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La délégation en milieu professionnel: Un levier sous-exploité par les managers d’entreprise

Société
Alice Rebecca Dahou spécialiste en productivité et gestion du temps Alice Rebecca Dahou spécialiste en productivité et gestion du temps

Dans un monde professionnel en perpétuelle évolution, la capacité à déléguer est devenue une compétence essentielle pour les managers. Pourtant, nombreux sont ceux qui hésitent, voire craignent de passer le relais à leurs équipes. Cette réticence, souvent liée à une peur de perdre le contrôle ou à un manque de confiance envers leurs collaborateurs, freine non seulement leur propre efficacité, mais aussi celle de toute l’entreprise. Pourquoi est-il si difficile de déléguer, et comment surmonter cette appréhension pour libérer tout le potentiel de ses équipes? Un débat ouvert avec la spécialiste en productivité et gestion du temps, Alice Rebecca Dahou. 

Par   Lhys DEGLA, le 30 août 2024 à 10h25 Durée 3 min.
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Comment définiriez-vous la délégation dans un contexte professionnel ?

La délégation, c'est l'art de confier certaines tâches ou responsabilités à un membre de son équipe pour se concentrer sur des tâches plus stratégiques tout en impliquant les collaborateurs dans la réalisation d'objectifs communs.

Quelles sont, selon vous, les principales raisons pour lesquelles un manager ou un chef d'équipe devrait déléguer des tâches ?

Plusieurs motivations peuvent justifier qu’un manager ou un chef d’équipe ressente le besoin de déléguer. Tout d'abord, la nécessité d’alléger sa charge de travail, ensuite développer les compétences des membres de son équipe, et enfin renforcer la confiance et l'engagement au sein de l'équipe. De manière significative, déléguer permet d'optimiser l'utilisation du temps, de favoriser l'autonomie des collaborateurs, et d'améliorer la productivité globale.

Comment la délégation peut-elle aider à se concentrer sur des tâches à haute valeur ajoutée ?

En déléguant les tâches moins critiques ou routinières, un manager peut par exemple libérer du temps pour se concentrer sur les activités qui ont un impact direct sur la stratégie de l'entreprise, comme le développement de nouvelles opportunités ou la résolution de problèmes complexes.

Par exemple, lors d’un projet important avec un client, j’ai délégué la gestion quotidienne de la communication à un membre de mon équipe. Cela m'a permis de me concentrer sur la stratégie du projet et d'intervenir sur les points critiques, ce qui a amélioré l'efficacité et la qualité du travail final.

Comment identifiez-vous les tâches qui doivent être déléguées et celles qui ne devraient pas l'être ?

Les tâches répétitives ou celles qui ne nécessitent pas une expertise spécifique peuvent être déléguées. Mais celles qui nécessitent une prise de décision stratégique ou une connaissance approfondie, devraient être conservées. Pour déterminer quelles tâches peuvent être déléguées, je me base sur l'importance de la tâche, le niveau d'expertise requis, et les compétences du collaborateur à qui je pense déléguer. Ensuite, si une tâche peut être accomplie efficacement par quelqu'un d'autre sans compromettre la qualité, il est candidat à la délégation.

Quels sont les critères essentiels pour choisir la bonne personne à qui déléguer une tâche ?

Pour choisir la bonne personne à qui déléguer, il faut tenir compte des compétences du collaborateur, son niveau d’expérience, sa charge de travail actuelle, et son intérêt pour la tâche. Il est aussi important que la personne soit motivée et capable d'assumer la responsabilité de la tâche déléguée. En ce qui me concerne, j'évalue leur capacité à travers leur performance passée, leur aptitude à prendre des initiatives, et leur attitude face aux responsabilités. Des discussions régulières et des retours d’expérience m'aident également à ajuster la délégation selon leurs compétences.

Comment suivez-vous l'avancement des tâches déléguées sans microgérer ?

Un processus de délégation réussi repose sur une communication claire des attentes, la mise à disposition des ressources nécessaires, la définition d’échéances précises, et un suivi régulier pour s'assurer que la tâche avance correctement. Pour éviter de microgérer, il faut mettre en place des points de suivi réguliers, par exemple des réunions hebdomadaires, où l'on discute de l'avancement. Il faut éviter de contrôler chaque détail et préférer poser des questions pour guider l'équipe, tout en leur laissant l'autonomie de gérer les aspects opérationnels.

Quels indicateurs ou méthodes utilisez-vous pour évaluer l'efficacité de la délégation ?

La meilleure façon de mesurer l’efficacité des méthodes utilisées est de recourir à des indicateurs comme le respect des délais, la qualité du travail rendu, et la satisfaction des parties prenantes.  Il ne faut surtout pas donner au collaborateur, le sentiment d’être nul en cas d’erreurs mais les lui présenter plutôt comme des opportunités d'apprentissage ; discuter avec le collaborateur pour comprendre ce qui a mal tourné et comment éviter que cela se reproduise. 

Comment le manager peut-il gérer sa réticence à déléguer des tâches ?

Le manager doit reconnaître que déléguer est un levier essentiel pour son propre développement et celui de son équipe. Il peut commencer par déléguer progressivement, en suivant les résultats, et en se rappelant que cela permet à l’équipe de grandir et de devenir plus autonome