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Dr Kenneth Harris Jr. : Parcours d’un journaliste-policier afro-américain

Société
Dr Kenneth Harris Jr. Dr Kenneth Harris Jr.

Homme des médias d’abord et policier par la suite, Dr Kenneth Harris Jr. est l’une des rares figures à manier à la fois arme et micro radio/télé. Son expérience dans la presse lui a permis de servir de pont entre son département de police et les journalistes. Voici l’itinéraire peu ordinaire de cet homme des médias et lieutenant de police à la retraite, rencontré en septembre 2024 à 620 Wtjm, une station radio de Milwaukee, aux Etats-Unis.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 11 févr. 2025 à 08h54 Durée 3 min.
#presse

« Je totalise 42 ans de radio et de télévision, et j’ai passé environ 30 ans dans les forces de l’ordre ». Dr Kenneth Harris Jr, journaliste et lieutenant de police à la retraite, et par ailleurs, descendant d’esclaves déportés en Amérique dont les origines semblent liées au Dahomey (Bénin), est l’un des rares journalistes au monde, exerçant dans la police, sans pour autant faire une croix sur les médias. Loin d’être un film d’espionnage, son histoire est fascinante et suscite curiosité et interrogations chez ses jeunes confrères africains, bénéficiaires du Programme de leadership des visiteurs internationaux (Ivlp 2024) de passage dans les locaux de Wtjm radio à Milwaukee (Etats-Unis). Pour ces derniers, Dr Kenneth Harris est un spécimen de journaliste qui ne court pas les rues, du fait de son manteau d’ancien officier des forces de l’ordre.

Grand de taille, énergie débordante et toujours attentionné, Dr Kenneth Harris Jr. est animateur de talk-show à 620 Wtjm radio à Milwaukee dans l’Etat de Wisconsin. Professionnel rompu à la tâche, il est connu pour sa capacité à faire la part des choses entre ses deux métiers. Il a su s’imposer dans son environnement de travail, notamment dans les médias, ce qui lui vaut respect et admiration.

Son contact avec le monde des médias a débuté quand il était encore étudiant à l’Université d’Etat de l’Illinois où il a obtenu son baccalauréat ès sciences en Communication de masse et radiodiffusion. A cette époque, il a officié dans une station radio locale dans les secteurs de l’université, avant de passer, plus tard après d’autres radios, à la station Wgn à Chicago, l’une des plus grandes de l’Etat où il a pu encore forger son expérience.

Chemin faisant, il a commencé par faire également de la production audiovisuelle, de films. Mais ceci ne lui convenait plus. Après des réflexions, il décide de faire un break. Profitant de ces moments de pause, il donne vie à un autre de ses rêves: devenir policier à l’instar de certains membres de sa famille, pour continuer à servir la société, défendre les intérêts de son pays.

Fuir le vice…

Devant Dr Kenneth Harris Jr., dans les locaux de Wtjm, ses confrères Ivlp tentaient de bien comprendre pourquoi il a décidé de porter l’uniforme policier. Une partie des échanges se focalise alors sur les motifs qui sous-tendent sa décision. L’ancien officier de police informe qu’il a enfilé l’uniforme en raison du mode de vie dans son environnement de travail, qui n’était pas en cohérence avec son éducation et sa foi chrétienne.

« Je suis né dans une église chrétienne, et il y avait des choses qui ne me convenaient pas dans le monde de la production de films. C’est pourquoi j’ai pensé que j’allais prendre une pause […]. J’ai toujours pensé à travailler dans la police, parce que d’autres membres de ma famille étaient dans la police », explique-t-il. De Chicago où il est né et a grandi, c’est finalement à Milwaukee qu’il sera recruté dans la police. « J’ai postulé au niveau de l’Illinois mais cela n’a pas prospéré. Et un ami m’a dit qu’il y avait un appel à candidatures à Milwaukee qui est à une heure et demie de distance. Après avoir postulé, j’ai été retenu et j’ai intégré l’université de la Police ; c’était en 1993 », détaille Dr Kenneth Harris Jr.

C’est ainsi que l’homme des médias devient également un flic, avant de faire valoir ses droits à la retraite en 2017, en qualité de lieutenant de police. « Mais pendant que je faisais ça, j’ai toujours travaillé pour des radios et de temps en temps pour les réseaux sportifs. Je n’ai jamais vraiment quitté le journalisme et les médias, parce que j’aimais absolument ça », affirme-t-il avec enthousiasme.

Dr Harris est une tête pensante, toujours en quête de savoirs et de compétences comme le lui ont inculqué ses parents et grands-parents. Avide de connaissances, il retourne à l’université, pendant qu’il était toujours policier. Il obtient une licence en gestion de la justice pénale, un Mba en finance et gestion des risques de l’Université Concordia dans le Wisconsin, un doctorat en études de leadership de l’Université Marian, un certificat en diversité et inclusion à Cornell University Ilr School. Il est aussi enseignant à l’Université de Concordia (Wisconsin).

Ces nouvelles expériences n’ont pas pu l’éloigner du micro. En 2023, l’émission de Dr Kenneth Harris Jr. a reçu le prix du meilleur talk-show, décerné par Wisconsin broadcaster association.

Pendant qu’il était encore dans la police, Dr Kenneth Harris Jr. jouait à un moment donné le rôle d’interface entre son service et les journalistes spécialistes de faits divers. « Lorsque je servais comme officier des informations publiques au département de la police, je travaillais avec les médias tout le temps. J’avais développé une relation où ils comprenaient et moi aussi je comprenais où il fallait faire la différence entre le policier que je suis, et non pas le journaliste, et les journalistes qu’ils sont. […] Ce que j’ai pu faire, c’est utiliser ma formation dans les médias pour créer une relation entre eux. Et comme je parlais le même langage qu’eux, j’étais capable de communiquer avec eux. Ce que mes autres collègues ne pouvaient pas faire… », indique l’officier de police à la retraite.

Descendant d’esclaves déportés aux Etats-Unis, Dr Kenneth Harris Jr. découvre que sa famille serait originaire du Dahomey (actuel Bénin), et peut-être de la commune de Porto-Novo ou ses encablures. Il rêve alors d’en avoir la certitude et surtout de retrouver sa famille au Bénin. Il pense également que la loi accordant la nationalité béninoise aux Afrodescendants qui en remplissent les conditions, est aussi une aubaine pour lui.