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Lutte contre le cancer: L’appel de l’Oms pour l’Afrique

Société
Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 22 févr. 2023 à 08h47
A l’occasion de la célébration, le 4 février, de la journée mondiale de lutte contre le cancer, la directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique a indiqué que le cancer est un problème de santé publique majeur. Elle a lancé un appel à la construction d’alliances plus solides, ainsi qu’à de nouvelles collaborations innovantes dans la lutte.Les chiffres sont préoccupants. Chaque année, l’Afrique enregistre environ 1,1 million de nouveaux cas de cancer, et jusqu’à 700 000 décès des suites de cette maladie. « Si l’on se fie aux prévisions, en l’absence de mesures d’interventions urgentes et audacieuses, la mortalité due au cancer augmentera de façon considérable pour atteindre près d’un million de décès par an à l’horizon 2030 », a souligné Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique. Pour montrer l’urgence de cet appel, dont le succès est tributaire d’une synergie d’actions innovantes, le thème de l’édition 2023, de la journée mondiale de lutte contre le cancer est : « Combler les lacunes en matière de soins : unir nos voix et agir ». Selon les données de la direction régionale de l’Oms pour l’Afrique, les cancers les plus fréquents chez l’adulte sont les cancers du sein (16,5 %), du col de l’utérus (13,1 %) et de la prostate (9,4 %), auxquels s’ajoutent le cancer colorectal (6 %) et le cancer du foie (4,6 %). Ensemble, ces types de cancer représentent près de la moitié des nouveaux cas de cancer. Malgré les défis considérables en matière de données, relève Dr Matshidiso Moeti, l’incidence du cancer chez l’enfant est estimée à 56,3 cas par million d’habitants en Afrique subsaharienne. Les projections actuelles, quant à elles, indiquent que l’Afrique supportera près de 50 % de la charge mondiale du cancer chez l’enfant d’ici 2050, ce qui nécessitera un déploiement rapide des efforts nécessaires pour faire face à cette situation alarmante.

Des défis pressants

A en croire Dr Matshidiso Moeti, la campagne de cette année est un appel lancé aux personnes partageant les mêmes idées, l’objectif étant que ces dernières s’unissent pour construire des alliances plus solides, ainsi que de nouvelles collaborations innovantes dans la lutte contre le cancer. Car, en dépit des réalisations par endroits, certains obstacles restent à surmonter. Il s’agit notamment de la faible disponibilité de registres d’enregistrement des cas de cancer axés sur la population, du niveau de promotion limité dont la santé fait l’objet, de l’accès insuffisant aux services de prévention primaire et de détection précoce et de la pénurie de structures de diagnostic ; autant de facteurs qui prolongent les délais de diagnostic et de traitement. La prestation de soins palliatifs est rare en Afrique, malgré la forte demande enregistrée. Le continent ne dispose que de 3 % des établissements de traitement du cancer dans le monde et seuls 22 pays d’Afrique subsaharienne offrent des services de radiothérapie, d’où le faible taux de survie recensé sur le continent. «En unissant voix et actions, nous pouvons lutter contre le cancer aux niveaux individuel et communautaire, notamment en choisissant des modes de vie sains, en nous faisant vacciner et en nous faisant dépister systématiquement contre les cancers évitables. Il incombe aux parents de s’assurer que leurs filles admissibles reçoivent le vaccin contre le virus du papillome humain… », a déclaré Dr Matshidiso Moeti.

Des plans nationaux de lutte

Elle invite les gouvernements à élaborer ou à actualiser les plans nationaux de lutte contre le cancer, à assurer un financement durable et à investir dans l’enregistrement des cas de cancer. Aussi, à intégrer les soins du cancer dans les programmes de prestations essentielles et les systèmes nationaux d’assurance-maladie. Au Ghana et en Zambie, l’Etat a procédé à l’inclusion des médicaments utilisés contre le cancer infantile dans le régime national d’assurance-maladie en place. La directrice régionale de l’Oms encourage également les pays à mettre en place les infrastructures nécessaires, tenant compte des ressources humaines, ainsi que des besoins de dépistage, de diagnostic et de traitement. Il faudra par ailleurs qu’ils étendent l’utilisation de la santé numérique et doivent prévoir des formations pertinentes pour le personnel de lutte contre le cancer. « Les survivants du cancer peuvent faire entendre leur voix et militer pour de meilleurs services de lutte contre le cancer. En tant que personnes ayant fait l’expérience du cancer, elles devraient être associées à la conception des services de lutte contre le cancer à tous les niveaux des soins de santé ».