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Ecole primaire publique de Colli-Bossouvi à Houègbo:Les enseignants menacés vident les classes

Société
Par   Site par défaut, le 07 avr. 2015 à 06h26

Depuis le vendredi 27 mars dernier, les écoliers de l’Ecole primaire publique de Colli-Bossouvi sise à Houè-gbo dans la commune de Toffo n’ont plus accès à leurs classes. Leurs enseignants menacés par certains habitants armés ont dû prendre la tangente pour avoir la vie sauve.

Les écoliers des groupes A, B et C du complexe scolaire de Colli-Bossouvi à Houègbo n’ont plus accès à leurs classes depuis le vendredi 27 mars dernier. Certains habitants du village réagissant à l’arrestation des leurs, ont eu à chasser les enseignants de leur lieu de travail, empêchant ainsi les écoliers de recevoir les cours.
Selon un rapport de la situation dont Désiré Guèdèmè, chef de la Circonscription scolaire de Toffo a reçu ampliation, le corps enseignant n’est pas en sécurité dans ce village. Il est menacé par un groupe d’habitants qui ne semblent pas admettre la construction d’un module de latrines au sein de cet établissement de trois groupes. Rappelant les faits, les trois directeurs signataires du document à savoir Valentine Boko Assogba du groupe A, Germain Houéton du groupe B et Barthélémy Djahounkaki du groupe C ont fait savoir que le groupe B de ce complexe a bénéficié d’un module de trois classes et de deux modules de latrines dont les travaux de construction ont démarré lundi 23 février dernier.

Mais il a été décidé que les latrines soient implantées à côté d’un premier module déjà construit. Cet emplacement choisi n’a pas plu à certains villageois qui ont l’habitude de circuler en traversant l’école. Car l’établissement étant sans clôture, les habitants ont créé une voie le traversant en son milieu. Or, poursuit le rapport, en traversant l’école, les motocyclistes ont déjà occasionné plusieurs accidents d’écoliers. Estimant que ce nouveau module dont la fosse est forée, les empêcherait de circuler. Mécontents, les habitants ont nuitamment, le jeudi 26 mars dernier, procédé à sa fermeture. Surpris par cette réaction, l’entrepreneur a dû recourir au Commissariat de police de Houègbo pour se plaindre. Cette plainte a été appuyée par les directeurs du complexe, le gardien qui a reconnu les mis en cause lors de leur forfait et le président de l’APE. Aussitôt, le commissaire a pris les dispositions requises pour interpeller les présumés.

Les enseignants humiliés devant les élèves

Après l’arrestation des présumés, un groupe de jeunes gens tels des guerriers ont envahi l’école, armés de gourdin, de chicottes, d’armes blanches, de branchages, a précisé le rapport. Non contents d’envahir l’école et très menaçants, ils ont fait irruption dans les salles de classe. Ainsi, ils ont réussi à faire vider les classes avec pour armes, injures et menaces de tout genre. « Sortez, sortez ! L’école est fermée aujourd’hui », a rapporté le document faisant le point de la situation. Ne sachant quoi faire devant les assaillants, le personnel a dû obéir en se retirant tout simplement des classes. Mais les trois directeurs et leurs collaborateurs ont à nouveau informé la police ainsi que les autorités à divers niveaux dont le directeur départemental de l’enseignement maternel et primaire de l’Atlantique-Littoral. Et ne se sentant plus en sécurité, ils ne se rendent plus dans leur école. En lieu et place des salles de classe, ils se rendent à la Circonscription scolaire depuis qu’ils ont été l’objet de menaces de la part des assaillants. De l’autre côté, les salles sont toujours restées fermées, et pas le moindre élève traînant dans la cour.
Face à la situation, la coordination de l’APE a envoyé une correspondance au chef de la Circonscription scolaire. Dans cette correspondance, le président de la coordination sans préciser le motif du débrayage opéré par les enseignants, les invite à reprendre les activités. Il entendait ainsi calmer les enseignants et les amener à reprendre les cours. Mais à la lecture de cette correspondance, le personnel enseignant n’est pas convaincu que leur sécurité est garantie. Rencontrés au niveau des bureaux de la Circonscription scolaire de Toffo, les enseignants ont estimé que cette correspondance n’a pas de sens. A leur avis, elle serait insuffisante au regard de toute l’humiliation subie et des menaces proférées contre eux devant leurs apprenants par les assaillants. Au contraire, ont-ils estimé, la correspondance a tendance à banaliser la situation qui prévaut au sein de l'établissement. Aussi ont-ils exigé des mesures de sécurité sérieuses, un engagement ferme des assaillants à ne plus jamais agir comme ils l’ont fait et même que l’affront soit lavé devant leurs apprenants à travers des excuses publiques avant toute reprise des activités pédagogiques.
En dehors des cours, les apprenants de cette école n’ont pas pu faire l’évaluation à cause de cette situation de crise que Désiré Guèdèmè, chef de la Circonscription scolaire de Toffo, a jugé inutile et totalement bête. Selon son témoignage, entretemps, la police a intimé l’ordre aux habitants du village de retirer tout le sable de la fosse. Ce qui a été fait. Par ailleurs, le chef de la circonscription a dénoncé un autre acte posé par le chef de file des assaillants. Il s’agit du forage de deux puisards de forme cylindrique sur le domaine de l’établissement et à moins de 30 centimètres d’une salle de classe. Malgré tout ce qui a été dit pour l’amener à comprendre le grand danger que cela constitue pour les écoliers, l’intéressé n’a pas cru devoir refermer les puisards dont la profondeur dépasserait les 20 mètres, a souligné tout déçu Désiré Guèdèmè. Toutefois, il reste dans l’espoir qu’avant la fin des congés de Pâques, une solution soit trouvée pour que les enfants de cette école reprennent les classes comme leurs camarades d’ailleurs.