sensibilisations à l’endroit des populations permettent de réduire les maladies les plus fréquentes telles que le paludisme, les infections respiratoires aiguës chez les enfants de moins de cinq ans, la diarrhée et la conjonctivite, notamment pendant l’harmattan. Un motif de soulagement pour le vieux Farouk Taïrou, père de famille. « Nous remercions le gouvernement pour tous ses efforts à travers sa nouvelle politique de santé communautaire grâce à laquelle les relais communautaires viennent dans nos ménages pour nous prodiguer de précieux conseils en matière de santé. Autrefois, nous dépensions beaucoup d’argent dans la santé, mais grâce à leur présence, la donne a changé », témoigne l’octogénaire. 

Intermédiaires hôpital et communautés

Les relais communautaires servent d’interface entre les communautés et les centres de santé. Depuis leur avènement, l’ignorance a cédé la place à la connaissance au niveau des populations. « Depuis qu’ils sont là, nous avons moins de difficultés à suivre nos soins hospitaliers. Il arrive parfois qu’ils nous conduisent eux-mêmes vers les centres de santé en nous expliquant la conduite à tenir pour le suivi des soins. Ils s’impliquent réellement dans la promotion de notre bien-être », poursuit Farouk Taïrou.

Hors des domiciles, on retrouve ces acteurs sur la place publique pour des causeries éducatives. Ces séances consistent à regrouper des individus d’une communauté dans un lieu public pour les entretenir sur une thématique donnée.

La règle n’a pas varié, ce vendredi 20 décembre 2024, au village de Kégamarou. Au milieu d’un groupe composé majoritairement de femmes, on retrouve Issifou Moumouni entretenant sa cible sur l’importance de l’allaitement maternel exclusif. Les participantes à sa séance explicative et démonstrative en sont sorties outillées. « Le relais nous a montré la fréquence et la position que les mères doivent adopter pour allaiter leurs bébés. Le bébé doit téter autant de fois qu’il le désire », explique une femme en langue du milieu. 

Une nuance tout de même. Les relais communautaires ne sont pas des professionnels de santé, mais ils ont une connaissance assez large de la santé communautaire et opèrent comme de véritables chefs de terre sur leurs terrains respectifs.

Dans l’organigramme, ils viennent après les agents de santé communautaire qualifiés (Ascq) au niveau des arrondissements. Ceux-ci sont chargés de renforcer les capacités des relais dans toutes les thématiques et ont à charge le volet curatif des soins de santé de base. 

Aliou Sabi Bassè, agent de santé communautaire qualifié (Ascq) de l’arrondissement de Sompérékou, est un agent dévoué.

« Je suis infirmier. Mon travail consiste à superviser les relais communautaires. Nous assurons la bonne évolution du continuum de soins dans les centres de santé et en communauté. Nous prenons en charge les cas simples de maladie dans les rangs des enfants de moins de cinq ans en communauté sur la base du constat (diagnostic) du relais communautaire », explique-t-il.

Sompérékou compte 46 relais communautaires sous sa responsabilité. Son objectif, parvenir à les superviser tous avant chaque fin du mois et superviser huit séances de causeries éducatives.  « Il m’arrive de faire des visites inopinées dans certaines maisons pour constater le travail des relais communautaires tout en évaluant leur qualité », poursuit-il.  

Le deuxième volet de son travail consiste à faire le suivi groupé des relais communautaires tous les mois. Dans le cadre de la santé communautaire, un suivi groupé permet de réunir tous les acteurs de la politique ‘’une seule santé’’, (approche promue par le gouvernement, qui regroupe les acteurs de la santé humaine, animale, environnementale et sociale), dans un seul endroit afin de discuter des évolutions et des défis de la santé communautaire.

« Le suivi groupé renforce nos capacités. A cette rencontre, nous faisons un inventaire de nos activités et énumérons les difficultés que nous rencontrons sur le terrain ainsi que les approches de solutions », apprécie Katoumi Séko Yo, relais communautaire à Kégamarou, arrondissement de Sompérékou.

Pour l’Unicef, l’approche ‘’One Health’’ bouscule les habitudes. « Après un an et demi de mise en œuvre de la politique de la santé communautaire, nous avons constaté que la fréquentation des centres de santé par les communautés a évolué, certaines pathologies ont régressé et la question de l’hygiène est prise au sérieux », se réjouit Noélie Guézo, chargée de la santé communautaire à l’Unicef.   

Choix de développement sanitaire 

C’est en mai 2020 que le gouvernement a adopté la politique nationale de santé communautaire. La plateforme reconnaît le lien étroit entre les personnes, les animaux et l’environnement et prône une stratégie intégrée et unifiée contre les menaces sanitaires, animales et des écosystèmes.

L’Unicef est l’un des alliés de première heure. « L’Unicef s’est positionnée très tôt pour accompagner le gouvernement. De six communes au départ  (Malanville, Banikoara, Bembèrèkè, Sinendé, Nikki et Kalalé), l’Unicef accompagne le gouvernement aujourd’hui dans tout le Borgou et l’Alibori et dans quatre communes du Zou, avec l’aide d’autres partenaires », détaille Noélie Guézo. 

La santé communautaire permet de renforcer les systèmes de santé locaux tout en réduisant la charge des maladies. Approche essentielle pour atteindre l’objectif de la santé pour tous, elle nécessite un engagement fort du gouvernement, des partenaires au développement, des communautés elles-mêmes et de la société civile.

NB : Production soutenue par l’Unicef dans le cadre de la mission « Presse en urgence »