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Initiative de développement communal: Djougou, au soin des sapeurs-pompiers volontaires

Société
Par   zounars, le 13 août 2015 à 10h59

En l’absence d’un groupement national des sapeurs-pompiers, certaines mairies rivalisent d’initiatives et d’ingéniosité. A Djougou, la localité d’Evreux en France a permis de mettre en place une caserne qui couvre la commune et supervise celles de Bassila et de Tanguiéta.

Ils sont instituteur, menuisier, entrepreneur agricole, mécanicien ou agent d’hygiène et travaillent en tant que sapeurs-pompiers volontaires. La caserne qu’a fait construire pour eux la mairie de Djougou, se dresse à quelques encablures du stade Atchoucouma de la ville et juste à côté du Somouhébou, le marché des ressortissants de l’Atacora.

Créée depuis 2000, la caserne a été dotée au fil du temps en moyens matériels nécessaires pour leur permettre d’accomplir leur mission. «La caserne des sapeurs-pompiers volontaires est née de la coopération entre Evreux et la ville de Djougou. Suite à sa visite dans notre commune, une délégation de cette localité française, s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de maisons en pailles ici sans qu’il n’y ait un groupement de sapeurs- pompiers. C’est alors que le maire d’Evreux, Roland Plaisance, a dépêché une équipe de 3 personnes dirigée par un pompier professionnel qui a créé la caserne de Djougou», se souvient le sergent civil Mamame Thédjoucou, responsable du groupement des sapeurs-pompiers volontaires de Djougou. Comme lui, 12 autres agents travaillent à temps partiel pour la caserne.
Mamame Thédjoucou était menuisier-coffreur avant d’être formé par la délégation française. Depuis la création du groupement en 2000, il cumule ce métier avec ses nouvelles fonctions de sapeur-pompier volontaire. Après une série de stages en France notamment à l’Ecole départementale des sapeurs-pompiers civils d’Evreux, il a été fait sergent et autorisé à former des agents surplace. «Ce matériel que vous voyez, s’appelle un lance-monitor. Il n’existe nulle part ailleurs au Bénin. Il sert à éteindre les grands feux à distance, environ cent mètres. La mise en place d’une Association franco-béninoise des sapeurs-pompiers a facilité au profit de la coummune la dotation en matériel. Cette organisation initiée à Evreux en France qui a pour mission d’œuvrer pour la sauvegarde des intérêts des sapeurs-pompiers, nous aide à collecter du matériel qui nous est convoyé», déclare fièrement Mamame Thédjoucou.

L’intercommunalité des sapeurs-pompiers

«La coopération entre les sapeurs-pompiers de Djougou, ceux de Bassila et de Tanguiéta remonte respectivement à 2008 et 2010. Bassila est en coopération avec une ville allemande qui les a dotés d’un véhicule dont ils n’avaient pas une bonne maîtrise en 2008. Tanguiéta a acquis un véhicule pouvant évoluer aussi bien en milieu urbain que rural, et un autre spécialisé dans l’extinction des feux de forêt. Nous les avons aidés à acquérir, à entretenir le matériel et à former les agents», raconte-t-il. Avec le développement de l’intercommunalité entre Bassila, Djougou et Tanguiéta, un groupement intercommunal a été mis en place. Pour le doter en moyens susceptibles de l’aider à réaliser sa mission, chaque commune est chargée de verser une somme donnée par an. Djougou verse 2 millions de F CFA, Bassila 1,8 million et Tanguiéta 1,5 million. Le sergent Mamame Thédjoucou est alors chargé de la supervision de la trentaine de sapeurs-pompiers volontaires dans les trois communes. «Chaque fois que le véhicule sort, il y a une fiche de sortie des secours qui renseigne sur l’action, les paramètres d’intervention et le kilométrage», explique-t-il. Malgré les moyens propres dont il dispose et son statut de groupement non étatique, le groupement des sapeurs-pompiers volontaires de Djougou dépend du Groupement national des sapeurs pompiers (GNSP) de Natitingou à qui il produit des rapports trimestriels.

Aucune subvention

Le GNSP ne leur octroie cependant aucune subvention. Comme Mamame Thédjoucou, les sapeurs-pompiers volontaires reçoivent une allocation forfaitaire par heure d’intervention. « Moi, je suis à 250 francs l’heure. Les autres, selon leurs postes, perçoivent entre 190 et 210 francs par heure. Mais certaines communes ne versent généralement pas à temps les cotisations. Ce qui retarde le paiement et joue sur l’entretien des véhicules. De plus, le carburant nous fait beaucoup dépenser. Parfois, nous ne pouvons pas intervenir faute de carburant. A cela, il faut ajouter les frais de communication qui sont à nos charges. Parfois je suis obligé d’utiliser mes propres sous au risque de voir des vies humaines être sacrifiées », confie-t-il. Si lui a été recruté à la mairie de Djougou comme agent de transmission, parmi ses autres collègues, il y a des artisans, des instituteurs etc. qui ont des charges familiales et pour lesquelles il n’est pas toujours facile de travailler dans des conditions précaires. Ce qui conduit parfois certains d’entre eux à démissionner, indique le sergent Mamame Thédjoucou, responsable des sapeurs-pompiers de Djougou.