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Journée mondiale du réfugié 2023: Message du Haut-Commissaire pour les réfugiés

International
Filippo Grandi, Haut-commissaire pour les réfugiés Filippo Grandi, Haut-commissaire pour les réfugiés

A l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés, nous rendons hommage au courage et aux espoirs des millions de personnes contraintes de fuir la guerre, la violence et la persécution. Cette année, je marque l'événement au Kenya, en rencontrant des réfugiés débordant de force et d'ambition bien qu'ils aient fui les conflits, la sécheresse et d'autres horreurs.


Par   Traduction effectuée par Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse), le 20 juin 2023 à 11h39 Durée 3 min.
#Journée mondiale du réfugié 2023 #Haut-Commissaire pour les réfugiés
Aujourd'hui, dans le camp de réfugiés de Kakuma, j'ai rencontré Abdulaziz Lugazo, qui préside une coopérative d'agriculteurs produisant des cultures résistantes à la sécheresse telles que les épinards, le gombo et le chou vert. Abdulaziz a grandi dans la ferme familiale en Somalie et, lorsqu'il a été contraint de fuir en 1990, il n'a jamais pensé qu'il pourrait à nouveau cultiver la terre. Aujourd'hui, il peut travailler avec d'autres réfugiés et des agriculteurs kényans sur des terres fournies par le gouvernement, et il gagne suffisamment d'argent pour payer les livres et les uniformes scolaires de ses enfants.
Abdulaziz était impatient d'utiliser ses compétences pour aider ses compatriotes réfugiés et travailler au sein de la communauté kényane qui l'accueillait. Grâce aux politiques de plus en plus inclusives du Kénya à Kakuma, il a eu la possibilité de contribuer et de réussir.
Le Kenya et les Kényans accueillent généreusement des réfugiés depuis plus de 30 ans. Au cours de mes innombrables visites dans le pays, j'ai pu constater l'impact des nombreuses mesures positives et concrètes prises pour améliorer les conditions de vie des réfugiés et des communautés d'accueil.
Je profite de cette visite particulière pour souligner au reste du monde que nous pouvons - et devons - faire davantage pour offrir de l'espoir, des opportunités et des solutions aux réfugiés, où qu'ils se trouvent et quel que soit le contexte. Le Kenya montre que c'est possible.
L'intégration des réfugiés dans les communautés où ils ont trouvé la sécurité est le moyen le plus efficace de les aider à redémarrer leur vie et à contribuer à la croissance des pays qui les accueillent.
Concrètement, cela signifie qu'il faut veiller à ce que les réfugiés puissent postuler à des emplois, s'inscrire dans des écoles et accéder à des services tels que le logement et les soins de santé. Il s'agit également de favoriser un sentiment d'appartenance et d'accueil qui redonne de l'espoir aux réfugiés déracinés.
Le gouvernement kényan est prêt à mettre en œuvre des politiques innovantes et inclusives qui permettront à une grande partie du demi-million de réfugiés et de demandeurs d'asile de travailler et de vivre aux côtés des Kényans. Cela favorisera l'autonomie, la croissance économique et la réduction de la dépendance à l'égard de l'aide humanitaire.
Au Hcr, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, nous savons que l'intégration est le meilleur moyen de soutenir les réfugiés en exil, de les préparer afin qu'ils puissent contribuer à la reconstruction de leur pays lorsque les conditions leur permettront de rentrer, ou de s'épanouir s'ils sont réinstallés dans un autre pays.
Mais les pays d'accueil ne peuvent y parvenir seuls. Le reste de la communauté internationale doit intervenir et fournir les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de ces politiques progressistes. Nous avons constaté d'énormes progrès dans ce domaine au cours des dernières années, grâce à la générosité exceptionnelle des donateurs, à des approches novatrices en matière de financement et à des investissements considérables de la part de la Banque mondiale, des banques régionales de développement et d'autres institutions financières internationales. Mais il est clair qu'il faut faire plus.
Il est temps que nous nous engagions tous à inclure les réfugiés dans nos communautés à tous les niveaux - dans nos écoles, sur nos lieux de travail, dans nos systèmes de soins de santé et au-delà, comme le fait le gouvernement kényan, afin que les réfugiés puissent retrouver l'espoir loin de chez eux.
Nous devons également reconnaître les défis auxquels sont confrontés les pays d'accueil dans un monde en mal de paix. Le plus souvent, ce sont les communautés frontalières qui continuent à recevoir et à héberger les personnes fuyant la violence. Les pays voisins du Soudan sont un autre exemple de cette solidarité. De nombreux pays d'accueil comme eux ont la volonté d'accueillir et d'intégrer les réfugiés, mais ont besoin de beaucoup plus d'investissements et de soutien pour y parvenir.
Malheureusement, dans le monde divisé d'aujourd'hui, les solutions à long terme pour les personnes forcées de fuir restent pitoyablement rares, laissant un grand nombre des 35 millions de réfugiés dans le monde dans l'incertitude.
C'est pourquoi, en cette Journée mondiale des réfugiés, je conclus en appelant les dirigeants à se montrer à la hauteur de leur responsabilité de négocier la paix afin que la violence cesse et que les réfugiés puissent rentrer chez eux en toute sécurité et de leur plein gré.
Je demande aux gouvernements d'accroître les possibilités de réinstallation pour les réfugiés qui en ont désespérément besoin.
Et j'appelle les États à adopter des politiques qui exploitent l'énorme potentiel des réfugiés à contribuer à la vie sociale, économique et politique des pays qui les accueillent. Nous ne connaissons que trop bien le coût de l'inaction : un monde où les déplacements forcés sont les plus nombreux de l'histoire. Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer.