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Don de sang: Pourquoi doit-on acheter du sang pour sauver des vies ?

Santé
Par   Eric TCHOGBO, le 10 juin 2015 à 05h22

Le donneur de sang volontaire est une personne qui choisit de son plein gré de donner son sang à la collectivité sans aucun souci de gain ou de faveur, ni espoir de récompense. Et pourtant, le sang n’est pas gratuitement administré aux patients qui sont dans le besoin. A ce paradoxe, le professeur Ludovic Anani, directeur de l’Agence nationale de transfusion sanguine du Bénin apporte des éclairages.

Six cent (600) à 800 millions de personnes à travers le monde sont touchées par l'anémie, qui se caractérise par une diminution du taux d'hémoglobine dans le sang, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le plus souvent liée à une carence en fer, elle entraîne notamment une baisse d'énergie et une fatigue importante. Mais le sang ne se fabrique pas et ne s’achète pas. La seule possibilité de disposer de sang est d’en prélever chez des personnes saines afin de transfuser un malade. «Si le sang est gratuitement donné par des personnes volontaires, il n’est pas non plus vendu mais cédé à 2000 FCFA au Bénin», a déclaré, le directeur de l’Agence nationale de transfusion sanguine du Bénin, Ludovic Anani lors d’une conférence de presse animée par le ministre de la Santé, Dorothée A. Kindé Gazard le jeudi 4 juin dernier à Cotonou. Le directeur de l’ANTS, soulignait que le sang prélevé n’est pas automatiquement transfusable à un patient. Ce sang directement prélevé comporte plusieurs risques qui nécessitent un travail en amont. Ludovic Anani explique que chaque poche de sang comporte un risque immunologique et infectieux. Cependant, toutes les mesures sont prises dans les services de transfusion sanguine et dans les banques de sang afin de tendre vers un risque zéro. C’est pourquoi il conseille aux services de transfusion sanguine de prendre toutes les mesures pour que la transfusion ne soit pas dangereuse pour le malade du fait de la transmission d’une bactérie, d’un virus, d’un parasite ou de substances dangereuses. Ils doivent également selon lui veiller à la santé des donneurs.

Afin d’éviter les incidents transfusionnels, c’est-à-dire les incompatibilités immunologiques entre le sang du receveur et celui du donneur, les banques de sang effectuent des tests de compatibilité entre ces derniers et vérifient leurs groupes sanguins ABO et Rh (D) afin d’éviter toutes erreurs.
En effet, on ne peut pas transfuser n’importe quel sang au malade, il faut respecter le groupe sanguin ABO et le facteur Rhésus selon les règles de compatibilité.
Chaque poche de sang est testée pour les maladies transmissibles par le sang notamment (VIH/SIDA, Hépatite B et C, Syphilis) et toute poche positive pour un des marqueurs sérologiques est écartée et détruite afin d’éviter la transmission de la maladie au receveur.
Malgré tous les tests réalisés, il existe toujours un danger à cause de la fenêtre sérologique.
En effet la fenêtre sérologique représente le temps qui sépare le moment où une personne est infectée par un agent pathogène et le moment où l’on pourra détecter l’infection par les tests de laboratoire. Cependant, durant la fenêtre sérologique, la maladie se transmet, même si elle n’est pas encore détectable.
Le sang recueilli lors des dons n’est jamais transfusé directement au patient. Après avoir été prélevé au donneur, il va être qualifié et préparé avant d’être distribué aux hôpitaux et aux cliniques avant d’être transfusé à des patients, selon les explications des techniciens.

«Une poche de sang est produite à 45.000 FCFA»

Une poche de sang prélevé d’une personne volontaire reconnue apte au don doit subir un processus avant d’être utilisable par un patient. Ce prélèvement est suivi d’une préparation. A ce stade, la poche prélevée est filtrée puis centrifugée afin d’en séparer les composants, c’est-à-dire, les globules rouges, le plasma et les plaquettes issus d’un don de sang total. Ensuite vient la qualification biologique des dons. Ici, les tubes-échantillons recueillis subissent une série de tests biologiques. Si les résultats présentent une anomalie, la poche de sang correspondante est écartée et le donneur averti. Au niveau de la distribution des poches de sang dans les cliniques ou autres centres, d’ultimes contrôles sont effectués afin d’éviter toute incompatibilité entre le sang du donneur et celui du patient. Ce n’est qu’alors que les patients peuvent être transfusés sans crainte.
Le directeur de l’Agence nationale de transfusion sanguine du Bénin, Ludovic Anani, a indiqué que la production d’une poche de sang nécessite l’approvisionnement des poches de sang, des anticoagulants, des réactifs, des tests pour la découverte des maladies, la prise en charge du personnel et bien d’autres charges dont le coût s’élève à 45.000 FCFA. Ainsi, la poche de sang n’est pas vendue mais cédée à 2000 FCFA. Ce qui nécessite les aides des partenaires pour amoindrir le coût et réduire les charges aux populations.

Ethique du don de sang

Le don de sang repose sur cinq principes éthiques. Il s’agit du volontariat, du bénévolat, de l’anonymat, de la responsabilité et de l’absence de profit.
Au fait, le donneur de sang volontaire est une personne qui choisit de son plein gré de donner son sang à la collectivité sans aucun souci de gain ou de faveur, ni espoir de récompense. Il ne subit aucune pression et n’est pas rémunéré. Le donneur bénévole, conscient de son devoir social, vient donner gratuitement son sang. Le don bénévole se justifie dans la mesure où il permet de: réduire le risque pour la santé du donneur, lorsque ceux-ci sont tentés, pour des raisons économiques, d’offrir leur sang avec un délai exagéré et préjudiciable; d’assurer la qualité du sang prélevé pour les malades donc leur sécurité.
En effet, le volontariat évite toute tentative de donner du sang de mauvaise qualité, toute tentative de fraude.
Par ailleurs, tout donneur doit garder l’anonymat. Sauf quelques cas rares, le donneur ne doit pas chercher à connaître le malade qui reçoit son sang. De même, le malade n’a aucun intérêt à savoir de qui il reçoit le sang.
Aucun donneur ne peut tricher avec sa conscience. Il sait avant tout qu’il est un être qui sauvegarde moralement et physiquement sa propre vie pour la transmettre ensuite aux patients. La transmission de la vie ne sera garantie que si les excès sont bannis, l’hygiène respectée déterminant ainsi la valeur morale et noble de l’homme. Le donneur ne doit rien attendre de son acte volontaire.