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Décentralisation: Conflit territorial entre Porto-Novo et Akpro-Missérété

Société
Par   Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau, le 10 févr. 2017 à 06h45

Le torchon brûle entre le maire de Porto-Novo, Emmanuel Zossou et son homologue d’Akpro-Missérété, Michel Bahou. Les deux autorités disputent une partie du territoire du quartier Danto. Une réunion de crise est prévue ce vendredi 10 février entre elles, avec la participation de Me Adrien Houngbédji, président du Parti du renouveau démocratique (Prd) dont sont issus les deux maires.

Après la bataille, il y a quelques années autour du cimetière de Danto qui est tombé par la suite dans le giron d’Akpro-Missérété, en voici encore une autre qui oppose toujours cette commune à Porto-Novo. Il s’agit de la localité de « Danto Les palmiers », un territoire du quartier Danto dans l’arrondissement de Vakon, commune d’Akpro-Missérété. Il partage la même frontière avec le quartier Akonaboè situé dans le cinquième arrondissement de Porto-Novo. Cette portion de terre fait l’objet de litige entre les mairies de Porto-Novo et d’Akpro-Missérété. La tension est monté d’un cran mercredi 7 février dernier. Tout est partie de l’opération d’immatriculation des maisons entreprises par la mairie de Porto-Novo. Plusieurs centaines d’habitations de «Danto Les palmiers» ont été immatriculées par les agents de la mairie qui considèrent celles-ci comme étant sur le territoire d'Akonaboè. Les maisons du chef de quartier et du chef d’arrondissement de Vakon ont même été adressées les faisant passer comme habitants de Porto-Novo.

Ce qui n’a pas été du goût d’une frange de la population qui dénonce «une supercherie» de Porto-Novo. Certains habitants ont décidé dès lors d’effacer les immatriculations écrites sur leurs portails. Ils n’ont pas épargné aussi le domicile du maire Emmanuel Zossou qui serait aussi sur le territoire de Danto et non à Akonaboè. Ils ont effacé l’immatriculation de la maison qui sera ensuite réinscrite sur instruction du maire de Porto-Novo par les agents en charge de l’opération d’adressage. Face à la furie des populations, le chef quartier de Danto, Martial Ahouanhodé a dû informer le maire d’Akpro-Missérété qui s’est dépêché sur les lieux pour s’enquérir de la situation. Il a visité toute la zone frontalière c’est-à-dire les quartiers Danto, Sohomè et Gouakokotokomey qui unit les deux collectivités territoriales.

Le maire Michel Bahou a fait appel au chef brigade d’Akpro-Missérété pour constater avec lui l’incursion de la mairie de Porto-Novo sur son territoire. Mais pour le chef quartier de Danto, le territoire querellé ne souffre d’aucune ambigüité. Il appartient bel et bien à Danto. Des kaïlcédrats ont été plantés pour délimiter les deux territoires. Mieux, à en croire le chef quartier, le maire d’Akpro-Missérété a adressé plusieurs correspondances à son homologue de Porto-Novo pour prévenir cette situation conflictuelle. Cette lettre proposait une séance de concertation entre les deux mairies, les différents chefs quartiers concernés et les cabinets géomètres qui ont fait le lotissement sur le terrain. Ces différentes correspondances, dont la dernière date du 7 juin 2016, sont restées lettres mortes, dénonce Martial Ahouanhodé. Menacés sur le terrain, les agents chargés de l’immatriculation ont alerté le maire Emmanuel Zossou qui n’était pas aussi loin de la zone querellée. Il est venu avec le commissaire central de Porto-Novo qui a tenté de calmer avec le chef brigade d’Akpro-Missérété les populations. 

Face à l’escalade de violence verbale de part et d’autre, le commissaire central de Porto-Novo a demandé la suspension des travaux d’immatriculation des maisons sur le territoire querellé. Les deux maires devront se retrouver avec les services compétents pour qu’un terrain d’entente soit trouvé. La tension était encore vive ce jeudi 9 février à « Danto Les palmiers ».
Aux dernières nouvelles, des indiscrétions renseignent que le président du Prd a convoqué les deux maires Tchoko-Tchoko pour une réunion de crise ce vendredi 10 février à son domicile à Porto-Novo. Me Adrien Houngbédji aura à calmer les ardeurs et trouver une solution à cette situation qui n’honore pas son parti sur le terrain. Les regards sont alors tournés vers l’issue de cette rencontre politique.