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Loukman Nassirou, président de la Fbsama: « Nous voulons hisser le sport pour aveugles béninois à un niveau international »

Sports
Loukman Nassirou président de la Fbsama Loukman Nassirou président de la Fbsama

Créée dans le sillage des réformes du Comité national paralympique du Bénin (Cnp-Bénin), la Fédération béninoise du sport pour aveugles et malvoyants (Fbsama) a organisé en octobre dernier, son tout premier championnat national. Son président et membre du Cnp-Bénin, Loukman Nassirou, revient sur cette aventure institutionnelle et dévoile ses ambitions pour le para-sport béninois.

Par   Abdul Fataï SANNI, le 04 nov. 2025 à 12h48 Durée 2 min.
#para-sport béninois

La Nation : La Fbsama a organisé son tout premier championnat national. Comment êtes-vous arrivés à cette étape ?

Loukman Nassirou : Avant de répondre à votre question, permettez-moi de souligner que la Fédération béninoise du sport pour aveugles et malvoyants (Fbsama) a pour mission de promouvoir et de structurer la pratique sportive pour les personnes aveugles et malvoyantes sur toute l’étendue du territoire national. Et l’organisation du tout premier championnat national est le fruit d’un long processus. Tout a commencé avec les réformes initiées par le Comité national paralympique du Bénin (Cnp-Bénin), elles-mêmes issues de nos instances internationales. Ces réformes ont ouvert la voie à la création de fédérations autonomes pour chaque discipline du para-sport. Après des échanges avec le ministère des Sports, nous avons obtenu leur accord officiel pour fonctionner en tant que fédération indépendante. Le ministère a d’ailleurs veillé à ce que notre structure ne concurrence pas le Cnp-Bénin mais le complète dans sa mission. Nous avons alors constitué une fédération avec sept clubs fondateurs répartis sur le territoire. Ces clubs ont travaillé en synergie pour mettre en place le comité exécutif fédéral de la Fbsama et définir nos orientations stratégiques. Après avoir franchi toutes les étapes administratives, nous avons obtenu la reconnaissance légale. C’est fort de cette légitimité que nous avons pu lancer notre premier championnat national, avec l’appui du ministère des Sports et du Cnp-Bénin.

Justement, comment ces clubs se sont-ils organisés pour arriver à ce niveau ?

Les clubs ont d’abord constitué la base de la fédération. Ce sont eux qui ont élu les membres du bureau exécutif. Ensuite, pour assurer la cohésion et la circulation de l’information, nous avons mis en place différents forums de travail à travers un forum des associations et clubs affiliés, un forum des techniciens et entraîneurs, et un forum du comité exécutif fédéral. Ces espaces d’échanges, que nous animons principalement sur WhatsApp et lors de réunions en ligne, permettent de maintenir une dynamique constante malgré les distances géographiques. Grâce à cette organisation, nous avançons unis vers les mêmes objectifs.

Quels sont les principaux objectifs fixés pour ce premier championnat ?

Deux objectifs prioritaires ont été fixés. Le premier est de renforcer l’équipe nationale masculine de goalball, déjà opérationnelle depuis l’année dernière. Ce championnat nous a permis d’identifier de nouveaux talents afin de préparer notre participation au Championnat d’Afrique de goalball, prévu en décembre prochain en Egypte, qualificatif pour le Mondial 2026 en Chine. Le deuxième objectif, et non le moindre, est de mettre sur pied une équipe nationale féminine. Pendant longtemps, les femmes ont été peu représentées dans le para-sport béninois. Nous avons travaillé à les inciter à s’engager davantage. A l’issue du championnat, une sélection féminine sera constituée afin de participer dès l’année prochaine au Championnat d’Afrique féminin de goalball au Ghana.

Quels sont les défis majeurs auxquels votre fédération est confrontée ?

Le premier grand défi, c’est d’assurer notre participation réussie à la Coupe d’Afrique des Nations de goalball en Egypte. Cet événement est crucial, car il détermine la qualification pour le championnat du monde. Nous visons une place parmi les quatre meilleures nations africaines. Mais au-delà du goalball, nous développons d’autres disciplines notamment l’athlétisme, le football des aveugles (cécifoot), le judo, la pétanque, le para-karaté et le tennis de table. Nous avançons progressivement, car il nous faut des moyens et des formateurs qualifiés. A ce propos, nous avons conclu un partenariat avec la Direction technique nationale du cécifoot français. Des entraîneurs étrangers viendront en décembre à Allada pour une formation sous régionale, qui rassemblera des délégations du Sénégal, du Maroc, du Cameroun, du Niger et du Bénin. Cette initiative renforcera les capacités techniques de nos entraîneurs locaux et nous permettra de constituer une véritable équipe nationale de football pour aveugles. Ensuite, d’autres experts interviendront dans la pétanque adaptée et le para-tennis de table, afin de diversifier notre offre sportive.

Avez-vous un message à adresser aux acteurs du sport pour personnes handicapées ? 

Je tiens à féliciter le gouvernement du président Patrice Talon. En quelques années, des avancées considérables ont été réalisées dans le domaine du para-sport. Grâce à la vision du chef de l’Etat et à l’appui constant du ministère des Sports, notre fédération a pu voir le jour et se structurer. Je voudrais aussi exprimer toute ma reconnaissance au président du Cnp-Bénin pour son dynamisme et son engagement. C’est grâce à lui que les réformes ont pu être appliquées avec succès. Mon message aux athlètes et techniciens est simple. Croyez en vous, engagez-vous et persévérez. Nous sommes désormais une fédération autonome, reconnue, soutenue par le gouvernement et prête à hisser le sport pour aveugles à un niveau international. J’en appelle aussi aux médias. Vous avez un rôle essentiel dans la visibilité du para-sport. Votre couverture nous aide à sensibiliser le public et à changer les perceptions sur le handicap. Enfin, je lance un appel aux directeurs des centres spécialisés et des écoles accueillant des personnes déficientes visuelles. Aidez-nous à identifier et à orienter les jeunes vers la pratique sportive. Le sport est un puissant vecteur d’inclusion et de développement personnel.

Un dernier mot ?

Je dirai simplement que nous sommes à un tournant décisif. Ce premier championnat n’est qu’un début. Nous voulons bâtir des équipes fortes, compétitives et fières de porter les couleurs du Bénin. Notre ambition est de faire du sport pour aveugles et malvoyants un modèle d’excellence et d’inclusion en Afrique de l’Ouest.