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Migrants en péril: Une crise humaine mondiale ignorée

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Photo d'un garde-côte libyen représentant un navire de 490 migrants africains se dirigeant vers l'Europe par la mer  Méditerranée Photo d'un garde-côte libyen représentant un navire de 490 migrants africains se dirigeant vers l'Europe par la mer Méditerranée

Un nouveau rapport publié par l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) révèle que la majorité des personnes qui perdent la vie en migrant ne le font pas par choix, mais par pur désespoir. Ces individus fuient l’insécurité, les conflits, les catastrophes naturelles et d’autres crises humanitaires qui rendent la vie intenable dans leur pays d’origine.

Par   Catherine Fiankan-Bokonga, Correspondante accréditée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève (Suisse), le 02 mai 2025 à 07h56 Durée 3 min.
#Organisation internationale pour les migrations (Oim)

Depuis 2014, plus de 52 000 personnes ont trouvé la mort en tentant d’échapper à des pays touchés par des crises. Cela représente près de 72 % de tous les décès de migrants enregistrés à l’échelle mondiale sur cette période. Parmi ces tragédies, plus de 39 000 personnes sont décédées à l’intérieur même des zones de crise, souvent coincées dans des conditions extrêmement dangereuses, tandis que plus de 13 500 ont perdu la vie en essayant de fuir des conflits ou des catastrophes.

Pour Amy Pope, Directrice générale de l’Oim, ces chiffres sont un rappel douloureux du fait que les êtres humains mettent leur vie en danger lorsque l’insécurité, l’absence d’opportunités et d’autres facteurs les privent de toute option sûre pour rester chez eux. Elle appelle à des investissements soutenus afin de favoriser la stabilité et les perspectives dans les communautés d’origine, pour que la migration devienne un choix volontaire et non une obligation. Elle souligne également l’importance de construire ensemble des voies de migration sûres, légales et ordonnées afin de protéger les vies humaines lorsque rester n’est plus possible.

Le rapport met en évidence que plus de la moitié des décès de migrants enregistrés depuis 2014 sont survenus dans ou à proximité de pays frappés par des conflits ou des catastrophes. En Afghanistan, plus de 5 000 personnes sont mortes en transit, notamment après le bouleversement politique survenu en 2021. La population rohingya originaire du Myanmar a également payé un lourd tribut, avec plus de 3 100 morts, souvent lors de naufrages ou en tentant de traverser la frontière vers le Bangladesh. La Méditerranée centrale reste la route migratoire la plus meurtrière au monde, avec près de 25 000 personnes portées disparues en mer.

Malgré l’ampleur de cette crise, les migrants sont encore trop souvent oubliés dans les plans d’intervention humanitaire. Les évaluations des besoins et les appels à l’aide humanitaire ne prennent pas suffisamment en compte les populations en mouvement, alors même qu’un migrant disparu sur quatre provient d’un pays en situation de crise.

Julia Black, coordinatrice du projet « Migrants disparus » et auteure du rapport, rappelle que de nombreux migrants tombent dans l’oubli, d’autant plus que le manque de données, notamment dans les zones de guerre ou de catastrophe, empêche d’avoir une image fidèle du nombre réel de morts.

L’Oim lance un appel pressant aux États et aux partenaires humanitaires pour qu’ils unissent leurs efforts en vue de garantir que les migrants ne soient plus exclus des réponses aux crises. Cela passe par l’ouverture de voies légales de migration, un meilleur accès à l’aide et aux soins de santé, ainsi que par des investissements dans des systèmes de données capables de mieux suivre et protéger les personnes en situation de risque.

Catherine Fiankan-Bokonga