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Dr Jean Yaovi Daho, chef service prévention au Programme national de lutte contre le Sida: « La grosse partie du financement du Fonds mondial est destinée à l’acquisition des intrants »

Santé
Par   Eric TCHOGBO, le 25 juin 2015 à 23h04

La Nation : Quel est le processus de décaissement des ressources du Fonds mondial allouées à «l’Elimination transmission mère-enfant (ETME) » ?

Jean Daho : Il n’y a pas de fonds spécifiques à ‘’l’Elimination transmission mère-enfant’’ (ETME). Le Fonds mondial appuie le Bénin. Dans ce cadre, le Programme national de lutte contre le Sida (PNLS) a spécifié un projet comprenant plusieurs volets à savoir : prise en charge, ETME, suivi-évaluation, recherches…. Dans cet ensemble, nous retenons les activités prioritaires par volet que nous soumettons au Fonds mondial pour validation. Chaque activité est assortie d’un budget détaillé. Il n’y a donc pas une enveloppe financière spécifique réservée à l’ETME. Mais une fois que la requête et le budget soumis sont acceptés, le Fonds mondial procède à des décaissements de façon périodique en vue de l’exécution des volets retenus. C’est ainsi que les activités liées à l’ETME, sont menées avec le financement mis à disposition.
Après l’achat, nous faisons un dispatching des produits destinés à la Prévention transmission mère-enfant (PTME) et à la prise en charge. La démarcation ne se fait pas à l’origine.

Est-ce à dire que les décaissements du Fonds mondial s’opèrent suivant la priorité du Programme national de lutte contre le Sida (PNLS)?

Les fonds sont alloués selon les activités définies ensemble avec le Fonds mondial, conformément à la requête soumise dans le cadre du round 9. Chaque round s’exécute sur une période de cinq ans répartie en deux et en trois ans. C’est lorsque la première phase est concluante que la seconde intervient. En réalité, chaque phase s’effectue à travers une analyse situationnelle de l’infection à VIH au niveau du pays. Ensuite nous prenons en compte les orientations internationales et les normes nationales. Les trois volets sont mis ensemble bout à bout. Ce travail aide à dégager les priorités et les cibles en vue de faire la quantification des intrants, des réactifs, des antirétroviraux, des consommables,…. C’est après cet exercice que nous définissons les activités en fonction des objectifs à atteindre en ce qui concerne la prise en charge et la PTME conformément au système sanitaire. En même temps que nous exécutons les activités, nous pensons aussi à comment faire pour rendre compte semestriellement au partenaire afin de renseigner les indicateurs. A la suite de ce travail, le Fonds mondial envoie une équipe pour la phase de négociation où nous entrons dans les lignes de chaque activité pour modifier au besoin le travail qui avait été préalablement fait dans ce sens. Le budget est disponible pour chaque activité. Il est consommé de manière à ne pas dépasser le montant retenu pour chacune des activités retenues. Une fois cette étape finalisée, le Fonds mondial procède à une revue avant de retenir le dernier budget validé. Après chaque semestre, nous remplissons les indicateurs afin d’évaluer les performances et les écarts à combler. A l’étape finale de chaque round, un bilan général est fait en vue de faire une appréciation des acquis.

Jusque-là, il n’y a donc pas eu de problèmes de financement qui aient empêché de conduire une activité à son terme ?

Si une activité n’a pas été réalisée, ce n’est pas pour des raisons de financement. Le financement se fait de sorte à ce que nous ne manquons pas d’argent pour exécuter les activités programmées.

Mais selon certains témoignages, les procédures de décaissement du Fonds mondial prennent généralement beaucoup de temps ?

Ce problème est lié aux intrants. L’exécution d’une activité à côté de l’achat d’un intrant, c’est comme une goutte d’eau dans la mer. Le processus pour l’acquisition des intrants passe par plusieurs étapes. Il faut d’abord que la quantification soit acceptée et validée par le Fonds mondial. Tout ce processus peut prendre tellement de temps que nous pouvons passer une année sans faire de commande. Mais depuis un moment, les choses se sont considérablement simplifiées. Nous sommes passés au «système VPP» depuis l’année dernière. Un système qui favorise l’accélération de la mise à disposition des intrants, une fois que le Fonds mondial valide la quantification. Les problèmes de rupture sont de plus en plus minimisés. Toutefois, toutes les activités que nous menons sur le Fonds sont payées par chèque et aujourd’hui, le Programme national de lutte contre le Sida (PNLS), est accompagné par une agence judiciaire. L’établissement d’un seul chèque peut durer beaucoup de temps. C’est ce qui explique qu’au départ, le PNLS était décrié par rapport au Fonds mondial. Mais la nouvelle coordination a trouvé une autre formule pour contourner cette pratique.

Est-ce à dire qu’il n’y a pas de difficultés de consommation de crédit ?

La grosse partie du financement du Fonds mondial est destinée à l’acquisition des intrants. Le coût des intrants est pris en compte au moment de la validation du budget. Mais au fil du temps, il peut connaître une baisse. C’est ce qui explique que le taux d’exécution dépasse celui de consommation. Au départ, le taux d'exécution ne rimait pas avec celui de consommation, mais de plus en plus les deux taux s’améliorent, mais avec la baisse des coûts de certains intrants.