La Nation Bénin...
De
Savè à Bohicon en passant par Glazoué, Dassa-Zoumè et Covè, de nouvelles
dynamiques relatives à l’amélioration des rendements et à la transformation
sont en cours dans les filières soja et production piscicole, grâce au Projet
d’appui au développement des filières protéiniques (Padefip). Les résultats «
satisfaisants » du Padefip ont été constatés les 27, 28 et 29 août derniers,
par une mission conjointe de supervision du ministère de l’Agriculture, de
l’Elevage et de la Pêche (Maep) et de l’Agence française de développement
(Afd).
Les
départements des Collines et du Zou écrivent de nouvelles pages dans le secteur
de la production et de la transformation du soja et de la production intensive
de poissons depuis la mise en place à leur profit, en octobre 2018, du Projet
d’appui au développement des filières protéiniques (Padefip). Quelques acteurs
de cette nouvelle ère soutenus par le projet ont reçu les 27, 28 et 29 août
derniers, la visite du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche
(Maep), initiateur du projet et une délégation du partenaire technique et
financier, l’Agence française de développement (Afd). Il était question pour la
mission conjointe conduite par Denis Vasseur, représentant de l’Afd,
d’apprécier le niveau de mise en œuvre du Padefip et de formuler des
recommandations en vue de l’atteinte de tous les objectifs poursuivis tant en
faveur des producteurs que des transformateurs et des consommateurs.
L’exercice
a commencé par Dassa-Zoumè. D'abord, la délégation a effectué une descente sur
un champ école dédié à la promotion des bonnes pratiques et au recyclage des
producteurs en vue de l’amélioration des rendements dans la filière. Ensuite,
Denis Vasseur et sa suite vont mettre le cap sur Savè, précisément sur la ferme
Agexac jumo située dans le village Boubou, dans l’arrondissement du Plateau. En
dépit de l’impraticabilité des voies, la délégation a tenu à aller au contact
du promoteur de la ferme située à 11km de la voie bitumée. Appuyé par le
Padefip, le fermier Sabin Camel Abekpe pratique la pisciculture des espèces
tilapie et surtout clarias. Outre les formations et l’encadrement techniques in
situ, Padefip a offert à la ferme trois bassins d’une capacité de 400 alevins
chacun. Ce qui permet, au bout de chaque période de six mois à Sabin Camel
Abekpe et son équipe, d’obtenir des poissons d’un kilogramme de poids mis en
vente sur le marché local. A l’en croire, la demande est forte et sa production
peine pour le moment à la contenir. Une aubaine qui fait envisager au fermier
Abekpe la perspective de faire de la production piscicole son activité
principale. Padefip qui œuvre à la structuration de la filière agit aussi pour
l’avènement des écloseries modernes.
Dans
cette perspective, Saturnin Obossou et sa ferme piscicole Opm ont été appuyés.
Située dans le village de Betekoukou, la ferme est pratiquement une chaine de
production depuis les larves jusqu’aux poissons en passant par les alevins.
Saturnin Obossou, responsable départemental des acteurs du secteur, explique qu’avant son initiative et l’accompagnement du Padefip, il leur fallait parcourir des centaines de kilomètres avant de se procurer les alevins, notamment à Dassa-Zoumè et environs. Ce qui n’est plus le cas depuis peu, grâce au soutien du Padefip, reconnaît-il. Et pour davantage alléger les peines des pisciculteurs, il a été mis en place, dans la commune de Covè, une unité de production locale d’aliments destinés aux poissons. Sollicitée par l’Association des coopératives et entreprises de pisciculture du Bénin (Anacep-Bénin) dans le cadre de l’appui du Padefip, la réalisation du centre est financée par l’Afd. D’un coût global estimé à 60 millions francs Cfa, le bâtiment ainsi que ses premiers appareils ont été visités en vue de s’assurer du respect du cahier des charges. Il s’agit d’une chaîne complète de production de 500 tonnes d’aliments, une grande première au Bénin, soutient Lucas Dessouassi, directeur exécutif de l’Anacep Bénin, qui note à la suite de Séraphin Bokossa, représentant des coopérateurs du Zou, que grâce à l’attention bienveillante du gouvernement, la production piscicole est promise à un avenir radieux au Bénin.
Concernant
la transformation du soja, activité dont beaucoup de femmes tirent leur
principal revenu, le choix de Denis Vasseur et sa délégation a porté sur
Blandine Dognon à Dassa-Zoumè puis sur le groupement féminin basé dans
l’enceinte de la collectivité Akpoly à Gnidjazoun, l’un des dix arrondissements
de Bohicon. Encadré par des techniciens de Solidarité entreprise Nord-Sud
(Sens-Bénin), bras exécutant du Padefip pour le sous-secteur de transformation
de soja en «amon soja » (fromage de soja), il était question d’apprécier
l’appropriation des bonnes pratiques, les innovations introduites, les
enseignements relatifs à la gestion des revenus mais aussi les résultats de
l’accompagnement à la mise en place des circuits courts de distribution du
fromage dans les communes.
A
Dassa-Zoumè comme à Bohicon, les témoignages des acteurs font état d’un
engouement à consommer la nouvelle version de « amon soja». Les demandes, au
dire des producteurs, proviennent de presque tous les départements. Amon soja,
soutient-on, entre désormais aussi bien dans la formulation des repas de nombre
de ménages que dans les menus proposés au niveau des hôtels, des restaurants,
des cantines scolaires et consorts.
Les transformatrices qui s’en frottent les mains jurent que l’embellie qu’enregistre leur sous-secteur leur permet de mieux vivre et de faire un peu plus face aux charges de leurs ménages respectifs. En manifestant leur gratitude à l’endroit de l’Afd et du Padefip qui ont facilité cet état de choses, les transformateurs de soja tout comme les pisciculteurs n’ont pas caché leur volonté de voir maintenir le projet qui en principe clôture ses activités dans moins de neuf mois. Pour eux, en lui accordant encore un peu de temps, Padefip aiderait à asseoir définitivement les nouvelles dynamiques. Il pourra aussi accompagner à l’aboutissement les processus de restructuration des filières soja et production piscicole dans les départements du Zou et des Collines.
La
mission de supervision qui n’écarte pas la possibilité de proroger la durée de
vie du Padefip laisse toutefois le privilège au gouvernement béninois et à son
partenaire l’Afd de trancher. Mais, à en croire Denis Vasseur, les impacts
économiques favorables des appuis en cours et l’importance des besoins encore
en attente ne peuvent laisser indifférentes les deux parties prenantes majeures
du Padefip. Denis Vasseur qui effectuait sa deuxième mission de supervision au
nom de l’Afd retient, au regard des constats effectués sur le terrain et des
rapports parvenus au niveau de sa structures, que « le taux de satisfaction est
très élevé» par rapport aux appuis déployés pour le compte de cette première
phase du Padefip. Notamment en ce qui concerne l’appui à la transformation qui
a touché, selon lui, plus de 600 petites entreprises avec des impacts
importants en termes d’augmentation des revenus des acteurs