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Colloque international du Cio: Des universitaires face aux initiés pour dédiaboliser le Vodun

Société
Des reflexions autour des réalités du vodoun Des reflexions autour des réalités du vodoun

Le Carnaval international de Ouidah (Cio) favorise la réflexion intellectuelle autour du Vodun. Mardi 26 décembre, un colloque international organisé au titre des activités dudit carnaval a permis aux initiés des religions endogènes et aux universitaires de croiser leurs analyses et opinions.

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 28 déc. 2023 à 07h17 Durée 3 min.
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La ville de Ouidah a accueilli, les 26 et 27 décembre, les travaux du colloque international sur le Vodun, initiative portée par les organisateurs du Carnaval international de Ouidah (Cio). 
« Vodun, pont entre les nations». C’est autour de ce thème que sachants et dignitaires de cultes endogènes, universitaires, chercheurs, artistes et acteurs des médias sont conviés pour des réflexions qui dédramatisent le Vodun. Laver le Vodun du déshonneur et le remettre en contexte, c’est le défi à relever par ce colloque, souligne Wilfried Houndjè, délégué général du Cio. Le carnaval offre l’occasion d'échanges et de débats entre intellectuels et initiés afin que chaque partie partage les fruits de ses travaux et connaissances sur le Vodun, note-t-il. « Plus on attaque le Vodun, plus il grandit en admiration et gagne du terrain», expose Wilfried Houndjè pour qui, « il est temps que nous réécrivions l’histoire du vodun». L’ambition à terme, selon lui, c’est de révéler Ouidah et avec elle, le vodun, devenu un élément majeur de la visibilité de cette ville. Au cours des deux jours que dure le colloque, une quarantaine de communications venant d’universitaires de 32 pays sur les cinq continents sont attendues, ainsi que des travaux en ateliers. 
Le professeur Dodji Amouzouvi, président du comité scientifique du colloque, insistera pour sa part sur les éléments qui permettent de soutenir que le Vodun fait le pont entre les nations. La culture, les arts, les chants, danses… sont autant d’éléments, retient-il. 
Les communications prévues à l’occasion portent entre autres sur « Influences des religions endogènes sur les responsabilités ménagères des femmes dans l'arrondissement d'Agonlin-Houégbo », « Déités protectrices des forêts du Bas-Ouémé », « Fonctions sociales du Vodun Dancoli au Bénin, « Symbolisme religieux et protection des arbres: cas des lisetin devant les palais et autres lieux de culte vodun à Abomey », « Fonctions sociales du vodun " Sakpata", « Le chrétien et les cultes du terroir à Tsévié (Sud Togo) », « Fonction thérapeutique de l'huile de palme dans la médecine traditionnelle chez les Watchi au Sud du Bénin », « Vodoun : un pouvoir économique pour le développement du tourisme au Bénin », « Fonctions sociales des vodouns à Savalou : entre ordre et protection », « Itinéraire et histoire sociale du culte du Dieu Thron au Bénin ».
Entité capable de contribuer à la paix

La conférence inaugurale donnée par Dodji Amouzouvi pose les questions existentielles et structurantes des nations autour du Vodun qu’il présente comme l’une des spiritualités majeures qui a servi de socle aux questions essentielles et structurantes que se pose toute communauté humaine. « Le vodun génère non seulement une religion, mais aussi une culture, des arts, une esthétique, un système de pensées et de vie » et est présent sur les cinq continents, explique-t-il. Selon lui, le vodun désigne tout ce qui est sacré et se réfère aux puissances relevant de l'univers invisible, possédant et exerçant une action et une influence sur le monde des vivants. On appelle aussi vodun, appuie Dodji Amouzouvi, « tout être humain mort et consacré comme ancêtre d'une communauté familiale». Enfin, le vodun, tranche-t-il, est riche d'un patrimoine matériel et immatériel constitué de spiritualité, de chants, danses, costumes, parures, sculptures, peintures, dessins, objets rituels divers. 
Face à un monde en mutation sans cesse croissante, enchaine le communicateur, le vodun apparait comme cette entité capable de contribuer à la paix et à un développement inclusif et durable. Il insiste davantage sur la fonction Paix, soutenant que c’est bien là la seule religion au monde qui n’ait mené aucune ‘’guerre sainte’’ et qui ne soit à l’origine du moindre conflit, peu importe les dessous. En somme, il l’expose comme un facteur qui n’a de socle que le développement et la paix. Il conclut donc qu’il est à la base du lien entre les nations, vise le bien-être de l'homme, établit et renforce ce lien de solidarité et de paix avec les hommes. « Le chemin qui mène au développement passe indubitablement par la prise en compte du vodun comme valeur identitaire et tous ses attributs», dira-t-il. Ce colloque, faut-il le rappeler, constitue la première activité du Carnaval international de Ouidah (Cio) qui s’étend aussi à une performance de graffiti, à une exposition d’artistes, à un marché des arts et un carnaval avec plus de 4 000 performeurs. 
Alphonse Alapini, représentant la mairie de Ouidah, à l’entame des travaux, a appelé pour sa part à travailler à débarrasser le vodun de l’étiquette du satanisme. Il a également invité les universitaires à des résolutions pouvant aider à mieux valoriser le vodun.