La Nation Bénin...
Lors d’une séance d’échanges tenue à Cotonou, l’expert régional Mouhamadou Chabi Talata a rappelé l’importance de l’encadrement parental dans la construction sportive et scolaire des jeunes athlètes. Une rencontre dense, qui a permis de dissiper les inquiétudes et d’ouvrir un dialogue structurant avec les familles. Dans cette interview, l’expert Mouhamadou Chabi Talata a exposé, avec pédagogie, les responsabilités essentielles des familles dans la réussite des futurs talents.
La Nation : Monsieur Chabi Talata, vous avez réuni, il y a quelques semaines, à Cotonou, les parents des jeunes athlètes issus des centres d’entraînement du Littoral et de l’Atlantique. Quel était l’objectif principal de cette séance de travail ?
Mouhamadou Chabi Talata : Avant tout, permettez-moi de remercier la presse pour son engagement constant en faveur du sport béninois. Sans vous, nombre d’actions menées sur le terrain resteraient invisibles, et les valeurs que nous défendons auraient du mal à se diffuser. La rencontre organisée, il y a quelques semaines, s’est inscrite dans la dynamique de transparence et de collaboration. Nous avons organisé un séminaire de sensibilisation spécifiquement dédié aux parents. Avec l’essor du projet national de développement du sport d’élite, impulsé par le chef de l’Etat, les centres d’entraînement et les structures de formation se multiplient. Il devenait essentiel de structurer davantage l’écosystème. Et lorsqu’il s’agit d’enfants, il est impossible d’avancer sans impliquer pleinement les familles. Le soutien parental est un pilier central, tant dans la progression sportive que dans la réussite scolaire.
Et vous avez observé une participation active des parents. Comment avez-vous perçu leur réceptivité ?
Je dois dire que leur engagement a été une véritable source de satisfaction. C’est exactement ce que nous recherchions. Un dialogue ouvert, des questions, parfois des inquiétudes, mais surtout une volonté de comprendre. Depuis quelque temps, nous constatons en effet certaines réticences. Lorsque survient un échec scolaire, le sport est souvent pointé du doigt. Or, comme nous l’avons démontré avec mes collègues, sur les 168 heures que compte une semaine, un enfant ne consacre qu’entre cinq et huit heures à la pratique sportive. Il est donc incohérent d’expliquer un échec scolaire uniquement par le sport. Les parents ont été sensibles à ces explications. Nous leur avons également présenté les trois rôles fondamentaux qui leur incombent notamment celui de modèle, celui d’interprète du monde qui entoure l’enfant, et celui de gardien des expériences formatrices. Les comportements observés dans l’environnement familial influencent fortement les choix et la discipline des jeunes. C’est pourquoi, nous insistons sur la cohérence éducative et l’importance d’un encadrement stable.
Vous avez également évoqué les différentes phases de développement de l’athlète…
Absolument… Il est indispensable que les parents comprennent ce que représente l’évolution d’un jeune sportif. De la phase d’initiation jusqu’aux étapes plus avancées notamment entre 15 et 17 ans, lorsque les premières opportunités de club, de compétitions nationales ou internationales apparaissent, les besoins changent. Chaque période implique un niveau d’investissement différent, qu’il soit matériel, émotionnel ou organisationnel. Et cet investissement ne peut réussir que si les parents soutiennent l’enfant sans chercher à projeter sur lui leurs propres rêves sportifs. L’enfant peut exceller dans une discipline totalement différente de celle pratiquée par ses parents. Les aptitudes physiques et psychologiques sont individuelles.
Pour finir, tous les parents n’ont pas pu faire le déplacement. Quel message leur adressez-vous ?
Leur absence n’est pas synonyme de désintérêt. Plusieurs ont invoqué des empêchements, notamment liés aux travaux routiers ou à des situations familiales difficiles. Nous avons mis en place un mécanisme de communication constant avec les parents via les forums dédiés aux centres d’entraînement. Le nombre de messages reçus montre leur engagement. D’ailleurs, j’ai moi-même craint un moment que nous ne soyons trop nombreux tant les inscriptions étaient importantes. Comme l’a rappelé le directeur départemental des Sports, intervenu en visioconférence, il ne s’agit que d’une première étape. D’autres sessions suivront, plus approfondies, pour renforcer encore l’implication parentale. L’Etat fait déjà énormément pour le développement du sport béninois, mais il ne peut pas tout faire seul. Lles familles doivent être des partenaires actifs. Pour finir, je voudrais rappeler que notre ambition est de construire, avec l’appui des parents, une génération de sportifs d’élite capables de faire rayonner le Bénin.
L’expert Mouhamadou Chabi Talata plaide pour un rôle parental plus structuré