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Incorporation des céréales locales dans la production du pain au Bénin: Boulangers et pâtissiers informés de la technologie en expérimentation

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Incorporation des céréales locales dans la production du pain au Bénin: Boulangers et pâtissiers informés de la technologie en expérimentation Incorporation des céréales locales dans la production du pain au Bénin: Boulangers et pâtissiers informés de la technologie en expérimentation

Une équipe de chercheurs de l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab) a formé à Natitingou, du 31 octobre au 3 novembre, les boulangers et pâtissiers sur une nouvelle technologie en expérimentation au Bénin. Il s’agit de l’incorporation des céréales locales dans la farine de blé pour produire du pain. Les participants sont fiers des résultats de cette technologie qui sera expérimentée à grande échelle dans les communes du Bénin. 

Par   Alexis METON A/R Atacora-Donga, le 07 nov. 2023 à 12h32 Durée 3 min.
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Cent jeunes agri-preneurs béninois bénéficient d’une formation sur la production des farines de céréales sèches (maïs, mil, sorgho et fonio) et leur utilisation dans la production du pain et d’autres produits de pâtisserie. Cette nouvelle technologie en expérimentation grâce à la recherche s’inscrit dans la mise en œuvre de la stratégie de l’employabilité des jeunes dans le secteur de l’agriculture et de l’alimentation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à travers le Centre national de spécialisation sur le maïs (Cns-maïs). A Natitingou, les bénéficiaires de ladite formation ont été séduits par le résultat après la cuisson des baguettes de pain produites avec 80 % de blé et 20 % de farine de maïs. Le résultat est également apprécié avec une même quantité de farine de sorgho et de fonio ayant servi à fabriquer le pain au sein d’une boulangerie de la place. Paul Houssou est chercheur à l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab), spécialiste poste-récolte, c’est-à dire transformation, stockage, conservation et qualité des denrées agricoles transformées ou non transformées. Il explique qu’il s’agit du transfert d’une technologie que la recherche a développée. C’est la technologie d’incorporation des farines issues des denrées locales dans la farine de blé pour produire le pain et les produits de pâtisserie. L’activité se déroule à Natitingou, Parakou, Bohicon, Lokossa et Porto-Novo, pour impacter cent agri-preneurs. Tous des formateurs endogènes, ils vont répercuter cette formation en direction de leurs pairs qui sont dans la pâtisserie et la boulangerie, a fait savoir le docteur ingénieur Paul Houssou. « Les pains qui sont sortis n’ont rien à envier au pain 100 % blé. Même déjà au niveau du pétrin, l’élasticité et la texture lisse de la pâte, les meuniers et les boulangers ont apprécié la qualité de cette pâte. Cela veut dire que notre farine locale peut bel et bien être incorporée dans la farine de blé pour faire le pain qui est une denrée quotidiennement consommée par tous les Béninois », a expliqué Paul Houssou.
Appréciation et adhésion

« Si cette pratique commence par entrer dans nos habitudes, on a beaucoup à gagner depuis la production jusqu’à la transformation. Les producteurs auront d’autres débouchés pour leur maïs. C’est une chaîne de valeur, une source de création d’emplois qui va impacter la nation. Au lieu d’importer peut-être mille tonnes de blé, si on sait que 20 % de farine locale peut se substituer à ce blé-là, vous voyez ce que cela génère comme économie. La recherche a déjà expérimenté et s’est convaincue qu’on peut incorporer cette technologie. Il y a la farine de manioc, de maïs, de patate douce et celle de sorgho qu’on peut incorporer dans le pain. Il est non seulement de qualité, mais contient encore beaucoup plus d’éléments nutritifs que le pain 100 % blé », détaille Paul Houssou. Il a foi que la population va l’aimer et désormais les boulangers vont commencer par incorporer ces céréales locales dans la fabrication du pain. Pour sa part, Saliou Bello, chercheur à l’Inrab, confirme l’avancée de la technologie. En tant que superviseur de la formation, il a une bonne impression des stagiaires formés. Les notions qui leur ont été enseignées sont d’un intérêt pour des initiatives de diversification des produits à base de farine. Au regard des guerres dans les pays producteurs de blé, selon ses explications, si on intensifie la fabrication de ce pain en le rendant public, cela peut changer les habitudes. L’intérêt de cette technologie, c’est de créer de l’emploi au niveau de la jeunesse. « Dans la forme, aucune différence apparente, et dans le goût, rien à envier au pain 100 % à base de blé. Je préfère ceci, parce que je sais qu’il est fabriqué à base d’un produit local », fait-il savoir. Félicien Kossoko est promoteur d’une unité de boulangerie à Tanguiéta. Il envisage de produire le pain avec la farine de maïs incorporée au blé et il veut aussi l’expérimenter dans le pain sucré, pour améliorer la consommation journalière. Les boulangers ont gagné en expérience et au regard de la cherté de la vie et des moyens limités, l’utilisation des différentes céréales s’impose, à en croire les propos de Safouratou Sobabè. Elle souligne que le prix du blé a augmenté et faire recours aux céréales locales va augmenter le revenu des producteurs.