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Conférence débat à Lions club Cotonou Nokoué: Des pistes pour booster l’œuvre de charité

Société
Le professeur Albert Honlonkou invite à accompagner  les actions caritatives, d’efforts visant à autonomiser les  personnes concernées Le professeur Albert Honlonkou invite à accompagner les actions caritatives, d’efforts visant à autonomiser les personnes concernées

Une conférence-débat sur « L’économie de la charité» animée par le professeur Albert Honlonkou, directeur de l’Eneam, a permis aux membres du Lions club Cotonou Nokoué de mieux connaître les susceptibilités et les défis relatifs à la charité. C’était le jeudi 22 février dernier à Cotonou.


Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 26 févr. 2024 à 09h19 Durée 3 min.
#Conférence débat à Lions club Cotonou Nokoué
La charité fait référence aux activités caritatives et philanthropiques et cela englobe les activités matérielles et financières liées aux dons, aux organismes de bienfaisance et aux bénéficiaires. A en croire Albert Honlonkou, directeur de l’Eneam, les problèmes sociaux traités par les actions caritatives et philanthropiques sont la pauvreté, le chômage, le sous-emploi, l’insécurité alimentaire, les catastrophes naturelles, les difficultés d’accès aux logements pour les sans-abris, la violation des droits de l’Homme, l’insuffisance d’accès à l’éducation, aux soins de santé adéquats surtout pour les personnes atteintes de maladies graves. Il s’agit d’une action de redistribution privée, à ne pas confondre avec la redistribution de l’Etat qui est une redistribution publique.
« La charité est organisée au Bénin à travers les initiatives spontanées, les communautés, les religions, les fondations, les clubs services (Rotary international, Lions club international). Donc, nous sommes sur un terrain concurrentiel », a indiqué Albert Honlonkou, directeur de l’Eneam, aux membres de Lions club Cotonou Nokoué, ajoutant que « que l’on soit athée, vodouisant, chrétien ou musulman, l’on est porté à être charitable devant l’affamé, le nécessiteux et le malade ». La charité est une vertu qui consiste à aider les autres, à faire preuve d’altruisme, de générosité et de bienveillance envers ceux qui sont dans le besoin. Elle implique souvent des actions désintéressées visant à soulager la souffrance ou à améliorer la vie des personnes défavorisées, et elle est déterminée par des raisons morales, humanitaires, ou religieuses. La charité contribue aussi au bien-être collectif, et favorise ce qui pourrait être appelé le bien-être public tel que la lutte contre le crime, l’expansion des épidémies. « Il s’agit d’un comportement altruiste et c’est ce que font généralement les Lions. La demande de la charité est très grande au Bénin. Le pays compte plus de 5 millions de pauvres, près de 5 millions de sous-employés. Cela veut dire qu’en tant que Lions, nos actions doivent impacter beaucoup de personnes », a déclaré le conférencier. 
Des défis à relever

Albert Honlonkou ajoute que le Lions club mène des actions qu’on pourrait évaluer à 600 millions, voire 1 milliard de F Cfa l’an. Mais la charité en tant qu’approche isolée, peut parfois ne traiter que les symptômes sans aborder les causes profondes des problèmes sociaux, d’où le manque de durabilité, fait savoir le professeur Albert Honlonkou. Il relève des inefficacités notées dans la distribution des ressources, des dépendances à court terme pour les bénéficiaires, des questions de transparence dans la gestion des fonds… En ce qui concerne les inefficacités dans la distribution des ressources, il s’agit des coûts administratifs élevés réduisant la proportion des dons qui atteignent les bénéficiaires. « Car si les coûts de fonctionnement et la promotion de la solidarité entre Lions sont aux dépens des œuvres, cela veut dire que c’est nous-mêmes d’abord avant les autres. Et ce n’est pas intéressant», relève le conférencier. De même, la fragmentation des efforts caritatifs et le manque de coordination entre clubs peuvent entrainer un chevauchement des services et une répartition inégale des ressources. Par ailleurs, la charité réactive aux crises peut entrainer une allocation imprécise des ressources, ne ciblant pas nécessairement les besoins les plus critiques à long terme. Par contre, « Si l’assistance sociale peut sortir les assistés de la précarité, elle peut également les y maintenir. La dépendance à court terme aux actions caritatives se produit lorsque l’aide fournie ne s’accompagne pas d’efforts visant à autonomiser les personnes concernées », souligne le conférencier. 
Des opportunités

Comment promouvoir ou réinventer la charité par les clubs services ? A cette question, le conférencier fait savoir que même si la charité relève de la sphère de la redistribution privée, l’Etat peut promouvoir les actions caritatives à travers la déduction fiscale des dons financiers. Ce qui est actuellement le cas, à travers certaines dispositions du code général des impôts qui offrent des opportunités que les Lions peuvent saisir. Il s’agit notamment de l’article 32 qui institue des déductions fiscales pour les dons et libéralités. « Si le chiffre d’affaires de la société est de 1 000 000 F Cfa par exemple, et qu’elle fait un don de 1 000 F Cfa, elle paie 99 000 F Cfa au lieu de 100 000 F Cfa, pour un taux d’imposition de 10 % », explique le directeur de l’Eneam. Les Lions peuvent exploiter cet article pour des demandes directes aux entreprises. Le conférencier relève aussi que la charité exige également des actions systémiques dans la gouvernance des institutions. Il faudrait améliorer la transparence dans la collecte, l’allocation et l’utilisation des fonds par la publication des rapports financiers, la communication sur les activités menées et la démonstration des impacts réalisés. « Il faut évaluer les impacts, publier les rapports, améliorer la coordination entre les organisations, adopter un code éthique de comportement responsable : transparence, redevabilité, contrôle », a conclu Albert Honlonkou, directeur de l’Eneam.