La Nation Bénin...
Dans un mois, va s’ouvrir la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan. Elle se penchera sur les enjeux liés à la protection de l’Océan. Dans cette perspective, Nadège Chouat, ambassadrice de France au Bénin livre, à travers la présente tribune, un tableau de bord édifiant sur cette préoccupation poignante dont dépend l’équilibre de notre planète.
Du
9 au 13 juin 2025, la France accueillera la troisième Conférence des Nations
unies sur l’Océan (Unoc3). Ce rendez-vous sera un moment décisif : il réunira,
à Nice, une centaine de chefs d’État et de gouvernement, et plusieurs dizaines
de milliers de participants, chercheurs, scientifiques, acteurs économiques,
militants associatifs et citoyens du monde entier.
L’Océan
est notre bien commun. Il nourrit les peuples et les protège. Il nous fait
rêver et voyager. Il nous offre de l’énergie durable, des moyens de commercer,
des ressources et des connaissances scientifiques infinies.
Un
être humain sur trois dépend de l’Océan pour vivre, et pourtant, ce dernier est
en danger. C’est un espace encore largement méconnu, qui ne dispose ni d’une
gouvernance globale, ni des financements nécessaires à sa préservation. Les
chiffres sont inquiétants : plus de 8 millions de tonnes de plastiques sont
déversées dans l’Océan chaque année, selon une étude de la revue Science. À
cela s’ajoutent la surexploitation, qui touche plus d’un tiers des stocks de
poissons, mais aussi l’acidification des eaux, la montée du niveau de la mer et
la destruction des écosystèmes marins, des phénomènes aggravés par le
dérèglement climatique.
Il
est temps d’agir. Plus que jamais, nous devons faire en sorte que l’action
multilatérale soit à la hauteur des enjeux liés à la protection de l’Océan.
Dix
ans après la Cop21 et l’Accord de Paris, qui a permis d’établir un cadre
mondial contraignant pour limiter le réchauffement climatique, l’Unoc3
représente une opportunité historique. Les «Accords de Nice » constitueraient
un véritable pacte international pour la conservation et l’utilisation durable
de l’Océan, directement en ligne avec les objectifs de développement durable
(Odd) adoptés par l’Onu, en 2015.
Pour
y parvenir, les discussions à Nice devront être concrètes et tournées vers
l’action. Il s’agira d’œuvrer pour une meilleure gouvernance, davantage de
financements et une meilleure connaissance de la mer.
En
matière de gouvernance, le traité sur la protection de la biodiversité en haute
mer (dit Bbnj) est un levier essentiel. La haute mer (plus de 60% des Océans)
est aujourd’hui le seul espace qui n’est pas régi par le droit international.
L’absence de surveillance et de règles communes entraîne un véritable désastre
socio-environnemental : pollutions massives d’hydrocarbures et de plastiques,
méthodes de pêche illégales, captures de mammifères protégés. Pour mettre un
terme à ce vide juridique, nous devons obtenir la ratification de 60 pays et
ainsi permettre au traité sur la haute mer d’entrer en vigueur. Nous espérons
que le Bénin sera en mesure de signer et de ratifier ce traité avant cette
Conférence des Nations unies sur l’Océan (Unoc3).
À
cet effet, une cérémonie spéciale sera organisée à l’ouverture de la
conférence, le 9 juin, par le Bureau des Nations Unies, afin de donner
l’opportunité aux États qui le souhaitent de signer l’accord Bbnj et/ou de
déposer leurs instruments de ratification.
La
protection de l’Océan passe également par la mobilisation des financements
publics et privés et le soutien à une économie bleue durable. Pour continuer à
bénéficier des formidables opportunités économiques de l’Océan, nous devons
faire en sorte que les ressources marines puissent se régénérer. À Nice,
plusieurs engagements seront annoncés en matière de commerce international, de
transport maritime, de tourisme et d’investissement.
Enfin,
Nous devons accroître notre connaissance de l’Océan et mieux la diffuser.
Aujourd’hui, nous sommes capables de cartographier la surface de la Lune ou
celle de Mars, mais le fond des Océans nous demeure inconnu. Ils recouvrent
pourtant 70 % de la Terre !
Nous
sommes convaincus de l’engagement actif du Bénin à cette occasion, compte tenu
de l’importance des enjeux maritimes pour le pays, qu’ils soient d’ordre
écologique, économique ou institutionnel.
Ces
enjeux apparaissent clairement lorsque l’on se rappelle que le port de Cotonou
est à l’origine de près de
90 % des échanges extérieurs du pays et que La pêche est un secteur clé, représentant 3,5 % du Pib et générant près de 15 % des emplois du pays. Le Bénin a d’ailleurs adopté une stratégie nationale pour l’économie bleue fin 2022, dont la dernière actualisation remonte à février dernier.
À
ce titre, un forum sera spécifiquement consacré à l’économie bleue, les 7 et 8
juin prochains, en prélude à l’ouverture de la conférence. Ce « Blue Economy
and finance » Forum se tiendra à Monaco en présence des présidents français et
costaricien et du Prince Albert II de Monaco.
Il
concentrera les entreprises actrices du financement dans le but de catalyser
des initiatives pour atteindre les cibles de l’Odd14 qui porte sur la
conservation et l’utilisation durable des océans.
L’Union
européenne accompagne la montée en puissance du Bénin dans le domaine maritime,
en contribuant au financement du Projet ProPort (Projet d’Appui au Développement
du secteur Portuaire) qui promeut l’économie bleue au Bénin. La France se tient
aux côtés du Bénin pour contribuer à la sécurisation de ses espaces maritimes,
notamment dans la lutte contre la pêche illicite.
Ainsi,
face au changement climatique qui s’accélère et à la surexploitation des
ressources marines, l’Océan n’est pas un enjeu parmi d’autres. C’est l’affaire
de tous. La remise en question du multilatéralisme ne doit pas nous faire
oublier notre responsabilité commune. L’Océan est un lien universel, il est au
cœur de notre avenir.
Ensemble, nous pouvons faire de l’Unoc3 un tournant majeur pour nos peuples, pour les générations futures et pour notre planète.