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Forum sur la coopération sino-africaine: Les grands enjeux de la rencontre de Pékin

International
De nombreux experts attendent au terme du forum un point d’étape des engagements pris depuis le premier Focac De nombreux experts attendent au terme du forum un point d’étape des engagements pris depuis le premier Focac

Ce jour, s’ouvre dans la capitale chinoise, le neuvième Forum sur la coopération sino-africaine ou encore Forum on China-Africa Cooperation (Focac). Du 4 au 6 septembre, décideurs africains et chinois ont rendez-vous avec l’histoire pour prendre des engagements solennels en faveur du développement. Mieux que les précédents, le Focac 2024 est censé être un tournant majeur dans les rapports entre les deux parties. 

Par   De Beijing, Josué F. MEHOUENOU, le 04 sept. 2024 à 09h58 Durée 3 min.
#Coopération sino-africaine

Le ballet des chefs d’Etat et de gouvernement, qui arrivent les uns après les autres depuis quelques jours en terre chinoise, témoigne de l’importance du rendez-vous de Pékin. Prévu du 4 au 6 septembre, le neuvième Forum sur la coopération sino-africaine ou encore Forum on China-Africa Cooperation (Focac) va au-delà d’une simple rencontre. Les deux parties espèrent en repartir avec des engagements plus solides. Côté africain, on veut affiner davantage les liens avec le premier partenaire commercial du continent. Pour l’empire du Milieu, il est temps d’obtenir des dirigeants africains, des signaux plus concrets qui accompagnent la Chine dans ses ambitions sur la scène mondiale. Pas étonnant donc que tous les grands du continent se bousculent à Pékin avec des agendas divers. Le Focac se tient tous les trois ans, alternativement en Chine et en Afrique. Mais l’édition de cette année prévoit aussi un forum des entrepreneurs qui s’ouvre le 6 septembre. On y attend quelque mille participants pour parler économie, développement, investissement et entreprenariat. Plusieurs réunions connexes ont eu lieu en amont du sommet, notamment le Forum de coopération économique et commerciale Chine-Afrique en mars 2024 à Dar es Salam, en Tanzanie. L’une des innovations de l’édition 2024, c’est qu’elle sera organisée autour de comités thématiques coprésidés par la Chine et un pays africain. Ce qu’ambitionnent les deux parties à Pékin, c’est l’impact de cette coopération bilatérale qui se veut solide à travers les engagements et discours, mais qui, dans les faits, peine à mieux se structurer. « Pour renforcer l’impact du Focac, les pays africains ont besoin d’une stratégie d’engagement plus cohérente avec la Chine, ainsi que d’une transparence et d’une sensibilisation de l’opinion publique et d’une action citoyenne accrues», estime l’analyste Paul Nantulya.

En termes d’engagements, la Chine s’appuie sur sa « vision 2035». Elle s’est engagée à importer plus de trois cent milliards de dollars de marchandises en provenance d’Afrique entre 2022 et 2024. Elle a aussi offert environ dix milliards de dollars pour améliorer la qualité des exportations africaines et une ligne de crédit de dix milliards de dollars au profit des petites et moyennes entreprises. Ceci, pour leur permettre d’exporter des produits de haute qualité sur le marché chinois. Ce premier Focac en présentiel depuis la pandémie de la Covid-19 devrait marquer un nouveau départ dans les relations entre l’Afrique et son premier partenaire commercial.

Faire progresser une stratégie africaine cohérente

De nombreux experts attendent au terme du forum qui clôt ses travaux le 6 septembre, au-delà des nombreux contrats à signer entre les deux parties, un point d’étape des engagements pris depuis le premier Focac. Si côté chinois, on tient la dragée haute, l’on n’est pas assuré d’en dire autant des pays africains qui, semble-t-il, ne se sentent pas sans reproche. Le nombre de chefs d’Etat présents à Beijing rassure quelque peu que le ton sera à la recherche des stratégies pour booster les rapports sino-africains. 

Récemment, des experts indépendants, un peu comme pour baliser le terrain, ont rendu publiques des « recommandations politiques» afin d’orienter les engagements entre les deux parties. Ils ont, pour l’essentiel, exhorté à « prendre davantage d’initiatives et de leadership en développant et en faisant progresser une stratégie africaine cohérente à l’égard de la Chine ». Selon eux, au lieu d’avoir 54 chefs d’État qui se rendent à chaque réunion avec un partenaire extérieur, le continent devrait créer des groupes de travail représentant l’Afrique à chaque sommet avec des acteurs extérieurs. Ils appellent aussi à réduire l’importance de l’aide et se concentrer sur le commerce, l’accès préférentiel aux marchés, le ciblage des marchés de niche et l’ajout agressif de valeur aux produits. Encourager le transfert de technologies, en particulier dans le domaine des énergies et de la croissance vertes, aligner l’éducation et la formation sur les besoins en ressources humaines de l’Afrique, exploiter l’expertise extérieure disponible, y compris la communauté croissante de professionnels africains formés en Chine… font également partie des suggestions de ces experts indépendants et acteurs de la société civile