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Filière piment au Bénin: Entre potentiel de croissance et défis structurels

Economie
Source : OCIS, à partir des données de la DSA/MAEP Source : OCIS, à partir des données de la DSA/MAEP

La production du piment connaît une croissance remarquable, portée par une demande locale et internationale en expansion. Avec des revenus estimés à 48 milliards F Cfa et des débouchés prometteurs dans la transformation et l’exportation, cette filière représente une véritable opportunité économique pour le Bénin.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 10 déc. 2024 à 08h23 Durée 3 min.
#filière piment

La filière piment offre des opportunités économiques considérables pour le Bénin. Avec des investissements ciblés, une meilleure organisation et une modernisation des infrastructures, cette culture peut devenir un pilier de la croissance agricole et un moteur d’exportation compétitif, selon une récente étude de l’Observatoire du commerce, de l’industrie et des services de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Ocis/Cci-Bénin, octobre 2024).

En effet, le piment est une des cultures maraîchères les plus dynamiques au Bénin. En 2022-2023, la production nationale a atteint 133 412 tonnes, marquant une progression notable par rapport aux années précédentes, d’après les données de la direction de la Statistique agricole du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (Dsa/Maep). Cette augmentation résulte d’une extension des superficies emblavées, qui sont passées de 23 564 hectares en 2010 à 37 467 hectares en 2023. Lors de la campagne 2021-2022, la production avait atteint 137 047 tonnes, enregistrant une augmentation de 25,8 % par rapport à la récolte de 108 934 tonnes enregistrée en 2020-2021. Le piment représentait ainsi 20 % de la production totale maraichère au cours de la campagne. Ces chiffres illustrent une filière dynamique portée par une demande nationale et internationale croissante.

Un énorme potentiel

La production du piment en hausse illustre le potentiel de la filière pour répondre à des besoins croissants. Elle contribue à environ 15 % du produit intérieur brut (Pib) agricole, soit une moyenne de 48 milliards de F Cfa, tout en créant des emplois pour de nombreux jeunes et femmes en milieu rural et périurbain.

Le piment est l’une des quatre cultures maraîchères les plus consommées au Bénin, aux côtés de la tomate, du gombo et de l’oignon, qui contribuent à environ 15 % du produit intérieur brut (Pib) agricole.

Produit dans quasiment toutes les régions du pays, le piment constitue une source de revenus essentielle pour de nombreux agriculteurs, qu’il s’agisse de petites exploitations familiales ou de plus grandes unités commerciales. De plus, il alimente l’économie locale tout en renforçant les recettes d’exportation.

La demande mondiale en piment est en forte croissance (+30 % en Afrique de l’Ouest de 2008 à 2017). Le Bénin a donc l’opportunité de devenir un leader régional du piment. Le secteur offre une plateforme idéale pour stimuler l’économie rurale et renforcer la sécurité alimentaire nationale. Le piment béninois a tout pour s'imposer sur le marché global, à condition que ses défis structurels soient relevés.

Obstacles à surmonter

Malgré ses atouts, la filière piment fait face à des défis majeurs, notamment le manque d'équipements modernes, des infrastructures de stockage limitées et une organisation insuffisante des acteurs. Tout cela explique la faible productivité de la culture, quoique que le rendement annuel soit globalement amélioré passant de 1 631 T/ha en 2010 à 4175 T/ha en 2023, soit un rendement moyen de 2,995 tonnes par hectare.

Pour maximiser le potentiel de la filière, il est indispensable de structurer les chaînes de valeur, de sécuriser l’accès au foncier pour les agriculteurs, de moderniser les infrastructures et d’améliorer l’encadrement technique. L’adoption de pratiques innovantes, telles que l’irrigation permanente, et l’accès à des financements adaptés pourraient également améliorer la productivité.

Ainsi le Bénin pourra saisir les opportunités majeures qui s’offrent à travers la filière, notamment les marchés en expansion, tant localement qu'internationalement, la demande croissante pour des produits transformés comme les sauces et les poudres et les possibilités de structuration et de professionnalisation du secteur.

Le développement de partenariats avec des pays comme la Chine ou le Nigeria pourrait renforcer les exportations et diversifier les débouchés.

Des efforts supplémentaires dans la standardisation et la certification des produits permettraient au piment béninois de mieux s’intégrer dans les chaînes d’approvisionnement globales.

Différentes variétés cultivées au Bénin

Les variétés les plus courantes incluent le piment rouge, riche en vitamines C et A, et le piment vert, souvent récolté avant maturité complète. Plusieurs variétés locales se distinguent par leur forme ronde, allongée ou conique, leur taille variable entre 1 et 12 cm de long et leur teneur en fibres, en capsaïcine, la substance responsable du piquant. Ces piments, qu’ils soient doux ou très épicés, offrent une diversité nutritionnelle et contribuent à la sécurité alimentaire nationale.

Les produits dérivés, comme la poudre de piment, le piment séché ou les sauces piquantes, rencontrent un succès croissant, à la fois sur le marché national et à l’exportation, comme en Chine où les importations de piments africains représentent un commerce annuel de 510 millions de dollars. Avec des investissements dans des unités semi-industrielles ou industrielles, ces produits peuvent représenter des sources de revenus importantes pour les acteurs locaux.