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Accouchement: Les motifs du recours à la césarienne

Santé
Par   Ketsia ZINZINSOUHOU, le 07 déc. 2022 à 11h44
La césarienne est une intervention chirurgicale qui a lieu au cours d’un accouchement à risque pour l’enfant ou la mère. Elle consiste à extraire le bébé par voie abdominale après incision de l’utérus, lorsqu’il ne peut passer par voie naturelle. N’importe quelle femme peut-elle avoir besoin d’une césarienne ? Dans quel cas recourt-on à cette opération ? Plusieurs raisons peuvent expliquer cette décision, nous ont révélé le gynécologue - obstétricien Bérenger Amadji et la sage-femme Sandrine Dénon. La césarienne est une intervention chirurgicale pratiquée pour sauver la vie de l’enfant et de la mère quand la voie basse est contre-indiquée. Elle permet de mettre au monde un nouveau-né sans danger lorsque le médecin estime qu’il s’agit d’une meilleure option comparativement à un accouchement par voie vaginale. Elle est réalisée par un gynéco-obstétricien dans un bloc opératoire et sous anesthésie. Les médicaments empêchent la mère de ressentir la douleur pendant l’intervention mais elle reste consciente pour accueillir son bébé.

Quand recommande-t-on la césarienne ?

Selon le gynécologue Amadji, un médecin peut opter pour la naissance de l’enfant par césarienne bien avant le début du travail. On parle d’une césarienne programmée. Cela arrive lorsque le bébé se présente en siège, ou en cas d’une grossesse gémellaire, d’un traumatisme au niveau du bassin qui empêche d’accoucher par voie basse, d’une affection comme le diabète, d’atteinte d’hypertension artérielle ou du Vih par la génitrice, d’un antécédent de trois césariennes ou pour d’autres raisons maternelles et fœtales. Il existe aussi des césariennes qui se font en cours de travail en urgence. Elles sont les plus fréquentes. Ce cas se présente lorsque le col ne veut plus s’ouvrir, qu’il stagne à 5 ou 6 cm, ou parce que le bébé n’arrive pas à s’engager dans le bassin. Parfois, même quand le col est dilaté, le bébé ne parvient pas à franchir le bassin, soit parce qu’il est trop gros ou que le bassin est étroit. La césarienne peut également intervenir en cours de travail lorsque l’on a des anomalies au niveau du rythme cardiaque du fœtus. Par ailleurs, l’intervention chirurgicale peut aussi être faite par convenance, c’est-à-dire faite à la demande de la future maman.

Qui peut subir une césarienne ?

Toute femme ne pouvant pas accoucher par voie basse peut subir une césarienne. Mais des variabilités au niveau du type d’anesthésie doivent être faites en tenant compte des conditions de la patiente, informe le spécialiste de l’appareil génital de la femme. La sage-femme Dénon renchérit : « Il n’y a pas de critères particuliers à remplir sur le plan physique ou sanitaire avant une césarienne dès lors que c’est une urgence ». Néanmoins, elle précise qu’avant une césarienne programmée, il est primordial de s’assurer de la pertinence de l’indication de la césarienne, de faire un bilan préopératoire. Il s’agit d’une analyse de sang pour vérifier certains paramètres de l’organisme. Il est également important de faire une consultation pré-anesthésique pour s’assurer que la patiente est apte pour l’anesthésie. Cet examen permet au médecin de savoir quel type d’anesthésie réaliser.

Risques liés à une césarienne

La césarienne élimine les douleurs dues à l’accouchement par voie basse, évite à la mère un travail trop long, les traumatismes des parties molles liées à la voie basse, diminue le risque de prolapsus génital et d’incontinence urinaire, a martelé l’obstétricien. Elle est pratiquée pour éviter les complications liées à un accouchement par voie basse quand celui-ci est contre-indiqué et pour réduire les décès maternels et fœtaux. En outre, cette intervention n’est pas sans conséquence sur la vie des sujets concernés, a souligné la sage-femme. À court terme, la mère peut sentir des douleurs post-opératoires. Elle peut contracter une infection de la plaie et de l’utérus. Un saignement accru peut se déclencher et nécessiter une transfusion sanguine. La femme peut connaître un traumatisme à la vessie, aux intestins et des infections urinaires. Elle peut aussi avoir un problème d’initiation et de maintien de l’allaitement. La mort peut également survenir au cours de cette intervention. À long terme, la future maman peut développer des problèmes d’adhérence qui peuvent causer une douleur persistante à l’endroit de la cicatrice et lors des relations sexuelles. Avec le temps, la césarienne peut provoquer des problèmes intestinaux graves et des difficultés lors d’une grossesse subséquente. Une femme qui a connu la césarienne peut être victime d’un décollement prématuré du placenta ou d’une rupture utérine. À court terme, le nouveau-né est exposé à une blessure causée par un instrument chirurgical, des troubles respiratoires transitoires, surtout si la césarienne est faite avant 39 semaines de grossesse. L’asthme et les allergies peuvent rendre pénible l’existence de cet enfant à long terme. Difficultés pour la sage-femme Il n’est pas aisé pour la sage-femme « d’aider le gynécologue obstétricien à faire le diagnostic de la césarienne à temps », a confessé Sandrine Dénon. Selon elle, « la non existence d’une trousse d’urgence pour vite faire une césarienne en cas d’urgence obstétricale nécessitant une césarienne» ne leur facilite pas la tâche. Parlant toujours des difficultés rencontrées pendant l’accou-chement par césarienne, les médecins ne sont pas épargnés. Le gynécologue révèle que les désagréments auxquels ils font face sont généralement liés à « l’extraction du bébé qui impose l’utilisation d’instruments ou la modification du type d’incision utérine, à la fermeture de l’utérus s’il y a une déchirure utérine ou une rupture des pédicules utérins ». La délivrance prolongée, le saignement anormal de la tranche utérine après suture, la plaie vésicale sont autant de situations qui font transpirer les agents de santé pendant l’intervention chirurgicale en question, a fait comprendre le gynécologue Amadji. Pour ce faire, il invite les patientes à toujours solliciter un agent de santé qualifié pour le suivi de leur grossesse. Uniquement le personnel soignant a la compétence requise pour évaluer les risques liés à la grossesse et les orienter pour une prise en charge adéquate, a-t-il déclaré en concluant que c’est le seul gage de la réduction de la morbidité et de la mortalité materno-foetale. Consciente que la peur de la césarienne est courante, l’assistante des futures mères pendant l’accouchement rassure que le fait qu’une femme a vécu un accouchement par césarienne ne signifie automatiquement pas qu’elle devra accoucher par césarienne lors d’une prochaine grossesse.