La Nation Bénin...
«
Leadership féminin : masculinité positive. Quelles perspectives pour la lutte
contre les violences basées sur le genre au Bénin ? ». La question a fait
l’objet d’un panel de discussion, ce mercredi 29 novembre à Cotonou.
L’initiative s’inscrit dans le cadre du Programme d’appui à l’égalité de genre
au Bénin (Paeg), avec le soutien de la Coopération suisse. C'est dans le cadre
des «seize jours d’activisme contre les violences basées sur le genre».
Les
concepts de masculinité positive et de leadership féminin, en lien avec la
lutte contre
les violences basées sur le genre (Vbg) sont en débat à Cotonou.
Sous la modération d'Hermine Akpona,
journaliste à la Radio nationale, panélistes et participants de tous bords ont
exprimé leurs avis, livré. Les uns pour donner leurs avis sur la thématique,
les autres pour formuler des pistes de solutions. Sur les approches pouvant
aider à relever le pari d’une meilleure représentativité des femmes, Salomon
Ogouma pense que l’éducation est l’arme primordiale à privilégier. Il préconise
également le renforcement de la législation et des politiques favorables aux
femmes, avant de les exhorter au dépassement de soi.Si les Vbg persistent,
c’est parce qu’elles ont un lien direct avec la pauvreté. Dah Langanfin Glèlè,
roi de Cana, commune de Zogbodomey y croit dur comme fer. « Dans certains
milieux, les hommes procréent vite alors qu’ils n’exercent aucun métier. Les charges
familiales évoluant, ils n’arrivent plus à y faire face. D’où les coups de
poing sur leurs femmes dans le foyer », relève-t-il.
Pour réduire les vbg, il pense que les gardiens
de la tradition ont leur mot à dire. « Dans les couvents, nous prônons
l’éducation. Les femmes deviennent dociles lorsqu’elles en sortent », confie-t-
il, promettant la même démarche à l’endroit de ‘’leurs’’ hommes. Geneviève Boko
Nadjo, panéliste, épouse le point de vue de Dah Langanfin Glèlè sur les Vbg.
Pour aborder le sujet, elle préfère employer l’expression ‘’l‘éducation du
genre humain’’, car pense-t-elle comme Simone de Beauvoir, « on ne nait pas femme,
ni homme. On le devient ». L’ancienne vice-présidente de la Commission
électorale nationale autonome (Céna) encourage avant tout le leadership
féminin, l’autonomisation des femmes, et le respect de leurs droits au même
titre que les hommes. Sur le plateau de discussion, Daniel Alogbédé est perçu
comme un bel exemple de masculinité positive. Le témoignage éloquent qu’il
partage avec le public en dit long sur le personnage atypique qu’il incarne en
la matière. Salomon Ogouma n’en est pas moins. Lui aussi s’emploie de son mieux
à être un « masculin positif». C’est d’ailleurs lui qui situera le public sur
les différentes variantes de ce nouveau concept au Bénin. Il en vient à dégager
la masculinité co-responsable (l’homme qui aide sa femme dans les tâches ménagères),
la masculinité inclusive (celle qui tient compte de tous), la masculinité
engagée (qui exige des hommes de s’engager aux côtés des femmes).
Concept ancien-nouveau
Le concept de masculinité positive n’est apparu
au Bénin qu’en 2022. Mais il n’est pas si nouveau dans le monde. Il existe
depuis la nuit des temps et a toujours guidé nos ancêtres. C’est justement à ce
niveau que tout doit être reconsidéré aujourd’hui. Pour y arriver, Geneviève
Boko Nadjo propose une reconversion des mentalités. « Tant que les mentalités
ne seront pas reconverties, les discours ne serviront à rien. L’effort doit
être mis sur les générations montantes. La masculinité positive ne peut être effective
que lorsque l’homme a conscience des droits de la femme», fait-elle observer.
Il va de soi que le leadership féminin et la masculinité positive peuvent
contribuer à réduire les Vbg.
« Il faut que les femmes leaders politiques
mettent en avant la masculinité positive, il faut mettre la lumière sur les
exemples en la matière, et promouvoir des lois dans ce sens », suggère le
panel. Pendant que l’Inf exhorte les parents à faire attention aux sillons
qu’ils tracent auprès de leurs enfants en famille, des participants à ce panel
soutiennent la mise en place d’une base de données sur les statistiques et
l’histoire du Bénin afin d’apprécier le vrai visage de la masculinité positive.
A leur tour, les représentants de syndicats misent sur le soutien des
partenaires au développement pour tenir le pari. Aux côtés de ceux-ci, les
associations professionnelles se tiennent également prêtes.