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Meurtre (21e dossier): Boni Namboua reste en prison encore pour dix mois

Société
Par   Maurille GNASSOUNOU A/R Borgou-Alibori, le 14 févr. 2017 à 05h44

La cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou a examiné, vendredi 10 février dernier, le 21e dossier inscrit à son rôle. Entendu pour le chef d’accusation de meurtre, Boni Namboua a été condamné à la peine de dix ans de réclusion criminelle. Mis en détention depuis le 21 décembre 2007, il a encore dix mois à passer derrière les barreaux.

La non-maîtrise de soi conduit souvent à commettre des actes regrettables. C’est ce qui est arrivé à Boni Namboua. Il était à la barre, vendredi 10 février dernier, pour répondre de crime de meurtre.

Les faits se sont produits le 13 décembre 2007 à Toumoundagou, arrondissement de Manta, commune de Boukoumbé. Arguant de ce que le bouvier N’Tcha Madougou a volé trois des cinquante-trois bœufs que son père et son oncle, Tchanti N’Da lui ont confiés, Boni Namboua, cultivateur, s’est rendu à son domicile. Il s’est mis à lui poser une série de questions. Enervé, parce que ce dernier a refusé de lui répondre, il s’emporta et lui asséna à l’aide de la hachette qu’il avait en main, un violent coup au cou. Le bouvier s’effondra et rendit l’âme.
Interpellé et inculpé de meurtre, Boni Namboua a reconnu les faits à toutes les étapes de la procédure. Devant la cour, vendredi 10 février dernier, il ne les a également pas niés. Il a toutefois précisé que, c’est après que N’Tcha Madougou ait voulu se saisir d’un pilon, qu’il lui a porté la hachette derrière la tête.

« Pourquoi, t’es-tu rendu chez lui avec une hachette en main ? », lui a demandé le président Epiphane Yéyé. « Chez nous, on ne sort pas sans être armé de bâton, d’un coupe-coupe ou d’une hachette », répondra-t-il, en indiquant qu’il soupçonnait la victime d’avoir volé les trois bœufs disparus. « Ne le voyant pas depuis leur disparition, j’étais persuadé que c’était lui», poursuit Boni Namboua. «Mais n’arrive-t-il pas que des bêtes disparaissent à l’insu des bouviers? Lorsque c’est le cas, ces derniers disposent de quel délai pour informer les propriétaires?», interroge le président. «Aussitôt leur disparition constatée»,a laissé entendre l’accusé qui informe que c’est cinq jours après qu’il a fini par rencontrer le bouvier. «Pendant ces cinq jours, peut-être qu’il était en train de chercher les animaux», supposera le président de la cour. « Est-ce que la disparition de trois bœufs suffit pour supprimer la vie à son prochain? », enchaîne Epiphane Yéyé. «Non, mon intention n’était pas d’attenter à sa vie », a déploré l’accusé. Constatant qu’il variait dans ses propos, le représentant du ministère public, Géry Akuéson fera remarquer qu’il était en train de créer un autre dossier. Sur certains de ses propos, le conseil de l’accusé, Me Aboubakar Baparapé, attirera alors l’attention de la cour. «Les procès-verbaux d’enquête préliminaire pour asseoir la conviction de la cour ne sont portés à votre attention qu’à titre de renseignement. C’est l’instruction qui vous lie », avertit-il les membres de la cour.
Seul témoin présent à la barre, Emmanuel N’Tangou, délégué de Toumoundagou, a dit ce qu’il sait de cette affaire. L’enquête de moralité réalisée est favorable à l’accusé. Son bulletin n°1 le présente également comme un délinquant primaire.

Pas d’excuses de provocation

Dans ses réquisitions, le représentant du ministère public, Géry Akuéson, trouve que les éléments constitutifs du crime d’homicide volontairement commis dont le siège légal se trouve dans les articles 295 et 304 du Code pénal, sont réunis. Selon lui, Boni Namboua s’est porté au domicile de N’Tcha Madougou. Il lui a porté un coup de hachette. N’Tcha Madougou s’est écroulé et rendit l’âme. Géry Akuéson relève aussi la volonté coupable et l’intention délictueuse de tuer. Pour lui, Boni Namboua a agi délibérément et a porté un violent coup de hachette.

« Il s’agit d’un crime crapuleux », insiste-t-il. Néanmoins, par rapport au résultat de l’enquête de moralité, il trouvera quelques circonstances atténuantes à Boni Namboua. Ce dernier ne souffrant d’aucun trouble mental pouvant abolir le contrôle de ses actions au moment des faits, l’avocat général invitera alors la cour à le condamner à dix ans de réclusion criminelle.
Sans pour autant désavouer l’avocat général, le conseil de l’accusé, Me Aboubakar Baparapé expliquera que son client a agi sous l’effet de la colère. Il est revenu sur le témoignage du fils de la victime au motif que, « c’est de la bouche des enfants qu’on entend la vérité ».

« Cet aveux de l’enfant vient bouleverser les circonstances de la mort de N’Tcha Madougou, après un échange qui, on ne saurait savoir s’il a été pacifique ou viril », assure-t-il, en qualifiant l’enquête réalisée de biaisée. Il a ensuite dénoncé le manque d’humilité de la victime qui n’a pas cru devoir se rendre chez les propriétaires des bœufs placés sous sa garde, pour les informer de la disparition des trois bêtes. Par rapport à son client, il plaidera l’excuse de provocation au principal, en invitant la cour à ne pas retenir contre lui le crime d’homicide volontaire. Sortant du cadre du droit, il demandera le pardon de la cour, l’incitant à condamner son client en tenant compte du temps qu’il a déjà passé en prison.
A la délibération, la cour condamne Boni Namboua à dix ans de réclusion criminelle. Il restera en prison jusqu’à la fin de cette année.
Aux côtés du président Epiphane Yéyé, Francis E. Bodjrènou et Gildas W. Goundété ont joué les rôles d’assesseurs. Géry Akuéson était l’avocat général et Me François Nougbodohoué, le greffier. Me Aboubakar Baparapé a assuré la défense de l’accusé. Quant à Anselme Sossou, Bio Dancoré, Antoine N’Dah N’Tcha et Célestin Maféïrou Babahoum, ils étaient les jurés.