La Nation Bénin...
À la veille du choc
Bénin–Nigéria comptant pour le dernier tour qualificatif de la CAN féminine
Maroc 2026, le sélectionneur des Amazones, Ouzérou Abdoulaye, s’est confié en
conférence de presse. Calme, lucide et ambitieux, il croit en la capacité de
son groupe à déjouer les pronostics face aux Super Falcons, tout en posant les
bases d’un projet durable pour le football féminin béninois.
La Nation : Comment avez-vous
préparé la rencontre de ce vendredi face au Nigéria, et quelles sont vos
attentes ?
Ouzérou Abdoulaye : « Nous
avons préparé ce match comme d’habitude. Ce n’est pas parce que c’est le
Nigéria que nous devons changer nos habitudes ou nous mettre une pression
inutile. Le programme de préparation a débuté il y a un peu plus de vingt jours
avec les joueuses du championnat national. Par la suite, celles évoluant à
l’étranger nous ont rejoints. Même si certaines, comme Lucie Tangué, ne sont
arrivées que lundi, leur expérience facilite l’intégration. Les locales ont
déjà bien assimilé nos principes de jeu. Nous savons qui est le Nigéria et où
nous nous situons. Nous respectons cette grande équipe, mais nous venons avec
ambition, sans complexe. Nous voulons entrer dans l’histoire, sans pression, en
jouant avec plaisir et exigence. »
Le Bénin vient d’affronter le
Nigéria chez les hommes. Peut-on établir un parallèle avec ce duel féminin ?
« Je ne pense pas. Ce sont
deux contextes différents. Les Guépards et les Super Eagles évoluent dans un
autre univers que les Amazones et les Super Falcons. Il ne faut donc pas
comparer. Nous avons préparé ce match avec sérénité, en étudiant bien notre adversaire.
Le Nigéria est redoutable, mais nous progressons. Le football féminin béninois
a beaucoup évolué. C’est la première fois que nous atteignons ce stade des
éliminatoires. Les U17 et U20 ont aussi brillé. Tout cela montre qu’il y a un
travail de fond. Nous voulons désormais nous installer durablement parmi les
meilleures nations africaines. »
Vous jouerez à Lomé, et non à
Cotonou. Cela change-t-il quelque chose pour vous ?
« C’est vrai, nous aurions
aimé jouer à domicile. Mais nous connaissons bien Lomé. Nous y avons souvent
gagné, que ce soit avec les U20 ou les A. Nos supporters feront le déplacement,
donc pour moi, Lomé ou Cotonou, c’est pareil. Nous nous sentons chez nous. »
Une nouvelle joueuse, Alicia
Assogba, rejoint le groupe. Quelle est votre impression ?
« Alicia, je la suis depuis
près d’un an. Son arrivée s’inscrit dans notre vision à moyen terme : bâtir une
équipe compétitive et durable. Nous voulons intégrer des jeunes talents de 16 à
21 ans pour assurer la relève. Le football féminin nécessite d’anticiper, car
les carrières y sont plus courtes. Nous avons besoin de renouveler constamment
le groupe pour rester compétitifs. »
Quelle plus-value apportent
les expatriées par rapport aux locales ?
« Sans manquer de respect aux
entraîneurs locaux, il existe une différence de formation. Les filles formées
en Europe ont une avance technique et tactique évidente. Elles servent de
relais sur le terrain et tirent vers le haut leurs coéquipières du championnat
national. Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir des joueuses béninoises à
l’étranger. Autrefois, il fallait regarder du côté du Nigéria. Désormais, ce
n’est plus nécessaire, et c’est une vraie richesse pour nous. »
Quelle identité de jeu
souhaitez-vous adopter face au Nigéria ?
« J’aime le jeu haut, la
possession et la domination. Mais je sais que face au Nigéria, ce ne sera pas
possible de la même manière. Il faut savoir s’adapter à l’adversaire et aux
profils disponibles. Ce sera un match différent, mais cela ne me dérange pas.
L’essentiel est de rester cohérent et compétitif. »
L’absence d’Aude
modifie-t-elle votre approche du match ?
« Oui, un peu. C’est une
joueuse importante, et son absence crée forcément un vide. Mais nous nous
adaptons. Les filles ont envie de poursuivre l’aventure pour elle. Les jeunes
progressent vite, techniquement et mentalement. Aujourd’hui, je suis plus serein
qu’avant : le Nigéria a la pression, pas nous. »