La Nation Bénin...
Interpellée par les récents putschs et coups d’Etat enregistrés en Afrique, l’Ecole d’initiation théologique et pastorale (Eitp) a organisé, samedi 25 novembre 2023 dans ses locaux à Cotonou, une conférence publique sur la question. Avec pour principal orateur Me Robert Dossou, cette séance de réflexion vise à identifier les causes profondes de la crise des démocraties en Afrique et surtout, les axes sur lesquels l’Eglise pourrait travailler pour aider à promouvoir une démocratie de développement.Interpellée par les récents putschs et coups d’Etat enregistrés en Afrique, l’Ecole d’initiation théologique et pastorale (Eitp) a organisé, samedi 25 novembre 2023 dans ses locaux à Cotonou, une conférence publique sur la question. Avec pour principal orateur Me Robert Dossou, cette séance de réflexion vise à identifier les causes profondes de la crise des démocraties en Afrique et surtout, les axes sur lesquels l’Eglise pourrait travailler pour aider à promouvoir une démocratie de développement.
La problématique de la solidité des démocraties africaines
semble de plus en plus transversale et l’Eglise catholique entend jouer sa
partition. C’est pour éveiller les consciences et inviter à s’engager en faveur
de la promotion d’une démocratie de développement que l’Eitp, une entité de
l’Eglise catholique au Bénin, a réuni des universitaires, des prêtres et un
parterre d’invités venus de divers horizons, pour échanger autour de la
question. Avec pour thème « Les démocraties en crise en Afrique, défis pour
l’Eglise », la communication donnée par Me Robert Dossou a relevé la principale
cause de l’instabilité des régimes et des tensions auxquelles les pays sont
confrontés en Afrique subsaharienne. L’orateur principal a notamment fait
savoir que « la cause, c’est l’Etat. » Il explique que l’Etat en Afrique
n’existe pas en tant qu’institution, puisqu’il n’est que la résultante de
l’administration coloniale qui ne prend pas toujours en compte les aspirations
des peuples africains. Mieux, il soutient « qu’au lendemain des indépendances,
les pays africains avaient à construire une nation, un Etat, un tissu social et
une intégration africaine. » Un vaste chantier auquel ils n’étaient pas
préparés. A l'en croire, l’Etat qui est une institution qui élabore des règles
et crée des organes, pour le bon fonctionnement de la société, n’est pas
toujours compris, autant qu’il ne joue pas toujours convenablement son rôle
régalien. D’où les crises, qui naissent des frustrations, et les remises en
cause du système démocratique.
Mettre l’Homme au cœur des actions
Ancien président de la Cour constitutionnelle, Me Robert
Dossou a identifié le citoyen comme le remède à l’instabilité des régimes. « La
solution, c’est l’Homme », a-t-il déclaré. Pour lui, l’Etat doit mettre «
l’Homme au cœur de toutes ses actions régaliennes. » Voilà pourquoi il précise
que pour être légitimes et profitables aux citoyens, les lois doivent répondre
aux principes fondamentaux des Droits de l’Homme, avec pour finalité, de
garantir le bon fonctionnement des institutions. Il ira plus loin, en ajoutant
que « la démocratie est un élément constitutif des Droits de l’Homme », et
c’est dans sa mise en œuvre que l’Eglise intervient, notamment pour contribuer
à former la personne humaine, et à jouer les médiations. C’est alors que
s’ensuit un autre panel animé par deux universitaires, Dr Paul-Marie Houessou
et Dr Paul Christian Kiti, tous deux enseignants chercheurs. Abondant dans le
même sens que Me Robert Dossou, ceux-ci ont martelé combien « l’Eglise a le
devoir de médiation et de socialisation des peuples ». Pour le Père Rodrigue
Gbédjinou, Directeur de l’Ecole d’initiation théologique et pastorale, deux
points forts sont à retenir au terme de la soirée d’échanges : « la faillite de
l’Etat et la centralité de l’Homme. » Dans son mot de clôture, il a invité tous
les acteurs sociaux ainsi que les pouvoirs publics à interroger l’anthropologie
de nos cultures et de nos religions. «C’est d’abord le rôle de toutes les
religions et plus particulièrement le rôle de l’Eglise catholique», croit-il.
Le Père Rodrigue Gbédjinou conclut en déclarant que « chacun doit être engagé,
et de façon déterminée, pour relever l’Etat ; c’est un travail de longue
haleine, mais qui mérite d’être fait ».