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Interdiction des boissons alcoolisées en sachet: Une décision sociale et sanitaire au profit de la jeunesse

Société
Les boissons alcoolisées en sachet, un danger Les boissons alcoolisées en sachet, un danger

Au Bénin, la production, la distribution et la consommation de l’alcool en sachet sont désormais interdites par un arrêté ministériel en date du 17 mai dernier. Cette interdiction a, entre autres, pour but d’endiguer plusieurs fléaux tels que l’alcoolisme qui sévit dans le rang des jeunes en milieu défavorisé. 

Par   Lhys DEGLA, le 10 juin 2024 à 02h32 Durée 2 min.
#Interdiction des boissons alcoolisées en sachet

« Qu’il s’agisse du sodabi, des pastis ou certaines liqueurs, ces alcools sont fabriqués à base d’ingrédients toxiques… La situation la plus alarmante est celle des enseignants et des jeunes qui se noient dans l’éthylisme chronique". C’étaient les propos du maire Moussa Abassi à l’occasion de la marche collective des maires de l’Atacora contre l’alcool frelaté en 2018. Les dégâts de l’alcool de contrebande généralement de piètre qualité sont énormes dans le rang des populations notamment dans le nord du Bénin. Les appels de ces autorités locales et de plusieurs autres institutions pour mettre fin au commerce de l’alcool contrefait ont fini par payer, quelques années plus tard. Aujourd’hui, le Bénin peut se targuer, à l’instar de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Malawi et du Sénégal d’avoir réussi une telle prouesse.

Junias Houngan, assistant social chargé des affaires sociales et solidarité au Guichet Unique de Protection Sociale de Xwlacodji, salue cette décision qui, selon lui, fera reculer la délinquance juvénile très présente dans cette zone considérée au plan social comme chaude au même titre que Tokpa hoho, Ginkomey, Joncquet... Les zones chaudes sont des quartiers à réputation sulfureuse (proxénétisme, toxicomanie etc). « A Xwlacodji, ce sont les jeunes qui consommaient le plus ces produits au détriment de leur santé physique et mentale. La majorité de ces jeunes déscolarisés, désœuvrés ou au chômage, noient leur désespoir dans l’alcool à vil prix. Déjà avec 100 F Cfa, un jeune pouvait avoir accès à cet alcool. C’était donc une solution pas coûteuse, à portée de main, et à tous les coins de rue ». Selon Fernande Adekou, spécialiste en sciences sociales et santé-parcours enfance famille, cette interdiction vient régler un réel problème de santé dû à la consommation de ces boissons en sachet dont on ne maitrise pas les conditions de production et qui sont toxiques pour ceux qui en consomment. Elle estime que les sensibilisations menées depuis plusieurs années par les Centres de protection sociale, désormais Guichets uniques de protection sociale, ainsi que les organisations non gouvernementales, bien qu’ayant produit leurs effets, ne pouvaient à elles seules mettre un terme à ce fléau. La décision de l’Etat vient donc à point nommé pour mener convenablement cette lutte.

Pour Junias Houngan et Fernande Adekou, l’interdiction, bien que salutaire, peut ne pas porter totalement ses fruits si le chômage, le sous-emploi et la précarité, source des maux comme l’alcoolisme, ne régressent pas. Ils estiment que les producteurs, les vendeurs comme les consommateurs pourraient toujours mettre en place d’autres stratégies ou trouver d’autres produits substitutifs encore plus dangereux.